PARIS (awp/afp) - Essor des ventes en ligne, modification des gammes proposées... A l'automne 2020, les traditionnelles foires aux vins avaient dû s'adapter à la situation sanitaire, et les évolutions semblent se confirmer cette année, selon différents acteurs interrogés par l'AFP.

La période septembre-octobre reste un temps fort de l'achat de vin par les particuliers. Mais les foires aux vins, imaginées par la grande distribution dans les années 1970, sont sur une pente déclinante ces dernières années, notamment en raison de la concurrence de la bière.

Même en 2020, alors que les bars et restaurants avaient été fermés une partie de l'année en raison du Covid-19, conduisant les Français à consommer plus chez eux, les ventes pendant cette période avaient souffert. Le chiffre d'affaires du 24 août au 11 octobre avait ainsi baissé de 1,3% par rapport à 2019, selon le cabinet NielsenIQ, s'établissant à quelque 904 millions d'euros.

"Les vins abordables ont eu du succès" l'an passé, tandis que les grands crus classés, plutôt inaccessibles, ont été davantage délaissés, selon Jérôme Baudouin, rédacteur en chef de la Revue des vins de France. "Avant, une enseigne brillait avec des grands crus classés. Aujourd'hui, des vins au-dessus de 30 euros en foire aux vins, cela devient marginal".

Vins prêts à boire

En 2021, "on retrouve les mêmes tendances que l'an dernier mais amplifiées", poursuit ce spécialiste. Les distributeurs mettent en avant des "vins plus abordables", des "vins prêts à boire, jeunes", venant d'appellations diversifiées (vallée de la Loire, Languedoc, Beaujolais, Alsace...).

Car le bordeaux n'est plus la star de ces foires. "La place bordelaise représentait 50% de l'offre des foires aux vins il y a 15 ans, contre moins de 30% aujourd'hui", selon lui.

"Il y a toujours quelques passionnés qui vont acheter uniquement pour la garde mais c'est de plus en plus rare", relève Michel Biero, directeur exécutif achats pour Lidl France. Dans cette enseigne la foire aux vins de septembre - il y en a trois autres dans l'année -, représente "plusieurs dizaines de millions de bouteilles vendues".

Carrefour organise lui aussi quatre foires par an, pour adapter son offre à la saison (les rosés par exemple sont mis en avant l'été). L'ensemble de ces événements représente près de 15% du chiffre d'affaires annuel Vins, précise Audrey Sonnendrecker, directrice Vins du groupe.

Dans la majorité des cas, "le consommateur achète les bouteilles pour les consommer" sans attendre, avec une appétence de plus en plus marquée pour "plus de naturalité", pour des vins bio, nature ou à "haute valeur environnementale" (HVE), souligne Michel Biero.

"Une histoire à raconter"

Les foires aux vins ne sont plus depuis longtemps l'apanage des supermarchés. Les cavistes s'y sont mis aussi, comme l'ensemble des canaux de distribution.

Au sein du groupe Carrefour, les ventes en ligne représentent "près de 7% du chiffre d'affaires de la foire aux vins toutes enseignes confondues", note Audrey Sonnendrecker.

Le Petit Ballon, dont la formule d'abonnement a longtemps été le coeur de métier, "vend de plus en plus via l'e-commerce et ses deux boutiques" parisiennes, explique Martin Ohannessian, son cofondateur. C'est aujourd'hui la moitié de son activité.

Le site a fait le "pari" de proposer une offre succincte, avec un "ADN" marqué, celui de "vins avec des vignerons qui respectent la terre, le terroir, qui ont une histoire à raconter".

Toutefois, le site "ressent un petit plateau qu'on n'a pas normalement en septembre", ajoute son cofondateur. "On a le sentiment que les gens sont un peu moins à l'affût des bonnes affaires et ont davantage envie de sortir, plutôt que de consommer à la maison comme ils l'ont beaucoup fait depuis le début de la période Covid".

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