Zurich (awp) - Le groupe de luxe Richemont a enregistré des résultats annuels en nette progression, mais la rentabilité opérationnelle a déçu les marchés. Sans s'aventurer sur le terrain des objectifs financiers, le propriétaire de Cartier s'est montré prudent sur l'évolution du marché chinois, l'un des plus importants du secteur, au cours des prochains mois.

"L'économie chinoise, après la fin des confinements, pourrait souffrir plus longtemps que les Etats-Unis ou l'Europe de l'impact de la pandémie de coronavirus", a estimé vendredi en téléconférence le président Johann Rupert, en marge de la publication des chiffres annuels.

"Environ 40% de nos boutiques sont actuellement fermées en raison des confinements", a précisé le directeur financier (CFO) Burkhart Grund. Les mesures sanitaires en place dans l'Empire du milieu affectent aussi le commerce en ligne, car les livraisons de produits sont difficiles dans les villes confinées.

Le propriétaire de la marque horlogère Vacheron Constantin a fait remarquer que le groupe avait pu envoyer une partie de ses produits stockés en Chine vers le Japon.

Le chiffre d'affaires de l'exercice décalé 2021-2022, clos fin mars, s'est inscrit à 19,2 milliards d'euros (un peu plus de 19,7 milliards de francs suisses), un bond de 46% sur un an et de 44% hors effets de change, un résultat qualifié de "record", indique un communiqué du propriétaire de Piaget.

Richemont a gagné des parts de marché dans la joaillerie et l'horlogerie, relève l'analyste de Vontobel, Jean-Philippe Bertschy.

Pa rapport à son exercice 2019-2020, période très affectée par la pandémie, les ventes se sont inscrites en hausse de 35%, dépassant ainsi nettement ses niveaux d'avant-crise.

Rentabilité décevante, chute du titre

Le bénéfice net s'est amélioré de 61% à 2,01 milliards d'euros. Le résultat opérationnel (Ebit) a plus que doublé (+129,4%) à 3,39 milliards et la marge afférente a progressé à 17,7%, contre 11,2% un an plus tôt.

Le conseil d'administration propose le versement d'un dividende ordinaire relevé de 12,5% à 2,25 francs suisses par action au titre de l'exercice écoulé, agrémenté d'un dividende spécial de 1,00 franc.

Si les recettes ont dépassé les attentes des analystes, la rentabilité a raté le coche. Les spécialistes interrogés par AWP attendaient en moyenne un Ebit à 3,8 milliards et un bénéfice net de 2,7 milliards.

Les dépenses plus élevées qu'attendu, notamment pour le marketing et la communication, expliquent cet écart, font remarquer les analystes de Vontobel. Une charge de 168 millions d'euros liés à la guerre en Ukraine a également pesé sur les gains.

La division joaillerie, la plus importante qui inclut les marques Cartier et Van Cleef & Arpels, a vu ses recettes progresser de 49% à plus de 11 milliards, et ses marges ont atteint 34,3%.

Au niveau de l'horlogerie, qui comprend aussi IWC et Panerai, le chiffre d'affaires a décollé de 53% à 3,4 milliards, et la marge opérationnelle s'est inscrite à 17,3%.

La division "distribution en ligne", qui comprend Yoox-Net-a-porter (YNAP), a vu ses ventes progresser de 27% mais continue à essuyer une perte. Richemont a en outre indiqué que les discussions avec Farfetch sur une éventuelle collaboration avec YNAP prenaient du temps, mais étaient toujours en cours.

Les chiffres du jour n'ont pas été du goût des investisseurs. Le titre Richemont a terminé la séance en chute de 13,1% à 91,76 francs suisses, après avoir passé l'ensemble de la journée dans le rouge. L'indice vedette SMI a pour sa part fini tout juste à l'équilibre.

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