Réserver de bonnes surprises peu après son introduction en Bourse est assez rare pour être souligné et justifier un coup de projecteur. Nous avons donc interrogé sa direction à l’occasion d’une visite au siège de cette PME angevine. Ex-filiale en difficulté du géant américain Flextronics, cette société fondée en 1950 a retrouvé son indépendance en 2010 lorsque son dirigeant actuel l’a rachetée avec l’aide d’un investisseur industriel privé (Active’Invest). La PME de 200 personnes fournit aujourd’hui des équipements techniques extérieurs, à commencer par des armoires urbaines (télécoms/énergie) et plus récemment des bornes de recharge électriques, marchés sur lesquels elle occupe la place de n°1. Découverte. 

Exemples d’équipements Grolleau (source : présentation société- juin 2022) 

Qu’est-ce que l’introduction en Bourse a changé pour vous et pour l’entreprise ? 

" Assez peu de choses en réalité. En tant que filiale d’un groupe américain, nous avions pris un certain nombre d’habitude en termes de reporting. Certains cadres étaient déjà actionnaires avant l’IPO, quelques salariés ont acheté des actions lors de l’opération. Notre émission de titres sur le marché, sursouscrite deux fois, nous a permis de lever 8M€ : suffisamment pour accélérer en croissance interne et externe. Quant au cours de Bourse, inutile d’y accorder trop d’importance, nous ne pouvons agir que sur les résultats ! " 

Grolleau a repris le chemin de la forte croissance l’an dernier. D’où vient-elle ? 

" Effectivement, nous sommes fiers d’avoir quasiment effacé la crise sanitaire et d’avoir renoué avec les bénéfices. La production de bornes de recharges pour véhicules électriques, sur laquelle nous atteignons les 20% de part de marché, a tiré la croissance. Nous avons notamment livré 1991 points de charges s à Total Energies pour la ville de Paris, nous amenant tous produits confondus à plus de 3,8 M€ € de CA contre 0.4 M€ avec ce client l’année précédente. La croissance de ce client chez nous est loin d’être terminée. Nous venons de remporter un contrat de déploiement sur l’exercice 2022-23 de 350 bornes dans les stations-services du groupe en France. Notre ambition maintenant sur ce marché est de devenir le fabricant, en marque blanche, de bornes de recharge ultra rapides en courant continu (>100 kW DC). Nous avons reçu à ce titre une subvention de 800 K€ des fonds de modernisation Automobile et Aéronautique du plan France Relance. A terme, nous estimons le potentiel de ce marché à 3 000 bornes environ. L’enjeu est donc très important pour Grolleau, même si nous veillerons à asseoir notre trajectoire de croissance sur nos 3 marchés (Urbain, Télécoms, Industrie) à l’image de la répartition actuelle de notre carnet de commandes de 11.7 M€, en hausse de 125% sur un an." 

Des ambitions sur 3 pôles : Urbain, Télécom et Industrie (source : présentation société juin 2022) 

Comment gérez-vous les pénuries et les hausses de prix ? 

" Nous n’avons pas d’arrêts de production, juste quelques petits retards de livraison fournisseurs que nous essayons de limiter en stockant un peu plus de composants qu’à notre habitude. Nous essayons dans la mesure possible de répercuter les hausses de prix à nos clients, sachant que les hausses de matières premières sont répercutées beaucoup plus facilement que les autres hausses de charges comme l’énergie. Sur l’exercice précédent, notre marge sur coûts d’achats est restée quasi-stable en pourcentage au vu du mix produit. Plus que la marge brute, nous veillons à préserver notre taux de valeur ajoutée, en cherchant à préserver le seuil des 40 %, ce qui est plus ou moins aisé en fonction du degré de concurrence de nos différents marchés. Le développement de notre offre de services en capitalisant sur la fourniture de nos équipements doit nous permettre de monter en valeur et d’améliorer la récurrence de nos facturations. Je pense notamment à la fourniture et la maintenance de capteurs qui pourra nous permettre de proposer des services de récupération et de valorisation de données au service de la ville de demain.  Ce sera une des clés, avec l’effet activité qui doit nous mener vers 50M€ de CA en 2025/26, du doublement visé de notre marge d’EBE à cet horizon, à 8-10% contre 4.5% sur le dernier exercice." 

Grolleau vise 50 M€ de CA en 2025-26. Cela passe-t-il par des acquisitions ? 

" Nous cherchons surtout à acquérir des compétences, des briques stratégiques comme nous venons de le faire dans le pôle industrie avec la prise de 28.7% du capital de l’éditeur de solutions Nexence pour 0,2 M€. Ce logiciel spécialisé dans le parcours client est un spécialiste des casiers connectés, ce qui va nous permettre d’enrichir notre offre de casiers consignes. Maintenant, si nous identifions une cible plus importante, capable de renforcer nos offres produits ou d’offrir plus de services et valeurs ajoutées à nos clients, nous l’étudierons attentivement. Une acquisition allemande nous aiderait par exemple à conquérir des marchés sur ce territoire difficile mais à fort potentiel.  

Les objectifs affichés lors de l’introduction en Bourse ont été confirmés en juin 2022