La clé du succès de FANUC, c'est la sérialisation. Le Japonais laisse la plupart du temps à d'autres le soin de s'occuper du marché du sur-mesure : il se concentre sur le prêt-à-porter. Mais le prêt-à-porter robuste, fonctionnel et fiable. C'est la marque de fabrique qui lui a permis de prendre la première place mondiale du secteur, et de la conserver. Cette philosophie a conduit à une évolution presque cousue de fil blanc : désormais chez FANUC, des robots fabriquent des robots. Mais il serait faux de restreindre les qualités de l'entreprise à une rusticité, toute relative, de ses produits. Pour s'imposer avec des systèmes standardisés, il faut être à l'écoute de ses clients. C'est l'une des autres forces du Japonais : il est réputé pour son service après-vente et pour la prise en compte des besoins des industriels qui lui font confiance.

Des robots FANUC
Des robots FANUC (2022 / Source Société).

Cette mécanique bien huilée permet d'afficher des performances financières époustouflantes. Si les marges d'exploitation de 35% qui étaient la norme au début de la décennie précédente n'ont plus cours, elles n'en dépassent pas moins 20% actuellement. C'est d'autant plus remarquable que FANUC a tendance à vendre un peu moins cher que la concurrence, grâce aux économies engendrées par la sérialisation, justement. Le bilan héberge un trésor de guerre colossal sous la forme d'une trésorerie nette de près de 4,4 milliards de dollars, que le management a tendance à laisser dormir pour les périodes de vaches maigres. Les puristes y voient toutefois une allocation sous-optimale des ressources.

Des ventes largement réparties, mais une dépendance à la Chine

Le chiffre d'affaires provient de quatre activités. La division FA (27% des revenus) fournit les systèmes de commande de base (CNC) pour automatiser les processus en usine. La division Robot (38% des ventes) vend les bras robotisés qui réalisent les instructions de la CNC. La division Robomachine (21% des ventes) propose pour sa part des machines de production compactes, là aussi en lien avec la CNC. Le solde des revenus (14%) provient des services, principalement la maintenance, l'adaptation et le SAV. Au niveau géographique, les Amériques représentent 22%, l'Europe 15,5%, le Japon 15% et l'Asie hors-Chine 13,8%.

Installations annuelles de robots
Installations annuelles de robots dans le monde

FANUC reste très sino-dépendant avec environ un tiers des ventes en provenance du pays. En conséquence, l'entreprise a bénéficié d'un levier impressionnant sur les quinze dernières années, avec un rythme de déploiement de robots proprement ahurissant dans l'ancien Empire du Milieu. Il faut savoir qu'environ 3,5 millions de robots industriels étaient installés dans le monde fin 2021 et que la Chine draine une part énorme des nouveaux équipements. Plutôt entre 30 et 35% sur les dix dernières années, mais plus de 50% en 2021, une année record avec 517 000 robots déployés sur la planète.

Parcours de l'action FANUC
Parcours de l'action FANUC : pas fameux et sino-dépendant

Les performances de FANUC sont par conséquent étroitement corrélées à celles de la Chine, où l'on compte 246 robots pour 10 000 salariés, contre 932 en Corée du Sud et 371 en Allemagne, deux références industrielles. Côté pile, le potentiel d'équipement est encore conséquent. Côté face, les Etats-Unis cherchent à saper l'influence productive de Pékin, ce qui crée un point de vigilance.

Malgré les qualités indéniables de FANUC, son parcours boursier est heurté. Ces dernières années, il a d'ailleurs plutôt tendance à suivre les marchés actions chinois que les indices domestiques japonais, pour la raison qui vient d'être exposée. Mais l'entreprise reste un fleuron sectoriel qui bénéficie d'une tendance de fond puissante, la robotisation.