Londres (awp/afp) - Les cours des métaux industriels se sont envolés à des records cette semaine, attisés par les coûts de l'énergie dont les mines et fonderies sont gourmandes, dans un contexte de forte demande lié à la reprise postpandémie.

La hausse récente des prix du gaz et du pétrole "met la pression sur les industries dont la consommation d'énergie est forte", estime Michael Hewson, analyste de CMC Markets.

Le LME Index, un indice qui intègre les prix de l'aluminium, du cuivre, du plomb, du nickel, de l'étain et du zinc échangés sur le marché des métaux London Metal Exchange, a atteint jeudi un sommet historique à 4.623,4 points.

Cela représente une hausse de 35% depuis le début de l'année et un doublement depuis le creux de mars 2020, lorsque les premiers effets dévastateurs de la pandémie de Covid-19 se faisaient sentir et que les économies occidentales entraient en confinement.

Le LME index n'avait dépassé les 4.500 points que deux fois dans son histoire, en mai 2007.

La demande asiatique et européenne à l'approche de l'hiver dans l'hémisphère nord a provoqué une multiplication par trois du cours de référence du gaz en Europe depuis le début de l'été, et les cours du pétrole brut se sont appréciés de plus de 30% depuis août: un cocktail qui contraint certaines fonderies à réduire leur production.

Zinc et aluminium en tête

L'entreprise métallurgique belge Nyrstar, spécialiste du zinc, a ainsi annoncé mercredi "une réduction de la production dans ses trois fonderies européennes, jusqu'à 50% à partir d'aujourd'hui, en réponse à la flambée des prix de l'énergie".

"Les augmentations significatives du coût de l'électricité au cours des dernières semaines" et le poids des taxes carbone ne sont plus viables pour l'entreprise, justifie-t-elle dans un communiqué.

Le prix du zinc a fortement réagi en grimpant jusqu'à près de 25% cette semaine pour atteindre 3.944 dollars la tonne vendredi, du jamais vu depuis mai 2007.

Des "fonderies chinoises ont également réduit leur production", complète Anna Stablum, de Marex Spectron et la baisse des stocks de zinc du LME "ne montre aucun signe de ralentissement depuis six mois" constatent les experts d'Unicredit.

L'aluminium, qui évolue depuis lundi à des sommets en treize ans, connaît une situation analogue: à 3.215 dollars la tonne, il se rapprochait vendredi de son record historique datant de juillet 2008.

Très utilisé dans le transport et la construction, ses propriétés électriques le placent de plus en plus au centre de la transition climatique, avec comme point faible "l'énergie qui représente environ 40% de ses coûts de fabrication", selon Daniel Briesemann, analyste de Commerzbank.

Vers un contre-coup?

Entrant dans la confection de circuits électriques, le cuivre a de son côté repassé jeudi et vendredi la barre des 10.000 dollars la tonne, une première depuis quatre mois.

Bien aidé par un dollar en repli, le métal rouge a désormais en ligne de mire son record historique de mai, à 10.747,50 dollars la tonne.

L'étain, dont la petite taille de marché amplifie les mouvements de prix, a touché vendredi un nouveau record historique à 37.500 dollars la tonne.

Le métal blanc grisâtre, utile aux soudures de composants d'appareils électroniques comme les smartphones ou tablettes, enchaine les records depuis juillet.

Le nickel et le plomb profitaient dans une moindre mesure de cet environnement haussier.

Ces hausses en cascade "alimentent les pressions inflationnistes", explique à l'AFP Edward Moya, de Oanda, qui pourraient devenir "un obstacle majeur à la reprise économique mondiale".

Les indicateurs "d'un refroidissement de l'économie chinoise", comme l'impact similaire du coût de l'énergie en aval pour les industries achetant ces métaux, "ont cependant été ignorés par les acteurs du marché jusqu'à présent", répond M. Briesemann.

afp/rp