La société d'investissement activiste Elliott Management pousse la société canadienne Suncor Energy Inc. à ajouter de nouveaux administrateurs au conseil d'administration, à remanier la direction et à entamer un examen stratégique, en faisant valoir que ses actions sont restées à la traîne alors que les prix du brut ont atteint des sommets sur plusieurs années.

La société américaine Elliott, qui détient 3,4 % de Suncor, a qualifié l'entreprise de leader dans l'industrie énergétique canadienne, mais a déclaré que son rendement avait diminué ces dernières années et a fait remarquer qu'elle était confrontée à des défis opérationnels et à des problèmes de sécurité. Douze employés et entrepreneurs sont morts dans des accidents mortels depuis 2014.

"Le statu quo de Suncor ne fonctionne pas", ont écrit John Pike, associé d'Elliott, et Mike Tomkins, gestionnaire de portefeuille, au conseil d'administration jeudi. "Notre objectif est de redonner à Suncor ce qu'elle a déjà été : le leader de l'industrie énergétique canadienne", indique la lettre.

La société a déclaré qu'elle étudiera les recommandations d'Elliott et qu'elle a hâte de s'engager avec la firme, mais elle a ajouté qu'elle est "confiante" dans sa stratégie et "continuera à l'exécuter".

Le cours de l'action de Suncor a bondi de 9,5 % à la suite de la nouvelle et est maintenant en hausse de 40 % depuis janvier. Ses rivaux Cenovus Energy et Canadian Natural Resources ont affiché des gains plus importants depuis janvier. Au cours des trois dernières années, le cours de l'action de Suncor a suivi Canadian Natural Resources de 137 % et ses pairs du secteur des sables bitumineux de 91 % en moyenne, selon Elliott. La société est évaluée à 52 milliards de dollars.

Elliott, qui investit 51,1 milliards de dollars d'actifs, a imputé les problèmes de Suncor à "une culture d'entreprise lente et trop bureaucratique" et a déclaré qu'elle pensait que le cours de l'action pourrait passer de 36,01 $ à 60 $, ce qui représenterait une augmentation de 50 % de la valeur pour les actionnaires.

La société d'investissement fait pression pour que Suncor ajoute cinq nouveaux administrateurs ayant une expertise dans l'industrie énergétique canadienne au conseil d'administration de 11 membres et pour augmenter le rendement du capital après les dépenses en capital et les dividendes à plus de 80 % du flux de trésorerie discrétionnaire, contre 50 % actuellement.

M. Elliott souhaite également une révision des cadres supérieurs afin de mettre en place la "bonne direction". Suncor a promu Mark Little au poste de directeur général en 2019 après le départ à la retraite de Steve Williams.

Elliott a lancé l'an dernier 17 campagnes marquant son année la plus active depuis 2018, selon les données de Lazard. Il a ciblé des entreprises telles que Twitter, Duke Energy, Citrix et Willis Towers Watson. (Reportage de Svea Herbst-Bayliss à Boston avec des reportages supplémentaires de Rithika Krishna à Bengaluru ; Montage d'Anil D'Silva et Chizu Nomiyama).