À l'occasion de la nouvelle année, le président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) Bernard Doroszczuk, a présenté ses vœux à la presse. Le gendarme du nucléaire a accordé un timide satisfecit à EDF. " La sûreté des installations nucléaires s'est maintenue, dans l'ensemble, à un niveau satisfaisant pour tous les exploitants, et a même progressé en matière de rigueur d'exploitation, notamment chez EDF, dans un contexte particulier induit par la gestion de la crise sanitaire ", a indiqué Bernard Doroszczuk.

Toutefois, la vigilante reste de mise prévient-il. Le report de nombreuses activités, décidé au printemps 2020, conjugué à l'instauration, depuis l'automne, de nouvelles mesures de restrictions en raison de la situation sanitaire, ont conduit à une situation tendue, pour les exploitants nucléaires et pour les responsables d'activité utilisant les rayonnements ionisants. Cette situation perdure en ce début d'année. Pour l'ASN, la reprogrammation des arrêts réacteurs impose une vigilance particulière au regard des échéances réglementaires et des prescriptions applicables.

L'ASN a par ailleurs observé, chez EDF, une régression dans la prise en compte de la radioprotection des travailleurs, déjà observée en 2019 mais qui s'est accentuée en 2020, et la persistance d'écarts affectant des matériels qui auraient remis en cause leur capacité à remplir leur fonction en cas d'accident.

L'ASN estime que les premières analyses tirées des difficultés rencontrées lors de la crise sanitaire confirment le besoin d'entretenir une culture d'anticipation et de précaution chez l'ensemble des acteurs concernés par le nucléaire.
En outre, l'année 2020 a permis de progresser de manière significative dans l'instruction de la poursuite de fonctionnement des réacteurs de 900 MW d'EDF après 40 ans.

Le projet de décision concernant la partie générique de ce réexamen fait l'objet d'une consultation publique jusqu'au 22 janvier dont l'ASN tirera les enseignements.

À ce stade, l'ASN considère que les dispositions prévues par EDF permettront d'atteindre les objectifs du réexamen, et de rapprocher le niveau de sûreté des réacteurs de 900 MW de celui des réacteurs de troisième génération.

L'atteinte de ces objectifs devrait permettre d'ouvrir la perspective d'une poursuite de fonctionnement des réacteurs pour les dix ans suivant leur 4e réexamen périodique.

L'ASN a cependant souligné que le point principal de vigilance concerne la capacité industrielle d'EDF et des intervenants de la filière nucléaire à faire face à une montée en puissance significative des travaux indispensables à la sûreté des installations en exploitation.

Dans la période actuelle de crise sanitaire et économique, il conviendrait que l'Etat et les donneurs d'ordres portent une attention particulière au maintien des capacités industrielles clés de la filière, conclut l'ASN.