Paris (awp/afp) - Le groupement Les Mousquetaires (Intermarché, Netto, Bricomarché), poids lourd des grandes surfaces en France, a choisi "à l'unanimité" Thierry Cotillard comme président, son conseil d'administration insistant sur son "unité" après des mois marqués par des divergences internes sur la stratégie à suivre face à l'inflation.

"Notre conseil d'administration de la Société Les Mousquetaires s'est réuni ce jour au complet, sous la présidence de Didier Duhaupand, pour examiner les candidatures qui lui ont été soumises", a indiqué l'instance dirigeante de l'enseigne, dans un courrier interne de l'enseigne, révélé vendredi matin par LSA et que l'AFP a pu consulter.

Cette candidature doit encore être avalisée à l'occasion d'une assemblée générale qui se tiendra le 24 janvier 2023, précise l'enseigne basée à Bondoufle (Essonne).

"C'est à l'unanimité que notre Conseil d'administration proposera à la présidence du groupement (...) la candidature de Thierry Cotillard", écrit le conseil d'administration, qui se dit engagé "au service de notre unité, de la pérennité et de la prospérité de nos entreprises".

Plusieurs courants internes

Le médiatique Thierry Cotillard, 48 ans, patron de magasins Intermarchés en région parisienne notamment à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) et qui avait déjà été président de la principale entité du groupement, sa branche alimentaire, entre 2015 et 2020, doit succéder à Didier Duhaupand.

Ce dernier, plus âgé (65 ans) et patron de magasins notamment dans les Hauts-de-France, avait décidé mi-octobre de "mettre un terme à son mandat", qui courait jusqu'à mi-2024. Il était depuis juin 2016 aux manettes du groupement présent également au Portugal, en Belgique et en Pologne, et qui a revendiqué pour l'année écoulée des ventes de 45,3 milliards d'euros en incluant le carburant.

Selon plusieurs sources, les deux hommes représentent deux courants internes au sein de cette enseigne créée en 1969 par des dissidents d'un autre groupement d'indépendants, E.Leclerc, et historiquement marquée par les "révolutions de palais", selon l'expression du spécialiste du secteur Olivier Dauvers.

D'un côté, ceux qui comme Didier Duhaupand ont plutôt l'oeil rivé sur le positionnement prix et regardent vers le discount; de l'autre, des patrons plus attentifs à l'image de l'enseigne et qui n'hésitent pas à regarder ce que font des concurrents plus chers.

Didier Duhaupand avait par exemple déclaré début octobre vouloir revenir à des "coûts de distribution le plus discount possible".

Troisième distributeur alimentaire en France derrière E.Leclerc et Carrefour, Intermarché accusait ces derniers mois des pertes de parts de marché selon le panéliste Kantar, qui fait référence.

Contexte inflationniste

Le contexte inflationniste est délicat à négocier pour les distributeurs, qui se livrent à une concurrence féroce sur les prix pour conquérir ou retenir des clients préoccupés par leur pouvoir d'achat.

Lors du dernier pointage en début de semaine, les parts de marché du groupe étaient de retour légèrement dans le vert.

Au delà de la stratégie, c'est selon plusieurs connaisseurs du secteur la décision de Didier Duhaupand d'écarter successivement deux cadres de la branche alimentaire du groupe, le directeur général Claude Genetay et le successeur de Thierry Cotillard à la présidence, Vincent Bronsard, qui avait mis le feu aux poudres.

Pour le directeur de la rédaction du média spécialisé LSA, Yves Puget, le conseil d'administration joue avec Thierry Cotillard "la carte de l'unité en choisissant celui qui est le plus à même de fédérer quelque 3000 adhérents". "De quoi apaiser bien des tensions", observe-t-il vendredi, même s'il faut encore attendre de connaître l'orientation que le dirigeant entend donner au groupement.

Se pose également la question de la présidence de la fédération patronale Perifem, qui rassemble les grandes enseignes de la distribution alimentaire (Intermarché, E.Leclerc, Système U, Carrefour, Auchan ou Casino...) sur les sujets énergétiques ou environnementaux.

Sous la houlette de Thierry Cotillard, elle avait impulsé un plan de "sobriété énergétique" dans la distribution alimentaire, copiée ensuite par d'autres branches du commerce. Il n'est pas certain qu'il puisse cumuler les deux casquettes.

afp/buc