Paris (awp/afp) - Ils persistent et signent: les fonds d'investissement qui font campagne pour le départ du PDG de Danone, Emmanuel Faber, ont appelé mercredi le conseil d'administration à "revoir" sa décision de maintenir M. Faber à la présidence du groupe.

"Nous incitons vivement le conseil à revoir sa position", écrit le fonds américain Artisan Partners, dans un courrier adressé mercredi au conseil d'administration.

Ce fonds, troisième actionnaire de Danone avec environ 3% du capital, appelle à nommer "immédiatement" un président "vraiment indépendant" à la place d'Emmanuel Faber.

Lundi soir, le conseil d'administration du géant agroalimentaire français avait annoncé qu'Emmanuel Faber ne cumulerait plus toutes les casquettes à la tête du groupe: il gardera la présidence du conseil, mais doit être remplacé à la direction générale.

Les fonds Bluebell Capital Partners et Artisan Partners voulaient plus que la dissociation des fonctions de président et directeur général: ils font campagne pour le départ pur et simple d'Emmanuel Faber, jugeant que sous sa direction Danone a décliné par rapport à ses principaux concurrents.

Les annonces de lundi marquent de premières "avancées positives", commente Artisan Partners. "Malheureusement, cependant", enchaîne le fonds américain, les bénéfices attendus "seront compromis par le maintien de M. Faber comme président".

"Le prochain directeur général n'aura pas la latitude requise pour mettre en place une nouvelle orientation. Au contraire, le nouveau directeur général sera là simplement pour mettre en oeuvre la stratégie déjà mise en place par M. Faber", affirme Artisan Partners. Pour le fonds, cette situation compromet les chances qu'une personnalité "d'envergure internationale" prenne le poste.

Dans un courrier séparé, Bluebell Capital Partners - qui pèse nettement moins au capital - estime aussi que le maintien de M. Faber à la présidence va "sérieusement entraver la capacité du conseil à attirer le bon talent".

"Pour qu'un directeur général réussisse, il/elle a besoin du pouvoir de déterminer la stratégie de la société de manière indépendante, non contrainte par les décisions de l'équipe précédente, en particulier dans un contexte où d'importants changements pourraient s'imposer après une période prolongée de sous-performances opérationnelles", cingle le fonds activiste basé à Londres.

Crainte de "casse sociale"

Les deux fonds suggèrent que l'ex-patron du fabricant de matériel électrique Legrand, Gilles Schnepp, devienne président du conseil d'administration. Il vient d'être nommé vice-président du conseil, à côté de Cécile Cabanis, l'ex-directrice générale finances de Danone.

Ces actionnaires demandent aussi que le plan de réorganisation et de réduction des coûts lancé par Emmanuel Faber soit au moins suspendu, le temps que le nouveau directeur général prenne ses fonctions, afin que ce dernier le valide ou non.

Danone a indiqué lundi qu'Emmanuel Faber avait la "confiance et le soutien unanime du conseil" pour superviser Danone au quotidien en attendant la nomination de son remplaçant et mettre en oeuvre dans l'intervalle le plan de réorganisation mondiale baptisé "Local First".

La direction compte sur ce plan, en cours de négociations avec les syndicats, pour rendre Danone plus "agile" et générer des économies en supprimant des strates hiérarchiques. Jusqu'à 2.000 suppressions de postes sont prévues.

Trois des quatre organisations syndicales du groupe (CFE-CGC, FO, CFDT) ont manifesté un certain soulagement après le maintien d'Emmanuel Faber à la présidence.

Il ne s'agit pas tant de défendre "la personne de Faber" que le modèle d'une entreprise qui se veut soucieuse de l'environnement et de ses salariés, et pas uniquement focalisée sur les performances financières, précise Laurent Pouillen, de FO, qui craint "démantèlement" et "casse sociale" si les fonds parviennent à leurs fins.

Vers 13H00 à la Bourse de Paris, le titre se repliait de 0,78% à 55,68 euros dans un CAC 40 en hausse. L'action s'affichait autour de 80 euros dix-huit mois plus tôt.

afp/rp