Paris (awp/afp) - Un an après le rachat du canadien Bombardier Transport, le constructeur ferroviaire Alstom a annoncé sa volonté de recruter 7500 personnes dans le monde en 2022. Le plan doit permettre au géant français de répondre à la demande, avec la volonté de recruter des profils très qualifiés dans la technique et plus de femmes.

"L'entreprise a doublé de taille il y a un an, on est présents dans 70 pays et notre carnet de commandes est assez significatif donc on a des besoins partout dans le monde pour exécuter les contrats", a expliqué à l'AFP la directrice des ressources humaines (DRH) du groupe, Anne-Sophie Chauveau-Galas.

Le groupe, qui construit les rames TGV, celles du RER de Johannesburg, du métro parisien ou encore les tramways de Berlin, ainsi que des systèmes de signalisation, et assure leur maintenance, compte actuellement 72'000 salariés. Son carnet de commandes est au plus haut, avec 77,8 milliards d'euros au 31 décembre.

Alstom vise le recrutement de 6000 ingénieurs et managers ainsi que 1.500 ouvriers et techniciens. "On a besoin d'anticiper et de se préparer pour livrer nos clients en temps et en heure", a insisté Mme Chauveau-Galas.

Récemment, Alstom a par exemple décroché un contrat pour fournir 200 trains régionaux à la compagnie publique norvégienne Norske Tog pour 1,8 milliard d'euros ou encore 25 trains rapides à la compagnie de chemin de fer suédoise SJ (680 millions d'euros).

La société cherche à se renforcer sur tous les continents, en particulier en Europe où 3900 postes sont à pourvoir. Elle souhaite également embaucher 1700 personnes en Asie-Pacifique, 1500 en Amérique du Nord et du Sud et 400 en Afrique, Moyen-Orient et Asie centrale.

En France, où se situe le siège de la compagnie, Alstom vise 1000 recrutements et cherche notamment des profils spécialisés dans l'ingénierie mécanique et les systèmes, les services, mais aussi des soudeurs qualifiés pour ses sites de production. Une telle campagne de recrutement est "assez inédite pour nous", a souligné Anne-Sophie Chauveau-Galas.

Alstom veut "se positionner sur le marché du travail de manière très claire" pour attirer des profils très qualifiés, a-t-elle ajouté. "Il y a peut-être une image d'Epinal véhiculée où le ferroviaire est une vieille industrie alors qu'elle est hyper moderne", a insisté la DRH.

Recruter plus de femmes

Dans le monde, le constructeur veut recruter des chargés de projets et d'appels d'offre et des profils confirmés dans le domaine de la tech, comme des ingénieurs système ou des scientifiques spécialistes de données. Alors qu'il n'y a "pas suffisamment d'ingénieurs formés dans le monde" estime la DRH, Alstom veut se montrer attractif. "On doit mieux se faire connaître par rapport à l'aérien", souhaite-t-elle.

Mercredi, Airbus a aussi annoncé son intention de recruter 6.000 personnes dans le monde pour accompagner la remontée en cadence de sa production. Alstom veut en même temps féminiser son corps de cadres et d'ingénieurs. Actuellement, 23% seulement sont des femmes, une proportion qui doit passer à 28% d'ici 2025 selon la direction. Les 7500 recrutements permettront d'honorer les contrats, mais aussi de répondre aux défis du futur.

Outre le train à hydrogène, "on doit aussi contribuer à changer la physionomie des villes en ouvrant des tramways, des métros pour continuer à désengorger les centres urbains", a développé Mme Chauveau-Galas. Le constructeur a affiché jeudi des résultats solides pour son troisième trimestre en exercice décalé. Le chiffre d'affaire est en progression de 5,2% et la compagnie prévoit une croissance annuelle de son chiffre d'affaire de 5% en moyenne d'ici 2024-2025.

En Europe, le groupe entend parallèlement ajuster sa capacité de production en Allemagne où Bombardier Transport était très présent, en s'orientant davantage vers la signalisation et les services au détriment de la production de matériel roulant.

afp/vj