Paris (awp/afp) - Renforcer le commerce en ligne, développer les petites surfaces et poursuivre son désendettement: le distributeur français Casino a expliqué jeudi vouloir poursuivre l'amélioration de sa situation financière en 2021, après une année 2020 très particulière.

Contrairement au grand rival Carrefour, Casino ne proposera pas lors de son assemblée générale de verser un dividende à ses actionnaires au titre de 2020, "compte tenu de la priorité donnée au plan de désendettement".

Le groupe aux multiples enseignes (Casino, Géant, Franprix, Monoprix, Naturalia, Vival) a pourtant annoncé des ventes annuelles en forte hausse à nombre de magasins comparables (+8% à 31,9 milliards d'euros, un niveau à peu près conforme aux attentes des analystes sondés par Bloomberg et Factset).

L'année précédente, son chiffre d'affaires avait été de 34,6 milliards d'euros, mais avec un parc de magasins plus vaste. Le groupe a aussi été pénalisé par de l'hyperinflation et une évolution négative des taux de changes, notamment en Amérique Latine.

La dette nette du groupe n'a que peu baissé en 2020, à 3,9 milliards d'euros à fin décembre contre 4,1 milliards un an plus tôt. Les analystes du cabinet AlphaValue ont souligné dans une note jeudi que ce niveau de dette "restait suffisamment haut pour déstabiliser les investisseurs".

Le groupe originaire de Saint-Étienne, qui compte près de 70.000 salariés en France et 220.000 dans le monde, a en outre réduit sa perte nette de 886 millions d'euros, après 1,4 milliard en 2019.

Si le groupe était toujours dans le rouge en 2010, c'est en raison notamment de "charges exceptionnelles comptables dans le cadre de la transformation du groupe", et de dépréciations d'actifs dans la foulée de la cession de Leader Price à Aldi en novembre, a-t-il précisé.

Cette dernière, qui lui a permis d'encaisser 648 millions d'euros, entre dans le cadre de sa politique de cession "d'actifs non stratégiques" visant à réduire son endettement.

Proximité et e-commerce

Casino a cédé pour 2,8 milliards d'euros d'actifs depuis juillet 2018 et conserve son objectif de cession de 4,5 milliards d'euros, mais n'a pas précisé à quelle échéance. Avant le déclenchement de l'épidémie de Covid-19, elle était fixée en mars 2021, mais le groupe avait indiqué en octobre dernier ne "pas la confirmer".

Lors d'une conférence téléphonique avec des analystes financiers, le patron du groupe Jean-Charles Naouri, s'est dit "confiant" dans la capacité à atteindre ces cessions, ses actifs étant désormais "tous rentables ou très rentables".

AlphaValue observe que Casino a publié un excédent brut d'exploitation (Ebitda) largement supérieur aux attentes des analystes. Le groupe revendique en outre un résultat opérationnel courant (ROC), indice clé de la distribution, de 1,43 milliard d'euros (1,3 milliard en 2019).

"Nous avons vraiment assaini la situation et sommes bien armés pour repartir fortement en croissance", a déclaré jeudi matin le directeur financier de l'entreprise David Lubek.

Casino table pour 2021 sur une "nette amélioration" de la rentabilité, selon son communiqué.

Il entend aussi ouvrir 300 magasins cette année, surtout de proximité urbaine, périurbaine et rurale.

Il entend aussi "accélérer sur l'e-commerce" alimentaire, "sur des modèles structurellement rentables". Il évoque notamment le déploiement de solutions de "click and collect" et de livraison à domicile, "l'extension du partenariat avec Amazon à Lyon et Bordeaux en plus de Paris et Nice", et la "montée en puissance" de l'entrepôt lancé en région parisienne et "automatisé par la technologie" du Britannique Ocado.

Le cours de l'action Casino était quasi stable jeudi peu après 14H00 (+0,04% à 28,01 euros), dans un marché évoluant autour de l'équilibre (CAC 40: +0,06%).

afp/rp