Vendredi 17
septembre
Le point hebdo de l'investisseur
intro La macro décevante en provenance de Chine, les déboires du géant China Evergrande, les données mitigées aux Etats-Unis et la persistance des craintes sanitaires, accentuent peu à peu le manque de visibilité des intervenants. Ces nombreuses incertitudes ont engendré des mouvements erratiques sur les places financières cette semaine mais le bilan apparaît globalement négatif pour bon nombre d'indices.
Indices

Sur la semaine écoulée, en Asie, le Nikkei a marqué une pause (+0.4%), après avoir engrangé près de 10% sur les quinze jours précédents. Le Hang Seng a reperdu 5% et le Shanghai Composite 2.4%.

En Europe, le CAC40 cède 1.40% sur les cinq derniers jours, le Footsie cède 1.21% et le Dax cède 0,77%. Pour les pays périphériques de la zone euro, l'Italie s'adjuge 0.09%, l'Espagne 0.75% et le Portugal perd 0.71%.

A l'heure de la rédaction de ce point hebdomadaire, aux Etats-Unis, le Dow Jones enregistre une perte hebdomadaire de 0.5%, le S&P500 de 0.6% et le Nasdaq100 cède 0.5%.
Matières premières

La semaine a été pour le moins agitée du côté des matières premières au sens large. En premier lieu, le marché de l'énergie s'est réveillé, propulsant le Brent au-dessus des 76 USD et le WTI autour de 73 USD. Si les deux références ont consolidé depuis, elles restent entourées depuis que les stocks pétroliers américains ont piqué du nez de façon un peu inattendue. Un pic qui n'est pas étranger non plus à la brutale flambée des prix de l'électricité en Europe, alimentée par une faible production gazière russe. Une situation que les investisseurs surveillent de près depuis que plusieurs industriels, dont BASF, ont prévenu que cela ne serait pas sans conséquences sur leurs résultats.

L'or a subi le renforcement du dollar en perdant plus de 2% en moins d'une semaine, une variation importante sur ce marché. L'once se négocie 1765 USD alors qu'elle dépassait légèrement 1800 USD mardi. Même punition pour l'argent, dont l'once est passée de 23,84 à 22,90 USD.

Les métaux industriels ont enregistré une semaine plutôt neutre en surface, mais certains compartiments ont souffert, à l'image des cours du minerai de fer. En effet, Pékin envisagerait de durcir sa réglementation en matière d'obligations environnementales alors que des régions entières ne respectent pas leurs engagements. Des annonces qui ont pesé sur les industriels électro-intensifs, comme les aciéristes, faisant craindre une demande moins élevée que prévu. Le palladium a encore souffert en début de semaine, avant de se reprendre modestement par la suite.

Le décollage des cours du gaz naturel est bien visible depuis quelques jours

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Marchés actions

Dans l'univers bancaire français coté, Rothschild se distingue par son positionnement de spécialiste de la banque d'affaires et de la gestion d'actifs. Et pas n'importe quel spécialiste, puisque l'établissement fait partie du gotha mondial. Saviez-vous qu'elle occupe le 8e rang mondial pour les revenus issus du conseil en opérations financières ? Et même la 2e position en nombre de transactions, entre Goldman Sachs et Morgan Stanley.

Nous l'avions récemment intégrée dans une liste de trois valeurs moyennes avec une incroyable position concurrentielle, le "MOAT" cher à Warren Buffett, dont nous réutilisons ici quelques lignes. La banque est notoirement prudente dans sa stratégie et dispose d'un gros actionnariat familial, dont 35,4% entre les mains du holding Rothschild Concordia. Le dossier est peu valorisé, à l'image du secteur, mais il serait aberrant de le comparer à l'une des grandes banques généralistes européennes, compte tenu de ses spécificités. En outre, la trajectoire de résultats est haussière après une année 2020 forcément plus compliquée mais qui n'a pas entamé la dynamique du groupe.

La preuve avec les performances du 1er semestre, annoncées en milieu de semaine. Rothschild a amélioré ses revenus de 61% à mi-exercice, à 1,35 Md€, pour un bénéfice net de 452 M€, multiplié par 3,7. Le tout pour un PER de moins de 8 fois l'exercice en cours. La dynamique est appelée à ralentir en 2022, après un millésime exceptionnel, mais la position de la banque et sa renommée en font un acteur de grande qualité, toujours décoté par rapport à ses comparables.

Rothschild a son plus haut depuis le debut de l'année

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Macroéconomie

Le creux entre les publications de résultats d'entreprises des 2e et 3e trimestres a permis de faire revenir la macroéconomie sur le devant de la scène. En réalité, elle n'avait guère besoin de ce coup de pouce pour faire parler d'elle. Les dernières statistiques ont fait couler pas mal d'encre. D'un côté, l'économie chinoise patine. Les indicateurs PMI publiés précédemment l'avaient déjà bien fait comprendre. La publication de ventes de détail très inférieures aux prévisions pour août l'ont confirmé. A force de multiplier les mesures coercitives contre les entreprises qui s'éloignent trop de la ligne du parti, Pékin provoque des dégâts sur sa propre économie. En parallèle, la débâcle financière du promoteur China Evergrande inquiète les marchés internationaux et fait monter la prime de risque locale. A l'inverse, les Etats-Unis ont produit des statistiques robustes cette semaine, alors que les précédents indicateurs faisaient craindre le contraire. L'inflation est moins élevée que prévu, la consommation plus dynamique et les perspectives industrielles solides. De quoi brouiller un peu plus les cartes à moins d'une semaine de la réunion de rentrée de la Fed.

La série inattendue d'indicateurs positifs aux Etats-Unis a profité au dollar cette semaine. Il a mis un nouveau tour de vis à l'euro, qui recule sous 1,18 USD. Sur le marché de la dette souveraine, les taux européens sont orientés à la hausse. Jeudi, le Financial Times a révélé que les modèles non-publics de la Banque centrale européenne pointaient vers une hausse de taux plus rapide que prévu dans la zone euro. Une information que la BCE s'est employée à rapidement démentir mais qui a fait légèrement décaler la rémunération des dettes européennes. Le Bund est ainsi passé à -0,29%, son plus haut niveau depuis mi-juillet et l'OAT à +0,04%. Le rendement des GITS britanniques (0,82%) reste au-dessus de celui de la Grèce (0,78%) et du BTP italien (0,73%).

Au programme la semaine prochaine, une alléchante réunion de rentrée de la Fed (verdict le mercredi 22), ainsi que les indicateurs PMI Flash de septembre pour les grandes économies (le jeudi 23) et l'indice Ifo du moral des affaires en Allemagne (vendredi 24).

Une nette surperformance pour Rothschild depuis début 2020

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La folie des grandeurs ou l'avare ?

Le Nikkei se redresse, la Hang Seng chute, le Stoxx latéralise dans le sillage de son grand frère américain, le S&P 500. La dichotomie des forces qui tiraillent les indices de la planète se ressent graduellement au fur et mesure que la date de la prochaine conférence de la Fed se rapproche.
Ce grand événement de la rentrée, mercredi prochain pour être exact, portera sur la décision par le FOMC, le comité décisionnaire de la banque centrale, d'annoncer ou d'opérer des changements dans son soutien économique. La croissance retrouvée pourrait entraîner une politique monétaire moins accommodante qu'à présent, une décision potentiellement contraignante pour les opérateurs mais marqueur d'une économie plus vigoureuse. Reste à savoir quel rôle la Fed veut continuer à jouer.