avec la clôture du cours de l'action

NEW YORK (awp/afp) - L'entreprise qui doit permettre au réseau social de Donald Trump d'entrer en Bourse connaît une ascension fulgurante à Wall Street. Un succès qui illustre autant la fièvre spéculative autour de titres médiatisés que la popularité de l'ancien président américain auprès de sa base électorale.

Après avoir été suspendue à de multiples reprises vendredi matin, l'action de Digital World Acquisition Corp s'est envolée et a terminé en hausse de 107,03% à 94,20 dollars.

Son prix avait décollé d'environ 200% un peu plus tôt dans la journée après avoir déjà grimpé de plus de 350% jeudi à la clôture.

En se basant sur les chiffres les plus récents, la valeur boursière du groupe atteignait les 3,2 milliards de dollars.

Un montant impressionnant pour une entreprise récente, jusqu'alors confidentielle et sans activité commerciale.

Digital World Acquisition Corp, qui s'échange sous le symbole DWAC au Nasdaq, est en effet une société d'acquisition à vocation spécifique, ou SPAC en anglais, c'est-à-dire une coquille vide cotée en Bourse en vue d'une fusion avec une entreprise pour laquelle elle lève des fonds en vendant des actions.

Lors de son entrée au Nasdaq en septembre, DWAC avait levé 293 millions de dollars.

La société cible s'est donc avérée être le nouveau groupe de médias et de technologies de M. Trump, fondé en février dans le Delaware, qui doit porter le projet de réseau social du milliardaire républicain.

Intitulée "Truth Social", cette future plateforme a été présentée par l'ancien locataire de la Maison Blanche comme une alternative à Facebook, Twitter et YouTube dont il est banni pour avoir incité ses partisans à la violence avant l'invasion du Capitole, le 6 janvier.

Dans un communiqué publié mercredi pour annoncer la fusion avec DWAC, M. Trump a dit vouloir "résister à la tyrannie des géants technologiques" et s'est indigné d'avoir été "réduit au silence".

Nouveau GameStop

Sa récente montée en flèche à Wall Street n'est pas sans rappeler celle de la chaîne de magasins de jeux vidéo GameStop et d'une poignée d'autres titres (AMC, Blackberry, Bed Bath & Beyond) en début d'année.

Ces entreprises avaient été plébiscitées par une armée d'investisseurs amateurs souhaitant prendre à revers de grands fonds qui avaient au contraire misé sur l'effondrement boursier d'entreprises à la santé financière chancelante.

Pour Patrick O'Hare, chef de l'analyse de marchés chez Briefing.com, le parallèle avec la saga GameStop est évident, d'autant que la spéculation autour des SPAC va bon train depuis plusieurs mois aux Etats-Unis.

"Ce sont des jeux d'argent", affirme M. O'Hare. "C'est un signe des temps. Il n'y a aucune raison fondamentale pour justifier les mouvements que l'on observe."

Sur le forum WallStreetBets du site Reddit, où se retrouvent 11 millions de boursicoteurs amateurs de paris boursiers ultra-risqués et qui avaient été à l'avant-garde de l'ascension de GameStop, la hausse de DWAC était abondamment commentée.

"Il s'avère que DWAC était le nouveau GME (le symbole de Gamestop, ndlr)", s'enthousiasmait vendredi l'un des membres du forum.

Une autre raison susceptible d'expliquer la progression boursière de DWAC tient au soutien dont Donald Trump continue de jouir chez des millions d'électeurs républicains.

Battu par Joe Biden à la présidentielle de novembre dernier, le milliardaire n'a jamais reconnu officiellement sa défaite et a laissé entendre qu'il comptait se représenter en 2024.

L'annonce de la fusion entre DWAC et le nouveau groupe de M. Trump n'a toutefois pas été du goût de tous les investisseurs.

Selon le New York Times, le fonds Saba Capital, dirigé par un investisseur de tendance démocrate, a ainsi décidé de vendre une grande partie de ses actions de l'entreprise en apprenant ses liens avec l'ancien locataire de la Maison Blanche.

Contacté par l'AFP, Saba n'a pas réagi dans l'immédiat.

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