PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes baissent vendredi, les déclarations jugées décevantes du président de la Réserve fédérale (Fed) ayant ravivé les inquiétudes des investisseurs concernant la crainte de l'inflation reflétée par la hausse des rendements obligataires.

À Paris, l'indice CAC 40 perd 0,85% à 5.781,12 points vers 09h05 GMT. À Francfort, le Dax cède 0,72% et à Londres, le FTSE abandonne 0,83%.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro lâche 0,75%, le FTSEurofirst 300 abandonne 0,7% et le Stoxx 600 recule de 0,59%.

Les actions américaines ont nettement baissé jeudi, le Nasdaq passant même en territoire de correction, après les déclarations de Jerome Powell, qui a déçu certains investisseurs en n'indiquant pas que la Fed pourrait intensifier ses achats d'obligations pour contrer la hausse des rendements obligataires.

Bien qu'il ait une nouvelle fois clairement affirmé que l'institution maintiendrait sa politique monétaire accommodante et que l'augmentation des prix ne devrait être que passagère, le marché reste inquiet de la flambée des rendements obligataire qui pourrait annoncer des coûts d'emprunt plus élevés et freiner ainsi la fragile reprise économique.

"Jerome Powell n'a pas réussi à rassurer alors que les marchés attendaient des mesures concrètes de la part de la Fed pour contrôler ou à minima ralentir la hausse des taux, synonyme de fortes craintes sur l'inflation à venir. Selon lui, la hausse généralisée des prix au-delà des 2% ne tiendra pas", a déclaré Saxo Banque dans une note.

Le marché a pris connaissance des commandes à l'industrie en Allemagne qui ont augmenté de 1,4% en janvier, soit deux fois plus que ce que prévoyaient en moyenne les analystes, le dynamisme de la demande à l'exportation ayant plus que compensé la faiblesse du marché intérieur.

Mais c'est surtout la publication du rapport mensuel sur l'emploi du département américain du Travail qui marquera la séance, à 13h30 GMT. Les économistes interrogés par Reuters attendent 182.000 créations de postes après le faible chiffre de 49.000 donné pour janvier.

"De bons chiffres concernant le marché de l'emploi pourraient temporairement faire oublier aux investisseurs les inquiétudes à propos du marché obligataire et induire un regain d'appétit au risque en Bourse. Ajoutons également à cela la perspective prochaine d'un vote du plan de relance de Joe Biden par le Sénat et tout porte à croire que les Bourses mondiales pourraient encore aller plus haut à court terme", a déclaré Christopher Dembik chez Berenberg.

VALEURS

Tous les secteurs sont en baisse dans les premiers échanges. Celui de l'énergie (-0,11%) affiche le recul le moins important, aidé en cela par l'augmentation des prix pétroliers. L'indice Stoxx des transports et loisirs cède 1,87%.

A Paris, Faurecia cède 1,23% et, en tête du CAC 40, Stellantis prend 1,11%, ce dernier ayant annoncé la distribution conditionnelle à ses actionnaires de sa participation dans l'équipementier automobile.

Dassault Aviation perd 2,85% après avoir publié des résultats en baisse au titre de 2020

A WALL STREET

L'indice Dow Jones a cédé 1,11% à 30.924,14, le S&P-500, plus large, a perdu 1,34% à 3.768,47 et le Nasdaq Composite a reculé de 2,11% à 12.723,47 points.

Depuis son record en clôture du 12 février, à 14.095,47, le Nasdaq a cédé plus de 10%, entrant en territoire de correction boursière.

Apple (-1,58%), Tesla (-4,86%) et PayPal (-6,27%) font partie des titres qui ont le plus pesé sur le S&P-500 alors que les entreprises technologiques sont particulièrement sensibles à la hausse des rendements obligatoires.

La séance américaine s'annonce volatile à en juger par le yo-yo des contrats à terme sur indices. Un temps donné à l'équilibre puis en baisse de 0,7%, ils indiquent désormais un repli de 0,3% l'ouverture.

EN ASIE

Le Nikkei à Tokyo a terminé en baisse de 0,23%, freiné à son tour par la hausse continue des rendements obligataires américains et les propos attentistes de Jerome Powell.

En Chine, l'indice CSI 300 a abandonné 0,34% après que le Premier ministre, Li Keqiang, a annoncé un objectif de croissance annuelle, jugé prudent, d'au moins 6%.

"L'objectif très faible de croissance du PIB équivaut à pas d'objectif du tout car le consensus était de 8% et ma prévision de 7%", a déclaré Iris Pang, économiste en chef chez ING.

Les marchés chinois ont toutefois réduit leurs pertes grâce à la performance des valeurs technologiques à la suite de l'annonce par Pékin d'une augmentation annuelle de 7% pendant cinq ans des dépenses en recherche et développement.

TAUX

Après avoir pris huit points de base jeudi et atteint dans la matinée en Asie son plus haut niveau depuis le 25 février à 1,583%, le rendement des Treasuries à dix ans tente de stabiliser, autour de 1,555%.

Son équivalent allemand prend deux points de base à -0,287% et le rendement de l'OAT de même échéance a inscrit un pic d'une semaine à -0,026% avant de revenir à -0,0334%, en hausse de trois points.

CHANGES

Sur le marché des changes, le billet vert évolue à un plus haut de trois mois contre un panier de devises de référence après avoir grimpé jeudi de 0,75% parallèlement à la hausse des rendements.

Quant à l'euro, il perd 0,26% face au billet vert, à 1,193 dollar.

PÉTROLE

Les cours pétroliers amplifient leurs gains de la veille et évoluent à des plus hauts de 14 mois après que l'Opep+ a convenu de maintenir l'essentielle de sa baisse de production en avril - accordant une petite exception à la Russie et au Kazakhstan - en raison de la fragile reprise de la demande.

Le baril de Brent gagne 1,62% à 67,82 dollars et le brut léger américain prend 1,41% à 64,73 dollars.

(édité par Patrick Vignal)

par Laetitia Volga