Zurich (awp) - La richesse globale des ménages a été peu affectée par la pandémie de Covid-19 et les ravages économiques qu'elle a provoqués, d'après une étude de Credit Suisse. L'Inde, la Chine et la Suisse ressortent comme les grands gagnants de cette crise, tandis que l'Amérique latine est la région qui a été la plus négativement touchée.

La fortune globale a diminué de 17'500 milliards de dollars (15'869 milliards de francs suisses) entre janvier et mars, ce qui correspond au pic de la crise de Covid-19 en Asie et en Europe, indique Credit Suisse.

Dans la 11e édition de son étude sur la richesse globale, "Global Wealth Report", la banque souligne cependant comment cette chute conséquente a été compensée par une reprise rapide, que ce soit sur les marchés boursiers ou au niveau des prix de l'immobilier.

Fin juin, la richesse globale des ménages a progressé de 0,25%, soit 1000 milliards de dollars, par rapport à janvier 2020. La fortune moyenne par adulte n'a diminué que de 0,4% pour s'inscrire à 76'984 dollars.

Pour le professeur Anthony Shorrocks, co-auteur de l'étude, ce faible impact pandémique sur la richesse s'explique d'abord par le maintien des revenus durant la crise. "Les revenus ont été maintenus ou augmentés grâce à l'aide des gouvernements, ce qui a permis aux ménages de réaliser de l'épargne" a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse jeudi.

Les taux d'intérêts bas inscrits par les banques centrales et les conditions de crédits "flexibles" sont un autre facteur majeur de ce maintien de la richesse globale, selon le professeur.

Pour celle qui dirige la recherche et les investissements pour la gestion de fortune internationale chez Credit Suisse, Nannette Hechler-Fayd'herbe, les résultats concernant la distribution de cette richesses sont tout aussi surprenants.

"Il n'y a pas de signe que la distribution de la richesse ait changé au sein des pays du fait de la pandémie", a-t-elle affirmé jeudi. Elle a en particulier souligné le cas des Etats-Unis, où malgré les ravages sanitaires et économiques provoqués par la Covid-19, les indicateurs d'inégalité ont diminué.

Des inégalités persistent

Si peu de différences dans la distribution de la richesse à l'intérieur des 200 pays étudiés sont marqués, il est encore trop tôt pour dresser le même constat entre pays. L'étude indique ainsi que tous les indicateurs nécessaires à une étude comparative entre pays ne sont pas encore disponibles.

Et l'on peut déjà dessiner, d'après les auteurs de ce rapport, une ligne claire entre les gagnants et les perdants de cette crise. La région la plus affectée est l'Amérique latine, avec une chute de 12,8% de la richesse totale exprimée en dollars.

Ce repli conséquent s'explique majoritairement par le recul des PIB des pays de cette région, affectés par les dévaluations de leurs monnaies respectives. En Amérique du Nord, la croissance tant attendue a été balayée par la Covid-19 et celle-ci a induit "des pertes dans chacune des autres régions", avance l'étude.

Seules exceptions, la Chine et l'Inde, qui apparaissent comme les deux régions gagnantes de cette crise. Si l'Empire du Milieu, foyer d'origine du virus, avait ainsi subi un repli de 34% de son PIB au premier trimestre de l'année, il a rapidement rebondi de 55% au deuxième trimestre, présageant une croissance annuelle de 3,8%.

La Suisse toujours première

Avec une richesse moyenne par adulte de 598'410 dollars, les Suisses étaient les plus riches du monde à la fin de l'année 2019 et cette position confortable a permis au pays de traverser la crise sereinement.

Il est "l'un des grands gagnants de cette crise", estime le professeur Shorrocks, qui met en avant le rôle prépondérant du franc fort par rapport au dollar. Les taux d'intérêts faibles sur la valeur des actifs a aussi été bénéfique, selon l'étude.

Du 1er janvier au 30 juin 2020, la richesse moyenne helvétique a ainsi progressé de 3,9% malgré la pandémie.

De manière générale, les auteurs de l'étude menée par la banque aux deux voiles ont tenu à mettre en évidence la solidité de l'année 2019, qui a été exceptionnelle en terme de création de richesse, et qui a permis au monde d'être "dans la meilleure situation possible pour faire face à cette pandémie" selon M. Shorrocks.

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