Suivre un "spinoff" est toujours intéressant pour un investisseur, car cette classe d'actifs superforme historiquement la moyenne des marchés actions. Mais ce n'est pas toujours le cas et les dernières opérations des Rales, qui sont coutumiers des "restructuration / scission", patinent un peu. On pense à Vontier, spinoff de Fortive, elle-même spinoff de Danaher, une autre entreprise de la "galaxie Rales". Danaher qui se porte d'ailleurs comme un charme, merci pour elle. La dernière opération en date est donc la séparation de Colfax en deux : Enovis d'un côté et ESAB Corporation de l'autre.

L’industrie des instruments de soudure est un oligopole entre ESAB, Lincoln Electric et Illinois Tool Works (qui est un groupe plus diversifié). Comme ses deux comparables directs, ESAB réalise la moitié de ses ventes à l’export, mais avec une part plus importante liée aux marchés émergents. C’est à la fois le risque et l’opportunité. Historiquement Lincoln Electric et Illinois Tool Works affichent une performance financière supérieure à celles d'ESAB, mais sous l’impulsion des frères Rales l'outsider a entrepris un véritable effort de restructuration à long terme. ESAB avait été initialement acquis par Colfax en 2012. Le groupe comble progressivement son retard sur ses deux concurrents et améliore son profil de marge et sa rentabilité. Mais pas très vite non plus, si bien qu'on est en droit de se demander si les Rales n'ont pas jeté l'éponge en procédant au spinoff. En tout cas, ils ne sont plus au capital, désormais éparpillé entre les traditionnels fonds de gestion passive et quelques institutionnels en quête d'aventure.

Parcours depuis l'IPO
Le parcours depuis l'IPO. Pas de quoi casser trois pattes à un soudeur

Le réveil d'ESAB pourrait passer par de la croissance externe, que son récent profil de pure-player pourrait favoriser. Le management n'a d'ailleurs pas caché qu'il est à l'affût. Pour le reste, la croissance organique est modeste, en ligne avec la trajectoire du PIB. Ce qui signifie que les cibles potentielles sont un peu dans le même cas et qu'il faut être rigoureux dans l'intégration pour créer de la valeur, sans quoi la transaction se retrouve vite dans la catégorie destruction de valeur. Les atouts d'ESAB sont son expérience dans le secteur et l'univers concurrentiel restreint. L'entreprise bénéficie de surcroît de marges appréciables dans les accessoires, les pièces de rechange et les consommables. Un peu comme dans l’aviation, ce n’est pas grâce à la vente d’équipements initiale mais sur "l’after-market" que se réalisent les véritables profits.

Sur la base des prévisions d'un nombre limité d'analystes, le dossier se paie environ 11 les bénéfices attendus en 2023. Ce n'est pas particulièrement cher, notamment au regard de la concurrence, nettement mieux lotie mais dont le modèle a déjà été optimisé. ESAB est un dossier à conserver en liste de surveillance en guettant une acquisition ou une accélération des marges.