Vendredi 26
novembre
Le point hebdo de l'investisseur
intro Les places financières pensaient reprendre leur souffle dans le calme, avec la persistance des craintes inflationnistes et les anticipations d'une remontée des taux plus rapide que prévu. Mais elles viennent de connaître un brutal retour de l'aversion au risque. La séance de vendredi a été le théâtre d'un décrochage généralisé des indices après la découverte d'un nouveau variant du COVID, potentiellement plus résistant aux vaccins, laissant craindre une cascade de restrictions à l'échelle mondiale, au moment où la situation revenait un peu plus ?à la normale?. La volatilité devrait ainsi rester importante dans les séances à venir.
Indices

Sur la semaine écoulée, la grande majorité des indices perd du terrain.

En Asie, le Hang Seng cède 3.8% sur les cinq derniers jours, le Nikkei 3.3% alors que le Shanghai composite grappille 0.7%.
Pour l'Europe, le CAC40 décroche de 5.2%, le Dax de 5.6% et le Footsie recule de 2.5%. Pour les pays périphériques de la zone euro, l'Italie cède 5.4%, l'Espagne 4% et le Portugal 1.4%.

A l'heure de la rédaction de ce point hebdomadaire, New-York a connu une semaine tronquée avec Thanksgiving. Le Dow Jones cède 2% sur la semaine, le S&P500 2% et le Nasdaq100 2.9%.


Evolution hebdomadaire des principaux indices mondiaux

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Matières premières

Les prix pétroliers ont résisté à la menace américaine, celle de puiser avec d'autres pays consommateurs de pétrole dans leur réserve stratégique afin de faire pression sur les prix, mais pas à l'apparition d'un nouveau variant du coronavirus, plus virulent, qui est synonyme de nouvelles restrictions sur les voyages. Le cours du Brent repasse ainsi sous la barre des 80 USD et se négocie à 77 USD. La référence américaine baisse également, à 73 USD le baril.

Malgré une hausse de l'aversion au risque qui redonne des couleurs à l'or aujourd'hui, la relique barbare reste toujours boudée par les investisseurs, pénalisée par une hausse du dollar et une légère hausse des rendements réels des obligations américaines. Le métal doré s'échange à 1800 USD l'once.

Les métaux industriels ont en revanche repris le chemin de la hausse, les inquiétudes pesant sur le resserrement de l'offre poussent les prix vers le haut. L'Indonésie a effectivement annoncé vouloir stopper les exportations de bauxite, de cuivre et d'étain à l'horizon 2024 afin de remonter dans la filière de ces matières premières. Le cuivre s'échange ainsi autour de 9930 USD la tonne métrique.




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Marchés actions

- HP Inc : belle semaine de gains ? quelque 15% - pour l'entreprise américaine bien connue pour ses ordinateurs. Le contexte actuel de besoins élevés en matériel informatique lui permet d'afficher des résultats trimestriels plus solides que prévu et de belles perspectives.

- flatexDEGIRO : le courtier allemand a gagné plus de 10% cette semaine en frappant un grand coup. Les particuliers européens peuvent désormais négocier sans commissions sur la plateforme, a-t-il annoncé.

- Telecom Italia : l'opérateur transalpin, détenu à 24% par Vivendi, est courtisé par KKR, qui a émis une offre informelle à 0,505 EUR par action, mais qui pourrait aller plus haut voire s'allier, selon une rumeur datant de vendredi, à son homologue CVC pour améliorer sa proposition. Le titre a quasiment doublé en une semaine.

- Evolution AB : le groupe suédois qui développe des jeux de casino en ligne a perdu 30% de sa valeur après des allégations de jeu illégal dans des pays interdits et soumis à des sanctions américaines. Une enquête interne a été ouverte.

- Vallourec : le spécialiste français des tubes sans soudure pour le marché pétrolier a repris plus de 20% sur la semaine, grâce au changement de recommandation de Kepler Cheuvreux, repassé acheteur avec un objectif de 11 EUR.

- Autodesk : l'action s'effondre de 20% sur la semaine après des résultats trimestriels décevants.



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Macroéconomie

L'Europe a démontré jeudi que son économie est vigoureuse, avec des indicateurs PMI de novembre qui ont tous dépassé les attentes des économistes. Pour mémoire, ces enquêtes réalisées par Markit prennent le pouls des directeurs d'achats d'un vaste panel d'entreprise, en prenant pour hypothèse que leur inclinaison à dépenser ou pas est un très bon indicateur économique avancé. La France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et plus généralement la zone euro affichent tous des indices PMI en vive expansion, ce qui est de bon augure. Au final cette semaine, ce sont les données américaines qui ont fléchi, notamment les commandes de biens durables d'octobre qui ont reculé. Sur le front de l'emploi en revanche, les chiffres hebdomadaires sont toujours robustes.

Tout aurait pu être au mieux dans le meilleur des mondes possibles, sans le retour en force de la pandémie en fin de semaine. La découverte d'un variant apparu en Afrique australe, apparemment très virulent, a plongé dans la consternation des marchés financiers qui pensaient en avoir à peu près fini avec les restrictions covid. Outre l'effondrement du pétrole, la chute des marchés actions et la remontée, modeste, de l'or, le plus gros impact de ce retour de l'aversion pour le risque est à chercher du côté des taux obligataires. Sur la seule séance de vendredi, la dette publique américaine à 10 ans est passée d'une rémunération de 1,63 à 1,53%, soit 10 points. Sur la même durée, le Bund passe de -0,25 à -0,32%, tandis que l'OAT française tend à nouveau vers 0, autour de 0,05%. Si la pandémie venait à entraîner de nouvelles restrictions, les banques centrales auraient sûrement à ralentir la réduction de leur soutien, estiment les investisseurs, ce qui explique la détente sur les taux obligataires.

Sur le marché des changes, le dollar a poussé l'euro sous la barre des 1,12 en milieu de semaine, mais le billet vert a finalement cédé un peu de terrain par la suite, tout en restant sur des niveaux élevés. Le greenback a aussi signé un plus haut de quatre ans contre le yen en milieu de semaine, à 115,41 JPY. La paire EUR / CHF a un peu évolué en faveur de la monnaie refuge à 1,0448 CHF pour 1 EUR. La glissade la plus médiatisée de la semaine est celle de la livre turque, dont une séance à -13% mardi, sur fond de crise profonde devant l'entêtement du président Erdogan à refuser que la banque centrale augmente les taux directeurs.

Le nouveau variant fait également monter la température sur le marché des cryptomonnaies. Ce vendredi, le marché concède 7% de sa capitalisation boursière totale, la faisant passer sous la barre des 2500 milliards de dollars. Le bitcoin, lui, n'est pas en reste. Fiévreux, il laisse son compteur filer sous les 55000$ à l'heure où nous écrivons ces lignes.

La semaine prochaine, les banquiers centraux américains seront à l'honneur avec de multiples allocutions prévues dès lundi. La statistique la plus regardée de la semaine est programmée vendredi : il s'agit des chiffres de l'emploi aux Etats-Unis en novembre, l'un des marqueurs importants de la politique monétaire américaine.
Les valeurs "Covid" ont de nouveau la cote

Les marchés reprennent soudain conscience que le virus n'est jamais vraiment parti. Le nouveau variant plus contagieux et à mutation rapide, de son doux nom B.1.1.529, détecté en Afrique du Sud, donne des signes avant-coureurs d'une nouvelle vague de contamination. Naturellement, les valeurs "covid", notamment dans le domaine de la santé lié à la vaccination, ont surgi de plus belle. Mais ne tirons pas de conclusions hâtives sur un variant dont la communauté scientifique ne connaît pas encore grand chose. C'est dans ces moments de turbulence sur les marchés que l'on se rend compte qu'être confiant sur ses positions, ça n'a pas de prix. Bon weekend à tous les investisseurs.