PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'équipementier automobile Plastic Omnium a confirmé mercredi les perspectives annuelles qu'il avait abaissées le mois dernier alors que son activité a chuté au troisième trimestre, pénalisée par la pénurie de composants électroniques qui n'épargne aucun industriel du secteur.

Le groupe appartenant à la famille Burelle a toutefois fait part de revenus trimestriels globalement conformes aux attentes des analystes, tandis que son activité a moins reculé que la production automobile mondiale.

Dans un entretien accordé à l'agence Agefi-Dow Jones, le directeur général de l'équipementier automobile, Laurent Favre, détaille les principales mesures prises par le groupe pour s'adapter aux perturbations de la chaîne d'approvisionnement. Le dirigeant explique aussi comment la pandémie de coronavirus et ses conséquences ont renforcé sa capacité à participer activement à la consolidation du secteur automobile.

Agefi-Dow Jones: Quelle évolution anticipez-vous pour le marché en 2022 ?

L.F. : "Nous nous attendons à ce que le marché automobile mondial reste très volatil en 2022. La pénurie de semi-conducteurs nous accompagnera tout au long de l'année prochaine, avec un premier semestre qui devrait ressembler au second de 2021, avant une amélioration graduelle attendue vers la mi-2022 et un retour à la normale espéré au plus tôt en 2023. Le secteur automobile n'est pas le seul à requérir des semi-conducteurs et nous constatons une forte déconnexion entre la demande, croissante, pour ces composants et les capacités de production disponibles. La mise en place de nouvelles capacités de production de semi-conducteurs prend entre 18 et 24 mois".

Agefi-Dow Jones: Comment adaptez-vous votre chaine d'approvisionnement ?

L.F. : "Plastic Omnium a constaté depuis longtemps à l'échelle mondiale que l'environnement politico-économique est de plus en plus instable, imposant parfois de nouvelles barrières douanières de manière imprévisible, et que les taux de change ont tendance à gagner en instabilité. Nous avons déjà régionalisé nos chaines logistiques afin de contourner ces difficultés et réduire également notre empreinte carbone. Par exemple, environ 95% des produits que nous vendons en Europe sont fabriqués à partir de matières premières achetées sur le continent. Pour ce qui est de nos stocks, nous les avons globalement réduits afin de réaliser des économies, tout en les renforçant pour des composants stratégiques".

Agefi-Dow Jones: La crise des semi-conducteurs pèse-t-elle sur les relations entre constructeurs et équipementiers ?

L.F. : "Dans la situation actuelle, les équipementiers automobiles sont pris en étau. Les constructeurs ont des marges de manoeuvre que nous n'avons pas: ils écoulent leurs stocks, concentrent leur production sur les véhicules à plus fortes marges et augmentent leurs prix de vente sur les autres modèles, profitant d'une demande excédentaire. Même s'ils vendent 20% de véhicules en moins, l'impact de la crise sur leurs comptes est sans commune mesure avec celui sur les équipementiers. Les équipementiers n'ont pas cette capacité à augmenter leurs prix et ne choisissent pas les produits qu'ils livrent. Aussi, certains constructeurs annulent des commandes au dernier moment, mettant alors au chômage technique des équipes complètes dans nos usines. Ce qui a un coût financier non négligeable. Nous demandons alors des compensations, ce qui est de nature à créer des frictions".

Agefi-Dow Jones: Quel rôle jouera Plastic Omnium dans la consolidation du secteur ?

L.F. : "La consolidation du marché automobile s'accélérera en 2022 car beaucoup d'acteurs n'ont plus les ressources nécessaires pour investir dans la technologie et la décarbonation. Ce n'est pas le cas de Plastic Omnium, qui a les moyens financiers et l'ambition de participer activement à ce mouvement de consolidation. La cible idéale doit nous permettre de réduire notre exposition géographique à l'Europe, qui compte pour 55% de notre activité, et doit évoluer sur un segment de marché en croissance, offrant des synergies avec notre portefeuille de produits. Je ne sais pas si nous trouverons cette cible dans les prochains mois ou avant la fin de l'année prochaine mais le temps n'est pas notre ennemi car la croissance externe n'est pas un impératif vital".

Propos recueillis par Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones Newswires; +33 (0)1 41 27 47 31 ; ddelmond@agefi.fr ed: ECH

Agefi-Dow Jones The financial newswire

(END) Dow Jones Newswires

October 27, 2021 10:57 ET (14:57 GMT)