"L.D.L.C.", ce sont d’abord les initiales du fondateur de ce distributeur de matériel informatique né en 1996. C’est surtout le nom du premier site de e-commerce du Groupe familial éponyme dont les ambitions vont au-delà du redressement qu’il vient d’opérer. Nous revenons ici, avec Olivier, frère de Laurent, sur les résultats et surtout des perspectives enthousiasmantes du Groupe LDLC pour l’exercice en cours, démarré au 1er avril.

Olivier de la Clergerie, pouvez-vous nous présenter le Groupe LDLC à l’issu de cet exercice 2019/20

"LDLC est un distributeur spécialisé multimarques cross-canal qui a réalisé en 2019/20 un CA de 493,4 M€ via 7 sites marchands et 51 magasins LDLC en France. Nous adoptons une politique de marques clairement identifiées dont les ventes ne se cannibalisent pas mais qui mutualisent leurs systèmes informatiques, leurs services achats, leur logistique et toutes les fonctions back-office. En étant présents sur l’ensemble des gammes de prix et des typologies de client, nous sommes plus agiles, capables de défendre notre niveau global de marge brute dans un environnement concurrentiel mouvant. Cela peut nous amener à faire des choix, comme la fermeture de Maginéa dans la décoration online en avril 2019, ou le repositionnement de Materiel.net, distributeur de matériel informatique que nous avons racheté en 2016. Ce repositionnement a d’ailleurs pesé à hauteur de 18 M€ sur notre CA cette année, avec en revanche un effet favorable sur la marge brute du groupe, en hausse de 2 points à périmètre constant"

Contribution des différents segments d’activité au chiffre d’affaires (source : LDLC)

Comment expliquez-vous la baisse du chiffre d’affaires sur 2019/20 malgré une nouvelle progression de 9,5% du panier moyen, à 426 € ?

"Cela s’explique à la fois par le repositionnement de Matériel.net et par notre montée en gamme associée au développement du BtoB. A la différence de concurrents comme Amazon, nos clients passent rarement des commandes d’un montant inférieur à 70€... Cela rend notre marge brute de 19,3%, contre 17% l’exercice précédent, soutenable."

Quel est l’impact de la crise sanitaire jusqu’à présent et au-delà ?

"Nous pouvons distinguer la période de confinement et celle qui suit, depuis la mi-mai. Pendant le confinement, les ventes BtoC online se sont très bien portées, avec une logistique légèrement dégradée, alors que quasiment toutes nos boutiques ont dû fermer. Sur le BtoB, nous avons en revanche observé un fort ralentissement. Mais depuis la mi-mai, tous les feux sont au vert, avec un phénomène de rattrapage à court terme qui devrait être entretenu par des tendances plus durables. En effet, cette période a accéléré la mutation digitale de nos clients : il y aura clairement un avant et un après pour le e-commerce. De plus, les familles, qui ont dans l’ensemble reconstitué du pouvoir d’achat en épargnant, ont senti qu’un PC de plus ne serait pas de trop à la maison. Enfin, le télétravail génère de nouveaux besoins que nous comptons bien adresser ces prochains mois. Ces tendances durables ne nous amèneront pas à modifier notre plan d’ouverture de 15 magasins par an avec un objectif de 100 boutiques, même si la crise ralentira ce rythme très ponctuellement."

Le groupe a indiqué viser plus de 600 M€ de CA et 33 M€ d’EBE pour l’exercice en cours. Une marque de confiance dans le contexte actuel ?

"LDLC a traversé une période de 18 mois pendant laquelle le prix des composants a connu une hausse sans précédent qui avait mis à mal nos ventes et nos marges. Cette période est passée et nous venons d’intégrer les actifs de Top Achat rachetés à bon compte à la barre du Tribunal. Top Achat va nous apporter un CA annuel supplémentaire de plus de 90 M€ avec un impact directement très relutif sur nos marges grâce à un rapprochement déjà opérationnel qui va nous permettre de dégager des économies d’échelles significatives. Combiné à une croissance organique significative pour les raisons indiquées précédemment, il nous apparait raisonnable d’afficher notre ambition annuelle."

Le groupe achèvera son désendettement net cette année. Comment comptez-vous utiliser ces nouvelles marges de manœuvre ? 

"S’endetter n’est pas une fin en soi, nous aurons recours à l’endettement selon les opportunités qui se présenteront, ce que nous avons toujours fait. Le champ des possibles est vaste. Cela peut être en investissant davantage dans la R&D, comme nous l’avons fait avec nos claviers innovants et notre sabre laser connecté (www.solaari.com), à l’international ou sur des segments différents…"

Pourquoi s’être lancé dans la conception de produits propres et dans la puériculture ?

"En tant que distributeur, il nous faut intégrer de la valeur pour nous différencier, renforcer la marque et sa notoriété. En tant que groupe de distributeurs spécialisés, nous souhaitons nous diversifier sur d’autres segments que les produits high-tech, tout en mutualisant l’outil informatique et logistique. Notre marque de puériculture "l’armoire de bébé" s’inscrit dans cette stratégie, avec un niveau de marge deux fois plus élevé que sur notre activité historique. D’autres verticales pourraient avoir leur place dans le groupe, en France ou à l’international."

LDLC se défend très bien dans un secteur très concurrentiel. Quelles sont les principales forces de l’entreprise ?

"Performer dans un monde concurrentiel implique une identité forte pour sortir de l’équation prix/coûts/volumes. Nous faisons la différence sur le rapport qualité-prix, la relation client, l’expertise et le conseil. L’ouverture d’un réseau de boutiques participe à cette stratégie. Le client s’en trouve fidélisé."

Répartition des 6,32 millions d’actions LDLC (source LDLC)