PARIS, 31 janvier (Reuters) - Fortes du succès de la première journée de mobilisation nationale contre le projet de réforme des retraites le 19 janvier, les organisations syndicales ont appelé ce mardi à une nouvelle journée de grève qui devrait se traduire notamment par des perturbations dans les transports publics.

Le ministre délégué français chargé des Transports, Clément Beaune, a ainsi dit s'attendre à "une journée difficile, voire très difficile dans les transports publics".

L'intersyndicale, qui affiche son unité malgré les actions séparées de la CGT, veut une mobilisation encore plus massive que celle du 19 janvier, qui a réuni plus d'un million de manifestants à travers la France, selon les autorités, plus de deux millions selon la CGT.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a indiqué que 11.000 policiers et gendarmes seraient mobilisés mardi, dont 4.000 à Paris.

Le gouvernement reste déterminé à faire passer son projet de réforme des retraites, qui prévoit notamment le report de l'âge légal de départ de 62 ans à 64 ans en 2030. L'Assemblée nationale a débuté ce lundi en commission l'examen du texte après la présentation la semaine dernière du projet en conseil des ministres.

Voici les principaux appels à la grève et les perturbations attendues pour cette journée de mobilisation nationale :

* SNCF

Chez les cheminots, un préavis de grève a été déposé du lundi 30 janvier à 19h00 au mercredi 1er février à 6h00 après la forte mobilisation observée le 19 janvier.

La SNCF a dit anticiper un TGV sur trois en moyenne en circulation, deux TER sur 10, entre un RER sur trois et un sur dix en Ile-de-France, ainsi qu'une interruption presque totale du trafic intercités.

Côté international, la circulation des Eurostar et Thalys fonctionnera quasi normalement mais le trafic des TGV sera "fortement perturbé" entre la France et la Suisse (Lyria).

* RATP

Les syndicats CGT, FO, Unsa et CFE-CGC ont indiqué au début de la mobilisation qu'ils mettraient "tout en oeuvre pour s'opposer" à la réforme du gouvernement, qui prévoit notamment de mettre fin, pour les nouveaux salariés embauchés, au régime spécial de retraites en vigueur à la régie des transports parisiens.

Le mouvement, qui a été massivement suivi le 19 janvier, devrait l'être encore ce mardi. Si les lignes 1 et 14 du métro, qui sont automatisées, fonctionneront normalement, mais avec un "risque de saturation", le trafic sera "perturbé" sur la plupart des lignes du métro parisien et sur les RER A et B, avec en moyenne un train sur deux aux heures de pointe.

Le réseau de bus et de trams devrait être moins affecté, avec en moyenne 8 tramways sur 10 et 8 bus sur 10, a annoncé la RATP.

* TRANSPORT AÉRIEN

La direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies aériennes de réduire leur programme de vols de 20% depuis et vers l'aéroport d'Orly face au préavis de grève national interprofessionnel qui a été relayé par plusieurs syndicats représentatifs des contrôleurs aériens.

Air France a indiqué dimanche prévoir d'assurer la totalité de ses vols long-courrier et près de 90% de ses vols court et moyen-courrier.

* ENSEIGNEMENT

Les fédérations syndicales de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche ont appelé "à amplifier" la grève le 31 janvier pour obtenir le retrait du projet de réforme des retraites.

Le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, a fait savoir auprès de l'AFP que la moitié des enseignants du premier degré seraient en grève mardi. A Paris, au moins 100 écoles seront fermées et 60% des enseignants seront grévistes, a précisé le syndicat sur Twitter.

Le 19 janvier, le ministère de l'Éducation nationale avait dénombré 34,66% de grévistes dans les collèges et lycées et 42,35% dans le primaire.

* FONCTION PUBLIQUE

L'intersyndicale de la fonction publique a appelé à "poursuivre et amplifier la mobilisation" alors que le 19 janvier, 29,5% de grévistes ont été comptabilisés dans la fonction publique d'État par leur ministère de tutelle.

"Je pense qu'il y aura une très forte mobilisation", a déclaré à Reuters Luc Farré, secrétaire général de l'UNSA Fonction publique.

* RAFFINERIES

La CGT Pétrole a proposé aux employés des raffineries une nouvelle grève mardi, après une mobilisation de 48 heures jeudi et vendredi derniers qui a vu la participation s'étioler après une forte mobilisation le 19 janvier. La CGT avait comptabilisé alors au moins 70% de grévistes dans les raffineries de TotalEnergies, avec une interruption des livraisons sur l'ensemble de ses sites.

Un appel à la grève a également été déposé le 6 février, date à laquelle le mouvement pourra ensuite être reconductible.

* ÉNERGIE

La Fédération CGT des mines et de l'énergie (FNME-CGT) a appelé à une grève reconductible à partir du 19 janvier, alors que la réforme des retraites prévoit la fin du régime spécial pour les nouveaux embauchés chez EDF.

Le 19 janvier, le taux de grévistes avait atteint 50% chez EDF, soit une mobilisation plus forte que lors de la première et la plus suivie des journées de mobilisation contre le précédent projet de réforme des retraites - 41,4% de grévistes le 5 décembre 2019.

* STATIONS DE SKI

Les deux principaux syndicats de salariés des remontées mécaniques ont déposé un préavis de grève pour la journée de mardi afin de protester contre la réforme des retraites mais aussi celle de l'assurance-chômage alors que la période des vacances d'hiver se profile.

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ENCADRE-Les principales mesures de la réforme des retraites (Rédaction de Paris)