PARIS (Reuters) - Wall Street devrait ouvrir en ordre dispersé vendredi au lendemain d'une forte baisse tandis que les Bourses européennes restent ancrées dans le rouge à la mi-séance, la récente envolée des rendements obligataires, déclenchée par les inquiétudes concernant sur l'inflation, continuant de peser sur le sentiment de marché. Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse de 0,3% pour le Dow Jones et peu changé pour le Standard & Poor's-500. Le Nasdaq est indiqué en hausse de 0,2% après avoir chuté de 3,5% jeudi, sa plus forte baisse quotidienne depuis quatre mois, la poussée des rendements des emprunts d'Etat américains ayant malmené le secteur technologique.

A Paris, le CAC 40 perd 0,82% à 5.736,57 vers 12h25 GMT. À Francfort, le Dax cède 0,45% et à Londres, le FTSE abandonne 1,45%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 recule de 0,97%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,8% et le Stoxx 600 de 0,95%.

Si la perspective d'une reprise de l'économie profite globalement aux actions, les investisseurs sont de plus en plus préoccupés par le risque de voir une accélération de la croissance et une augmentation trop rapide de l'inflation obliger les banques centrales à durcir leurs politiques monétaires ultra-accommodantes.

Ces préoccupations poussent les investisseurs à se défaire d'actifs plus risqués tels que les valeurs technologiques, fortement valorisées.

Des responsables de la Réserve fédérale et de la Banque centrale européenne ont pourtant multiplié les prises de paroles ces derniers jours pour relativiser les craintes inflationnistes.

"Bien que le président de la Fed ait réaffirmé que la politique accommodante actuelle et les programmes d'achats de titres seront maintenus jusqu'à ce que l'économie ait complètement récupéré, les investisseurs ne semblent pas convaincus et semblent déterminés à fermer toute exposition à la dette à faible rendement avant que l'inflation ne commence à augmenter", explique Ricardo Evangelista, analyste senior chez ActivTrades.

Les marchés asiatiques n'ont pas été épargnés: l'indice Nikkei japonais a dévissé de 3,99%, sa plus mauvaise performance depuis avril dernier, et le CSI 300 des grandes capitalisation de Chine continentale a perdu 2,4%, ce qui porte son repli sur la semaine à 7,7%, sa plus forte baisse hebdomadaire depuis octobre 2018.

VALEURS EN EUROPE

Les replis sectoriels les plus marqués en Europe sont pour les matières premières, dont l'indice Stoxx perd 3,6%, l'énergie (-2,58%) et les banques (-1,7%).

Au sein du CAC 40, ArcelorMittal abandonne 2,99% et Total 2,52%.

Unibail-Rodamco-Westfield, Klépierre et Elior cèdent de 2,91% à 5,66% après l'évocation d'un durcissement du confinement à Paris.

A la hausse, Teleperformance grimpe de 6,42% à la suite de résultats annuels supérieurs aux attentes et Saint-Gobain prend 3,30% après que le groupe de matériaux de construction a publié des résultats records au second semestre.

Parmi les meilleures performances du Stoxx 600, IAG s'adjuge 4,24% malgré une perte annuelle de 4,37 milliards d'euros, le groupe ayant assuré qu'il n'aurait pas de besoin de se refinancer.

TAUX

Le rendement des Treasuries à 10 ans a dépassé 1,6% jeudi pour la première fois en un an après une adjudication de bons du Trésor à sept ans marquée par une faible demande.

Il perd désormais cinq points de base à 1,465%.

En Europe, son équivalent allemand recule à -0,248% après avoir atteint en début de séance son plus haut niveau depuis la mi-mars 2020 à -0,203% et le dix ans français oscille autour de zéro.

"La BCE, contrairement à la Fed, a activement essayé de gérer les taux d'intérêt ou du moins de ralentir le rythme de leur hausse. Nous soupçonnons qu'une intervention est imminente, ou peut-être laissons-nous parler nos espoirs", commentent les stratèges d'ING dans une note.

CHANGES

Sur le marché des changes, le dollar profite de la poussée des rendements: il s'apprécie de près de 0,5% face à l'euro, revenu autour de 1,2110 et de 0,56% face à un panier de référence composé de six devises.

PÉTROLE

Les deux contrats de référence du brut sont en baisse en raison de l'appréciation du dollar et des craintes d'une augmentation de l'offre à l'issue d'une réunion de l'Opep+ la semaine prochaine.

Le baril de Brent perd 1,51% à 65,87 dollars et le brut léger américain recule de 2% à 62,26 dollars.

(édité par Marc Angrand)

par Laetitia Volga