Dans son mix produit, nous retrouvons des lasers industriels, des modules de communication optique, des capteurs et des dispositifs médicaux de pointe. Fabrinet peut se vanter d’être un leader sur certains segments. La source principale de revenus est générée par le segment des communications optiques (78% du CA). Au niveau géographique, le chiffre d'affaires est bien réparti entre les Etats-Unis (49%), l’Asie (33%), l’Europe (14%) et le reste du monde.

Fabrinet possède des partenariats de long terme avec ses clients grâce à des programmes personnalisés de la création à la production. Typiquement, avec Cisco Systems par exemple, son plus gros client, qui pèse 25% des revenus. 

Graphique Fabrinet

La société profite de sa percée sur le marché des véhicules électriques (EV Charging) et autonomes (LIDAR) et d’autres marchés porteurs de long terme comme les équipements biotechnologiques, la communication optique et les lasers industriels. La demande pour les véhicules autonomes, les ordinateurs quantiques, la 5G et bientôt la 6G ou encore le matériel technologique de pointe sont d'autant de sources de croissance future pour l’entreprise. 

Analyse financière 

Sur la dernière décennie (2012-2022), le chiffre d'affaires quadruple en passant de 565 millions à 2,2 milliards de dollars. Cette performance est d’autant plus remarquable que la croissance fut entièrement organique : il n'y a eu en effet presque aucune acquisition, juste une petite opération anecdotique en 2016. 

Source : Zonebourse 

La marge opérationnelle s’élève à 7,5% en moyenne sur le cycle étudié (2012-2022), assez typique d'une industrielle, mais elle est en constante augmentation. De plus, ce qui saute aux yeux pour une industrielle, c'est que sur le cycle il n'y a eu aucune dépréciation d'actifs, ni charges "exceptionnelles" et que la charge d'intérêts est à quasi-zéro (il n’y a pas de dettes). De très bons points à relever. 

En fait, la position financière a toujours été extrêmement conservatrice avec un passif total quasiment couvert par la seule trésorerie, et en tout cas largement couverte par le cash et les créances clients. Les stocks, quant à eux, tournent bien (5 fois par an en moyenne). Il n’y a d’ailleurs pas d'accroc sur le cycle de ce côté là non plus. 

Source : Zonebourse 

Le nombre d'actions reste stable (autour des 36800) et la valeur comptable passe de 7 à 34 dollars par action. Sur les deux derniers exercices, nous avons un profit par action de 4 (2021) et 5 dollars (2022) : donc un ROE autour de 15%, assez typique d'une valeur industrielle bien gérée. Notons qu’elle en a en réalité sous le pied. Le ROE pourrait être optimisé car Fabrinet est largement sur-capitalisé. 

La génération de cash (conversion du profit comptable en free cash-flow) est en nette amélioration sur les trois derniers exercice et le groupe sort un FCF annuel moyen de 110 millions de dollars, ici non retraité des rémunérations en stock-options qui sont assez élevées (de 28 millions de dollars l'année dernière, soit un quart du profit quand même). 

Si nous rapportons ce profit (car non retraité des Stock Based Compensation (SBC) comme dit juste avant) à la valeur d'entreprise (capitalisation boursière moins le cash en excès), nous sommes sur un multiple de 38 fois les profits. Cela semble a priori élevé et pas évident à justifier sauf si l'on part du postulat que l'exceptionnelle croissance du cycle qui s'achève sera reproductible sur le cycle prochain, dans ce cas, cela semble justifié. 

De mon point de vue, tout porte à croire que les perspectives futures vont continuer dans le sens d’une croissance forte. Tout repli sur cette action (en supposant que le scénario fondamental ne change pas) est à envisager comme une opportunité d’achat pour celui qui cherche une valeur industrielle-technologique de croissance. 

Cela étant dit, au chapitre des regrets, nous noterons que les insiders sont à la vente à ces niveaux de prix. Cela renforce l’idée que l’action est peut être un peu surévaluée pour le moment. L’actionnariat est d’ailleurs fragmenté entre divers fonds indiciels et institutionnels, un peu regrettable. Toujours au niveau de la dynamique actionnariale, les SBC (stock-based comp) sont anormalement élevées en ce moment (un quart du profit comme vu plus haut) et depuis quelques années l'allocation du capital est entièrement orientée vers les rachats d'actions (parfois à un prix élevé). Nous attendons donc une amélioration de ce côté là avant d’envisager un potentiel achat sur cette valeur. 

Malgré ces quelques regrets sur la dynamique actionnariale et le premium sur la valeur, Fabrinet reste une société très qualitative, gérée par un management compétent, bien capitalisé, profitable et rentable. Une valeur à surveiller de près dans les prochaines années et qui mérite sa place dans une watchlist.