Ajoute à l'avant-dernier paragraphe la création d'une association d'investisseurs mécontents

PARIS (awp/afp) - Le spécialisé Biocoop, le géant de la distribution Carrefour ou le groupe familial Zouari? Tous ont promis de reprendre une large part du millier de salariés de Bio C'Bon, mais un seul d'entre eux devrait être désigné repreneur par le tribunal de commerce de Paris, lundi.

Après l'audience d'examen des offres de reprise du distributeur spécialisé mi-octobre devant le tribunal de commerce de Paris, rendez-vous avait été fixé par les différents protagonistes au lundi 2 novembre, date de rendu du jugement.

Pour départager les offres, le tribunal devra déterminer qui sera le mieux à même d'assurer la pérennité de l'entreprise, qui préservera l'emploi sur la meilleure période et qui permettra le meilleur apurement du passif, c'est-à-dire le remboursement des divers créanciers.

Sur le plan de l'emploi, trois entités offrent une très large reprise des effectifs. Biocoop, associé à un autre spécialiste du bio, Marcel&Fils, prévoit la reprise de 104 magasins sur les 120 que compte Bio C'Bon, mais "100% des salariés, dans les magasins, à la logistique ou au siège", soit 1.021 personnes (effectifs au 30 septembre 2020).

Désireux de préserver un "réseau bio spécialisé" des appétits de la "grande distribution", il a en outre "augmenté substantiellement" le montant de son offre, à 17,5 millions d'euros.

Cette donnée, le "prix de cession", est importante car elle permet notamment d'apurer le passif de Bio C'Bon, qu'un des repreneurs potentiels évalue à 240 millions d'euros.

Interrogé sur le fait que le prix proposé par Biocoop reste inférieur à celui proposé par Carrefour (60 millions d'euros), son président Pierrick De Ronne a répondu que "la durabilité de l'emploi et le maintien de l'activité pouvaient être prépondérants" dans le choix du tribunal. "Le volet financier ne sera pas le seul volet de décision, en tout cas on le souhaite et on l'espère", a-t-il ajouté.

"Expansion trop rapide"

Outre ces 60 millions d'euros de prix de cession, Carrefour annonce plus de 40 millions d'euros d'investissements et s'appuie sur l'expertise de son "monsieur Bio" Benoît Soury, ancien dirigeant de La Vie claire, pour défendre un projet de reprise large, 107 points de vente et au total 1.009 salariés repris ou reclassés.

Enfin, le groupe Zouari, franchisé du groupe Casino et actionnaire des surgelés Picard, chiffre le prix de cession global à 10 millions d'euros et prévoit de reprendre 120 magasins, soit 100% du parc, "100% du personnel des magasins" et "100% du personnel de la logistique et l'ensemble du personnel administratif".

Ce groupe familial s'appuie lui aussi sur un bon connaisseur de l'écosystème bio, l'ancien directeur général de Biocoop Gilles Piquet-Pellorce, et promet "70 millions d'euros" d'investissements, "sur fonds propres", notamment pour la rénovation des magasins.

Dernier candidat notable, le distributeur alimentaire de la galaxie Mulliez Auchan a déposé une offre portant sur 57 magasins et 318 emplois, notamment en Ile-de-France (38 magasins, 220 emplois).

Parallèlement à la procédure de reprise de l'enseigne, des investisseurs menacent d'exiger en justice de se faire indemniser. Près de 3.000 d'entre eux, qui ont investi jusqu'à 200.000 euros dans le développement du groupe, se sont réunis dans une association "C'Pabon".

Bio C'Bon a souffert à la suite des mouvements sociaux qui ont affecté les centres-villes entre fin 2019 et début 2020, puis de l'épidémie de Covid-19. L'enseigne spécialisée du groupe Casino Naturalia, un temps candidate à une reprise large avant de proposer de ne reprendre qu'une dizaine de magasins, avait en outre diagnostiqué une "expansion trop rapide et non maîtrisée".

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