Le groupe né à Florence en 1981 dans le giron universitaire conçoit et commercialise des appareils lasers utilisés dans le médical et l'industrie. Si vous avez une certaine expérience des dynamiques sectorielles, vous pensez probablement que les caractéristiques de ces deux marchés sont très différentes, et vous avez raison. La branche médicale est plus rentable et moins concurrentielle que la branche industrielle. Pour autant, cette dernière bénéficie depuis quelques années d'une forte demande en provenance de la sidérurgie chinoise, qui a dopé sa croissance. L'industrie a généré l'année dernière 45,5% du chiffre d'affaires du groupe, contre 35% cinq ans plus tôt, essentiellement grâce aux outils laser de découpe de matériaux, mais aussi dans le marquage des produits ou des domaines plus confidentiels, comme la restauration des monuments.

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La division médicale, elle, est majoritairement exposée au marché de la chirurgie esthétique, allant de l'épilation au traitement de l'acné, en passant par toutes sortes d'applications cosmétiques. El.En. dispose aussi d'une gamme chirurgicale non-invasive et complète les revenus de la branche avec une palette de services dédiés à ses produits. Il va sans dire que tout cet arsenal est parfaitement en phase avec les aspirations esthétiques de l'époque. Ce qui explique en partie que la marge brute du médical flirte avec 45%, contre 28% pour l'industrie. C'est donc la pépite du groupe, d'autant que la dynamique de croissance est en train d'accélérer après le trou d'air lié au coronavirus. En matière géographique, le Florentin est un acteur très international, qui réalise environ 80% de son activité hors des frontières italiennes. Il dispose d'ailleurs de sites de production en Italie, en Allemagne, en Chine et au Brésil, en plus de centres de R&D répartis dans huit pays.

El.En. va grosso modo doubler son chiffre d'affaires entre 2019 et 2024, pour le porter de 401 M€ à 796 M€, selon les projections actuellement disponibles. Dans le même temps, ses résultats devraient être multipliés par 2,5. C'est le signe que la rentabilité est sur une pente ascendante, après une phase intense de R&D. La valorisation, elle, est plutôt intermédiaire. Pas particulièrement faible, parce que les activités médicales sont traditionnellement bien vues par le marché, mais pas particulièrement forte non plus, à cause de l'ancrage industriel. Le PER, le multiple qui compare les bénéfices de la société à son poids boursier, se situe à 21 fois les résultats attendus en fin d'année et à 18,3 fois ceux prévus en 2023. C'est faible pour le secteur de la santé et élevé pour l'industrie. Comme c'est le premier et non le second qui doit donner le tempo de la croissance dans les années à venir, on peut considérer que le dossier est abordable.

Compte de résultats
Compte de résultats (Source Zonebourse avec S&P)

L'entreprise a aussi pour atout une gestion prudente, qui lui a permis de traverser les cycles économiques sans trop de dommages. La direction n'a pas interrompu le versement du dividende pendant la crise sanitaire, ce qui offre une bonne illustration de son niveau de confiance. Pour couronner le tout, El.En. dispose d'une copieuse trésorerie excédentaire et de dirigeants qui sont aussi actionnaires à hauteur de près de la moitié du capital. En d'autres termes, la société a les ressources nécessaires à son développement et l'expérience requise pour les utiliser à bon escient. Le management garde de surcroît une carte majeure dans sa manche, la scission suivie d'une entrée en bourse de son plus gros segment industriel, la découpe laser. Il a tout récemment confirmé qu'il s'agit d'une piste de réflexion, dans l'hypothèse où un recentrage vers les activités plus sophistiquées lui apparaîtrait judicieux. Si le projet venait à se concrétiser, la valorisation que nous évoquions précédemment aurait encore plus de raisons de tendre vers le médical que vers l'industrie.