Toutes voiles dehors, Catana Group surfe sur son concept innovant et éprouvé de catamarans Bali. Fort d’une gamme renouvelée au moment d’aborder une saison des salons nautiques qui s’achèvera en avril, le groupe surfe sur la croissance du marché des multicoques. Un marché porté à la fois par la reprise économique mondiale et la recherche d’évasion du quotidien de la part d’une clientèle qui ne souhaite plus attendre pour profiter de l’épargne qu’elle a accumulé. Dans ce contexte, le Groupe a vu son carnet de commandes multiplié par 5 en l’espace d’un an, à plus de 400 M€ soit près de 700 bateaux. Catana Group vient de publier un CA de 29,74 M€ au titre de son premier trimestre, soit une hausse de 64,4%. De quoi conforter ses projections annuelles de 160 M€ de CA en 21/22 et 240 M€ en 22/23. Le titre a bien réagi, progressant de 7.4% dans un marché en berne.

David Etien, comment expliquez-vous le succès phénoménal de votre gamme Bali ?

" Le lancement de la gamme Bali a commencé il y a 8 ans en misant sur des innovations qui augmentent la surface habitable et son confort comme la grande porte oscillo-battante et le cockpit rigide à l’avant, ou qui améliorent l’autonomie du bateau en eau et en carburant. Dès le début de la crise sanitaire, alors que le carnet de commandes des loueurs fondait, Olivier Poncin a décidé d’accélérer le renouvellement et l’élargissement de la gamme. Nous en récoltons aujourd’hui d’autant plus de fruits que disposant de suffisamment de recul sur les premiers modèles, la fiabilité de nos solutions différenciantes et la valeur de revente de nos bateaux sur le marché de l’occasion n’est plus à démontrer. Notre forte croissance dans les prochaines années est aujourd’hui garantie et notre croissance uniquement limitée par nos capacités de productions qui ne peuvent croître qu’à un rythme raisonnable. Nous espérons livrer 280 bateaux cette année, contre 180 sur l’exercice précédent. Nos clients se positionnent actuellement sur l’exercice 2023/24."

ambiance bali catana
Ambiance à bord d’un catamaran Bali… (source : site société) 

Quel est le poids de la clientèle de loueurs dans le carnet de commandes ? Qui est Catalogic qui a représenté 20% de votre CA 2020/2021 ?

" Historiquement, avant la crise sanitaire, notre carnet de commande était constitué pour deux tiers par des loueurs. Il y a un an, nous étions redescendus à environ un tiers. Malgré le retour des commandes des loueurs, la répartition loueurs/particuliers demeure inchangée. Catalogic est notre agent sur le marché turc. Sa clientèle est essentiellement constituée de particuliers turques, et potentiellement de petits loueurs. "

Une ligne de production de catamarans (source : rapport financier Catana Group)

Où en êtes-vous de votre réflexion sur la stratégie d’augmentation des capacités de production ?

" Nous disposons aujourd’hui de trois sites de production relativement autonomes puisque notre chantier tunisien est consacré aux petits bateaux, moins margés, notre usine de Marans aux bateaux de taille moyenne et enfin Canet-en-Roussillon aux plus grands catamarans. Avec les surfaces actuelles, nous estimons pouvoir passer, moyennant un effectif supplémentaire de 350 à 400 personnes, de 280 bateaux cette année à 600 bateaux d’ici quelques années. Pour autant, nous n’excluons pas de doter l’entreprise d’un site supplémentaire si cela nous permettrait d’aller plus vite. Par ailleurs, nous avons décidé d’approcher de manière spécifique le bateau moteur. Le créneau des catamarans motor yachts est appelé à croitre fortement et idéalement il nous faudrait un outil qui y soit totalement dédié en termes de conception et de fabrication."

Site de Canet-Roussillon (source : rapport financier de Catana )  

Disposez-vous encore d’un réservoir conséquent de gains de productivité ?

" Plus nos volumes augmentent, plus les cadences sont soutenues et plus les gains de productivité sont possibles. Si tout se passe bien, nous devrions pouvoir approcher le seuil des 20% de marge opérationnelle l’année prochaine, à comparer à 13.8% l’année dernière. Cependant, la prudence s’impose à court terme car les pénuries sur certains équipements désorganisent notre production au quotidien et génèrent des surcouts. Cela étant, aucune chaîne de production n’est arrêtée et nous sommes très confiants pour livrer les volumes planifiés cette année tout en améliorant la rentabilité."

Catana Group dispose d’une trésorerie nette de dettes importante et n’aura pas besoin de réaliser des investissements significatifs dans son outil pour passer à 600 bateaux annuels. Le conseil d’administration va prochainement proposer la reprise de versement d’un dividende. La question de la maîtrise des coûts et des délais d’approvisionnement ne plaide-t-elle pas pour une meilleure intégration amont de la chaîne de production ?

" Cela fait effectivement partie des questions que nous nous posons, à savoir intégrer de nouveaux métiers comme nous l’avons fait avec succès dans la menuiserie bois il y a deux et/ou aligner notre périmètre juridique sur notre périmètre économique en prenant le contrôle sur le capital de notre sous-traitant historique de Marans et en montant de 50 à 100% au capital de la société Haco qui détient notre usine tunisienne. Mais rien n’est encore décidé et si cela devait se faire dans les prochaines années, la décision serait soumise à l’approbation des actionnaire réunis en Assemblée Générale. Pour revenir sur votre point sur les coûts de production, les hausses de prix de nos fournitures, qui vont de 10 à 30%, impliquent si elles devaient être totalement répercutées, une hausse de 8 à 10% de nos prix de vente. Nous avons à ce stade fait passer des hausses de 5 à 9% selon les bateaux. "

Source : rapport annuel Catana Group 2020/2021