Paris (awp/afp) - Quatre distributeurs européens se sont engagés à réduire pendant cinq ans leurs achats en commun destinés à leurs produits de marques distributeurs, qui risquaient de fragiliser les petits producteurs, notamment sur le lait, les oeufs et la charcuterie, a annoncé jeudi l'Autorité de la concurrence.

Le régulateur français a "accepté" dans le cadre d'une procédure négociée, les engagements proposés par Casino, Metro, Auchan et son franchisé Schiever, afin de "répondre aux risques d'atteinte à la concurrence" que présentait leur accord de coopération sur les produits à marques de distributeurs, précise un communiqué.

Ces groupes vont cesser leurs achats via leur centrale d'achat commune "Horizon" créée en 2018, sur "six catégories de produits agricoles ou issus de secteurs connaissant des difficultés économiques", à savoir le lait frais et à conservation longue durée, le cidre, les oeufs, la charcuterie cuite vendue en libre service ainsi que les "lardons, allumettes, chiffonnades de jambons cuits ou jambons sec".

Pour le lait et les oeufs, des contrats "de filière" associant producteurs, industriels et distributeurs ne dépassant pas 5% du volume des ventes des produits concernés, pourront toutefois être passés.

Casino, Auchan, Metro et Schiever doivent aussi cesser de passer des commandes en commun pour 27 autres "sous-catégories de familles" de produits telles que les conserves de poissons et de viandes, le poisson pané surgelé, les viandes et volailles surgelées, les apéritifs et les digestifs.

Pour 12 familles de produits, les volumes d'achat en commun ne devront pas dépasser 15%: il s'agit des pommes de terre, des farines, des sucres, des sirops ou des conserves de légumes notamment.

Le gendarme de la concurrence craignait que les accords conclus entre les quatre groupes pour leurs marques distributeurs ne diminuent la concurrence entre eux, en amenant à "homogénéiser" ces produits.

Il craignait aussi que les conditions contractuelles déjà "généralement défavorables aux fournisseurs", des PME et TPE "exposées à un changement brutal des conditions de commercialisation de leurs produits", ne se dégradent davantage.

Cette décision est la première que rend l'Autorité dans le nouveau cadre fixé par la loi Alimentation (Egalim) du 30 octobre 2018, qui lui permet de suspendre les accords à l'achat s'ils occasionnent des atteintes à la concurrence.

afp/buc