LONDRES, 8 février (Reuters) - Les bénéfices des grandes compagnies pétrolières ont plus que doublé en 2022 pour atteindre 219 milliards de dollars (204 milliards d'euros), pulvérisant les records précédents au cours d'une année marquée par la volatilité des prix de l'énergie et l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a remodelé les marchés mondiaux de l'énergie et, dans certains cas, les ambitions climatiques du secteur.

Les bénéfices cumulés ont permis à BP, Chevron , Equinor, Exxon Mobil, Shell et TotalEnergies de verser d'importants dividendes à leurs actionnaires, suscitant des protestations et des appels aux gouvernements pour qu'ils imposent des taxes exceptionnelles au secteur.

Equinor a annoncé mercredi un doublement de son bénéfice d'exploitation ajusté en 2022, à 74,9 milliards de dollars. Le groupe norvégien est devenu le plus grand fournisseur de gaz en Europe après que la société russe Gazprom a réduit ses livraisons dans le cadre du soutien de l'Occident à l'Ukraine.

La forte hausse des prix du pétrole et du gaz, la baisse du niveau d'endettement et la chute brutale de l'approvisionnement de l'Europe par la Russie ont également poussé les conseils d'administration à augmenter leurs dépenses dans la production de combustibles fossiles alors que les Etats ont cherché à sécuriser les approvisionnements.

Le directeur général de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a déclaré mercredi, après que la société française a annoncé des bénéfices records de 36,2 milliards de dollars, que la toile de fond mondiale restait très favorable, l'assouplissement des mesures sanitaires en Chine entraînant une hausse de la demande pour 2023.

Les entreprises européennes, qui ont présenté des plans visant à réduire ou à ralentir les investissements dans le pétrole et le gaz afin de diminuer les émissions de gaz à effet de serre, ont ajusté leurs stratégies.

"Nous avons besoin d'une énergie à faible teneur en carbone, mais aussi d'une énergie sûre et abordable", a déclaré le directeur général de BP Bernard Looney mardi.

Le titre BP a atteint son plus haut niveau en trois ans et demi mercredi, après un gain de 7,6% la veille, suite aux résultats et au changement de stratégie.

(Reportage Ron Bousso, version française Augustin Turpin, édité par Blandine Hénault)