Paris (awp/afp) - S'affranchir de la dépendance de ses rivaux américains avec un "écosystème" maison: le géant chinois des télécoms Huawei accélère le développement de son propre système d'exploitation avec l'objectif de lancer le premier smartphone du groupe fonctionnant sous HarmonyOS courant 2021.

Android de Google et iOS d'Apple sont prévenus: Huawei est bien décidé à dynamiter le duopole 100% américain dans le marché des système d'exploitation mobile (OS), l'un des volets de la guerre technologique et commerciale entre la Chine et les États-Unis.

"Nous n'avons pas d'autre choix que de construire notre propre écosystème", a affirmé mardi à l'AFP Walter Ji, patron de Huawei en Europe, en marge de la présentation des nouveaux produits grand public à Paris.

Placé en mai 2019 sur une liste noire américaine pour l'empêcher d'acquérir des technologies "made in USA" indispensables à ses téléphones, le mastodonte chinois n'a plus accès à la version enrichie d'Android ni à ses applications embarquées telles que Google Maps, Gmail ou encore YouTube.

Les sanctions de l'administration de Donald Trump ont-elles accéléré le développement de son propre système d'exploitation? "Oui car au départ, nous avions prévu d'utiliser HarmonyOS pour les objets connectés et non les smartphones", explique M. Ji.

HarmonyOS, dévoilé l'an dernier, n'équipe pour le moment que certains des produits de la firme de Shenzhen (sud), notamment des téléviseurs connectés.

Mais il pourra permettre d'interconnecter les smartphones Huawei avec un écosystème d'objets connectés de la marque (écouteurs, montres, PC...) grâce à l'arrivée prochaine de la 5G.

D'autres fabricants ont déjà tenté de le lancer leur propre système d'exploitation mobile: BlackBerry tout d'abord, dès 1999 pour ses propres téléphones, emportés par l'émergence du smartphone; Microsoft ensuite, en 2010, qui équipera les appareils du finlandais Nokia, lequel avait également raté le virage du smartphone.

Deux expériences arrêtées en 2016 et 2017, qui ont refroidi les ardeurs des plus grands, à commencer par le sud-coréen Samsung.

A terme, HarmonyOS pourra-t-il être utilisé par d'autres fabricants de smartphones comme c'est le cas d'Android?

"Notre stratégie est claire, HarmonyOS est une plate-forme ouverte. Elle est peut être accessible à n'importe quel fabricant. De plus, elle est +open source+. Cela veut dire que si nous la développons, nous ne la contrôlons pas", explique Walter Ji.

Malgré les pressions de Washington, Huawei est devenu au deuxième trimestre le premier vendeur mondial de smartphones, détrônant Samsung.

afp/rp