Nous avons souhaité revenir avec Pierre Cesarini sur les annonces estivales de Claranova, le spécialiste des solutions freemium B2C. Très connu des investisseurs individuels qui détiennent plus de 80% du capital, la société a fait part en plein mois d’août de son activité annuelle ainsi que des évolutions capitalistiques importantes. Des nouvelles qui n’ont eu que peu d’échos sur ce titre habituellement très volatile.

Pierre Cesarini, Claranova a annoncé un chiffre d’affaires annuel de 472 M€, en hausse de 21% à taux constants, dont 14% de croissance organique, ainsi que la perspective d’un quasi-doublement du ROC normalisé sur l’exercice clos au 30 juin 2021. Les investisseurs semblent avoir surtout retenu le ralentissement de la croissance avec la baisse de 5% du CA en organique sur le dernier trimestre… La croissance est-elle repartie depuis ?

"Nous avons en effet mis fin à une série de 17 trimestres de croissance organique consécutive, mais les circonstances étaient particulières au 4ème trimestre de l’exercice 2020-2021 (NDLR : avril-juin 2021). Le dernier trimestre intègre un effet de base défavorable car nous avions profité l’an passé d’un fort regain d’activité durant la première période de confinement stricte de 2020 marquée par une forte augmentation de la consommation en ligne. Elle reflète parallèlement une baisse de cette consommation depuis le début de l’été 2021 suite à la levée progressive des mesures de confinement dans les principaux pays d’implantation du Groupe. Je dirais pour prendre un peu de hauteur que la croissance, certes ralentie sur le dernier trimestre de l’exercice, est restée importante chez Claranova avec un chiffre d’affaires annuel qui aura progressé de plus de 20% à taux de change constants. Dans le contexte sanitaire actuel, le Groupe s’est par ailleurs focalisé sur l’amélioration de sa rentabilité qui s’est très fortement améliorée sur l’exercice puisque nous attendons un quasi-doublement de notre EBITDA cette année. Sur l’exercice 2021-2022 en cours, je ne peux pas vous donner à ce stade aucuns chiffres précis. L’effet déconfinement s’est poursuivi durant l’été mais nous anticipons un retour progressif à la normale et à une croissance plus soutenue au cours du premier semestre (NDLR : juillet – décembre 2021).

Le Groupe a également levé des fonds pour racheter des intérêts minoritaires d’Avanquest. Qu’attendez-vous de cette opération d’ingénierie financière quelque peu complexe mêlant actions, titres hybrides et dettes non bancaires ?

"Nous souhaitions réduire les intérêts minoritaires présents au niveau de nos filiales afin de simplifier l’actionnariat du Groupe et profiter d’une hausse du résultat net par action à moyen terme. Le financement de cette opération a été l’occasion de faire entrer au capital des actionnaires de référence et de long terme, une première dans la jeune histoire de Claranova. Il s’agissait d’une nécessite à nos yeux afin notamment de réduire la volatilité du cours de bourse qui pénalise la valorisation de nos actifs, aujourd’hui encore peu reconnue. Le recours à l’émission d’obligations convertibles permet de limiter significativement la dilution des actionnaires existants compte tenu d’une prime de conversion de 86% (N.D.L.R. cours de conversion de 13€ à comparer à un cours de l’action autour de 7€ actuellement). Les nouveaux actionnaires sont des fonds anglosaxons importants qui ont travaillé plusieurs mois sur notre dossier et qui s’inscrivent de fait dans la durée, avec un horizon de l’ordre de 5 ans au regard de la durée de vie du financement hybride mis en place."

Quel impact peut-on attendre de cette double opération sur le bénéfice par action du Groupe ?

"S’il n’y aura en réalité aucun changement de contrôle au niveau d’Avanquest, que nous contrôlons déjà malgré notre participation de 36% (NDLR : Claranova disposant d’ores et déjà du pouvoir de décision au conseil d’administration d’Avanquest), ni de changement sur le plan opérationnel, nous allons désormais pouvoir remonter 100% des bénéfices réalisés par la division. Il s’agit d’une opération que nous voulions faire depuis deux ans mais qui avait été repoussé faute de quorum en Assemblée dans un premier temps, puis retardé ensuite par la crise sanitaire. L’opération de rachat se fait à prix intéressant au regard des comparables de marché, avec un financement mixant cash et actions pour limiter la dilution et améliorer le bénéfice par action, sans que je puisse vous le quantifier à ce stade, dans l’attente de finalisation de l’opération."

Envisagez-vous d’autres opérations capitalistiques ou changements de périmètre pour l’exercice en cours ?

"Les acquisitions font partie de la stratégie de Claranova depuis le départ. Nous avons réalisé une dizaine d’opérations en 5 ans, combinée à une forte croissance organique. Nous en réaliserons d’autres, dès cette année, ayant en permanence 3 à 4 dossiers sur la table, sur nos deux principaux pôles d’activité PlanetArt et Avanquest. Nous recevons beaucoup de propositions mais nous sommes très sélectifs en termes de prix et de qualité. Le financement pourra se faire en titres ou en cash. Nous serons également attentifs aux éventuelles opportunités de valoriser Avanquest ou PlanetArt par le biais d’une cession ou introduction en Bourse compte tenu de la valorisation enviable de nos comparables boursiers. Chacune de nos trois sociétés vit sa vie indépendamment des autres, chacune ayant un profil bien particulier : Avanquest est mature et profitable, PlanetArt est une activité en forte croissance et myDevices évolue dans un secteur technologique émergent à fort potentiel."

Vous avez à l’occasion rappelé votre ambition d’atteindre 700 M€ de CA pour une rentabilité opérationnelle supérieure à 10% à l’horizon 2023. L’échéance approche. Peut-on tabler sur l’atteinte de ces objectifs dès l’exercice 2022/23 ou bien s’agit-il d’objectifs annualisés au 31/12/23 ?

"Il s’agit bien d’objectifs à atteindre sur l’année fiscale 2022/2023 qui se terminera donc en juin 2023."

Depuis sa résurrection en 2017/2018, Claranova a du mal à convaincre les gérants de valeurs moyennes (malgré 5 recommandations positives de la part des 5 analystes qui la couvrent - 3 consultables ici)