PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue dans le désordre vendredi, tandis que les Bourses européennes évoluent en légère hausse à mi-séance, soutenues essentiellement par les valeurs défensives, dans un contexte de prudence liée à la contraction inattendue du secteur privé en zone euro et du tour de vis de la Banque centrale européenne (BCE) face à une inflation record.

Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en hausse de 0,10% pour le Dow Jones, tandis que le Standard & Poor's 500 pourrait refluer de 0,30% et le Nasdaq de 0,50%.

À Paris, le CAC 40 prend 0,19% à 6.213,14 vers 11h30 GMT. À Francfort, le Dax avance de 0,28% et à Londres, le FTSE s'octroie 0,23%. La Bourse de Milan gagne 0,2% malgré la décision du président Sergio Mattarella de dissoudre le Parlement au lendemain de l'éclatement de la coalition de Mario Draghi qui gouvernait depuis février 2021.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 monte de 0,39%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,17% et le Stoxx 600 de 0,41%.

Sur l'ensemble de la semaine, l'indice parisien a gagné à ce stade 2,87% et le Stoxx 600 paneuropéen 2,93%, à la faveur notamment des bons résultats de plusieurs grandes entreprises malgré un contexte macroéconomique défavorable.

Sous l'effet d'une accélération de l'inflation, qui a poussé les consommateurs à réduire leurs dépenses, l'activité dans le privé de la zone euro s'est contractée contre toute attente en juillet avec un indice PMI composite tombé à 49,4 en première estimation après 52,0 en juin et un consensus Reuters à 51,0.

Au Royaume-Uni, la croissance de l'activité privée est tombée au plus bas en 17 mois avec un indice PMI composite "flash" en recul à 52,8.

Ces nouvelles données économiques viennent renforcer les craintes d'une récession qui pèsent sur les marchés depuis des mois alors que le resserrement monétaire des banques centrales s'accentue avec notamment la BCE qui a relevé jeudi ses taux d'un demi-point et non d'un quart de point comme elle l'avait suggéré en juin.

Vendredi, Peter Kazimir, membre du Conseil des gouverneurs de la BCE, a jugé possible une nouvelle hausse de taux de 25 ou 50 points de base en septembre, un rythme soutenu face à une inflation qui devrait encore monter à court et long termes selon une enquête Reuters

Certains analystes, à l'image de ceux d'ING, estiment que l'accélération de la remontée des taux de la BCE pourrait être liée à un risque accru de dégradation de la conjoncture, ce qui laisse peu de temps à l'institution pour agir.

LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET

Le réseau social Snap chute de 28% dans les échanges en avant-Bourse après des résultats jugés décevants et l'absence de communication sur ses prévisions. Meta Platforms, Twitter et Pinterest cèdent entre 2,5% et 6,3%.

VALEURS EN EUROPE

En Europe, les compartiments défensifs comme ceux de l'immobilier (+3,37%), des sevices aux collectivités (+0,5%) et des boissons et de l'alimentation (0,72%) figurent parmi les meilleures progressions.

Aux valeurs, Publicis, qui avait déjà bondi la veille de 5,05% à la faveur du relèvement de ses prévisions annuelles, prend encore 1,77% avec le changement de recommandation de JPMorgan à "surpondérer" sur la valeur. Son concurrent britannique WPP avance de 0,64%, tandis que le compartiment des médias gagne 0,63%.

Dans le rouge, Ubisoft perd 2,28% après avoir annoncé le report de la sortie du jeu "Avatar : Frontier of Pandora" à l'occasion de la publication de son chiffre d'affaires du premier trimestre.

Danske Bank reflue de 2,2% et le fabricant suisse d'ascenseurs Schindler de 5,63% en réaction à l'abaissement de leurs prévisions annuelles.

Uniper plonge de 20,4% malgré l'annonce de son renflouement.

TAUX

Les rendements obligataires en Europe reculent après les données sur l'activité privée: celui du Bund allemand à dix ans cède 17,7 points de base à 1,046% et son équivalent français de même échéance abandonne 17,8 points à 1,637%.

"Je pense qu'il est assez clair que le marché s'inquiète de plus en plus d'une récession dans la zone euro cet hiver: l'activité est déjà en train de chuter d'une falaise et ce avant une éventuelle coupure du gaz russe en hiver", commente Michael Brown, responsable marchés chez Caxton.

L'écart de rendements ("spread") entre le dix ans allemand et italien est remonté vendredi jusqu'à 247 points de base, malgré l'annonce jeudi par la BCE d'un nouveau programme d'achat d'obligations pour limiter un creusement excessif des spreads des pays de la zone euro, les observateurs soulignant le manque de détails et les conditions assez floues de cet outil, baptisé Instrument de protection de la transmission (IPT).

Aux Etats-Unis, le rendement des bons du Trésor est pratiquement stable à 2,817%, après avoir chuté d'environ 13 points jeudi sous l'effet de la hausse des taux de la BCE et d'indicateurs américains plus mauvais qu'attendu.

CHANGES

L'euro, également affecté par les derniers chiffres des PMI, repart à la baisse à 1,0154 dollar (-0,72%).

"L'économie américaine ralentit, mais l'Europe ralentit plus rapidement. C'est la raison pour laquelle le marché des changes continue de sous-pondérer l'euro", explique Viraj Patel, stratège macro chez Vanda Research.

Le dollar avance de 0,12% face à un panier de devises de référence mais pourrait accuser une baisse de 0,83% sur l'ensemble de la semaine, son plus fort repli depuis le 29 mai, les traders estimant à seulement 16,3% la probabilité d'une hausse de 100 points de base des taux de la Réserve fédérale américaine la semaine prochaine.

PÉTROLE

Le marché pétrolier est affecté par la reprise de la production en Libye alors que les perspectives concernant la demande mondiale de brut se dégradent.

Le baril de Brent fléchit de 1,4% à 102,41 dollars et celui du brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) de 1,65% à 94,76 dollars.

AUCUN INDICATEUR ÉCONOMIQUE MAJEUR À L'AGENDA DU 23 JUILLET

(Rédigé par Claude Chendjou, édité par)

par Claude Chendjou