Paris (awp/afp) - Changement de taille et changement de gouvernance: Veolia, qui s'apprête à intégrer Suez au terme d'une spectaculaire OPA, en profite pour changer de direction, avec Antoine Frérot toujours à la présidence mais Estelle Brachlianoff comme nouvelle directrice générale.

Le conseil d'administration du groupe a décidé lundi cette dissociation des fonctions de président et de directeur général à compter du 1er juillet.

Un changement dans une certaine continuité puisqu'Estelle Brachlianoff, 49 ans, est actuellement numéro deux du groupe, au poste de directrice générale adjointe chargée des opérations.

Antoine Frérot, 63 ans dont plus de 30 chez Veolia, souhaitait mettre un terme à ses fonctions de directeur général, qu'il exerce depuis 2009, à l'issue de son mandat, explique Veolia dans un communiqué.

Mais les administrateurs ont souhaité "unanimement" qu'il reste président du conseil, pour "pouvoir continuer à bénéficier de son expérience", rendant "hommage aux profondes transformations d'organisation, de fonctionnement et de culture qu'il a menées avec un total succès pour adapter Veolia aux défis économiques, commerciaux, sociaux, sociétaux et environnementaux".

Le renouvellement de son mandat d'administrateur sera donc proposé aux actionnaires à l'assemblée générale le 15 juin.

Estelle Brachlianoff, qui était pressentie pour succéder à Antoine Frérot, devient la 2e femme à occuper aujourd'hui les plus hautes fonctions exécutives au sein du CAC40, avec la DG d'Engie Catherine McGregor.

Diplômée de l'École polytechnique et de l'École nationale des ponts et chaussées, elle a rejoint Veolia en 2005, après avoir commencé sa carrière dans les infrastructures de transport et avoir notamment travaillé avec le préfet d'Ile-de-France.

Chez Veolia, Mme Brachlianoff a dirigé les activités Déchets en Ile-de-France, puis au Royaume-Uni et a été Senior Executive Vice President Royaume-Uni & Irlande. Depuis juillet 2018, elle est directrice générale adjointe, en charge des opérations, membre du comité exécutif du groupe.

"Au service de Veolia depuis bientôt 20 ans, Estelle a démontré par son parcours exemplaire, qu'elle avait toutes les qualités requises pour conduire notre collectif et continuer à accompagner notre groupe dans son ambition pour la transformation écologique", a déclaré Antoine Frérot. "À mes côtés, elle a pris part aux décisions les plus structurantes pour notre groupe pour les vingt prochaines années".

La future DG a souhaité "que Veolia accélère encore la diversification de ses talents et continue à innover fortement pour la planète".

"J'aurai à coeur de poursuivre les efforts entrepris pour positionner Veolia comme l'entreprise de référence avec laquelle les territoires et les industries souhaitent mener leur transformation écologique, mais aussi l'entreprise dans laquelle les jeunes générations, passionnées par l'environnement, ont envie de travailler", a-t-elle dit.

Rêve d'union

Ce changement de gouvernance intervient alors que Veolia vient de racheter son rival Suez, dont il reprendra quelque 60%, confortant sa place de numéro un mondial du secteur des services à l'environnement (eau, déchets, efficacité énergétique).

Cette opération à 13 milliards d'euros permettra à Veolia de passer de 180.000 à 230.000 salariés, avec un chiffre d'affaires de 37 milliards d'euros, soit 10 milliards supplémentaires, réalisés dans une quarantaine de pays.

A ce jour, il détient 86,22% du capital de Suez mais une réouverture d'OPA, jusqu'au 27 janvier, devrait lui permettre d'atteindre 100%.

Le règlement-livraison de l'OPA est attendu le 18 janvier, date à laquelle Veolia prendra officiellement possession du vieux concurrent.

Tout avait commencé avec le rachat de 29,9%, en octobre 2020, auprès de l'énergéticien Engie.

S'en était suivie une bataille boursière, politique et judiciaire acharnée. Mais Suez avait dû rendre les armes, en avril dernier, obtenant en échange le maintien d'une entité Suez indépendante, réduite à 40% des actifs et reprise par un consortium d'investisseurs.

Antoine Frérot réalise ainsi le rêve d'union entre les deux frères ennemis maintes fois caressé par de précédents dirigeants.

Ce polytechnicien, qui sous ses airs affables a montré toute sa pugnacité dans cette affaire, était entré chez Veolia (alors Compagnie générale des eaux) en 1990 comme chargé de mission, avant d'en gravir les échelons jusqu'à devenir PDG en 2010.

A la tête du groupe, il mena aussi sa restructuration, désendettant l'entreprise en la recentrant sur certains pays et en cédant des activités comme la branche de transports publics.

afp/rp