Pionnier de l’imagerie diagnostique et interventionnelle, Guerbet est positionné depuis bientôt 100 ans dans le domaine des produits de contraste, avec plus de 2 600 collaborateurs dans le monde. Le laboratoire vient de publier des résultats 2020 impactés par les annulations d’examens. Plus structurellement, l’arrivée sur le marché depuis trois ans de génériques d’un de ses produits phares, le Dotarem, fait pression sur son chiffre d’affaires. Mais cette entreprise familiale ne compte pas en rester là. Entretien.

Le Dotarem® : depuis 1989, près de 100 millions de doses ont été administrées dans le monde pour des examens par IRM (source : Guerbet)

Jérôme Estampes, que pouvez-vous dire aux investisseurs qui ont du mal à voir les relais de croissance chez Guerbet ?

" La croissance viendra de l’interne et de l’externe. En interne d’abord, sur nos métiers actuels, nous avons encore des parts de marché à conquérir. Sur les solutions injectées par exemple, les radiologues cherchent à avoir une offre plus globale intégrant les injecteurs et les consommables. Sur notre base installée, nous fournissons entre 10 et 15% des consommables, lesquels représentent environ 10% du chiffre d’affaires groupe, en incluant les injecteurs. On a là une trentaine de millions environ à aller chercher. Autre source de gains de parts de marchés :  l’Asie. En Chine notamment, car il s’agit du 2e marché mondial des produits de contraste et que nous y sommes encore tous petits. Nous cherchons actuellement à obtenir une licence pharma sur ce pays. En Inde, le marché finira par décoller et nous sommes en train de nous y préparer. La croissance interne viendra enfin de l’innovation. Nous fondons beaucoup d’espoir pour que le Gadopiclenol, dont les premières ventes seraient attendues pour 2023 (sous réserve que notre produit soit approuvé par les autorités réglementaires), devienne la référence pour les radiologues comme le fut Dotarem avant le développement des génériques.

2e axe de croissance, les acquisitions dans l’Imagerie Interventionnelle. Nous souhaitons développer notre portefeuille comme nous l’avons fait il y a 3 ans avec Accurate Medical Therapeutics. Nous nous sommes réorganisés pour cela en interne et avons recruté les bonnes personnes. "

De quelles marges de manœuvre financières disposez-vous ? Les prix d’entrée sont élevés, pensez-vous les compenser par des synergies ?

 " Oui, les prix sont élevés, et il ne s’agit pas de faire des synergies de coûts mais plutôt d’acquérir des forces de vente, éventuellement une plateforme industrielle sur laquelle nous pourrons greffer notre portefeuille de microcatheters ou encore l’acquisition d’une nouvelle technologie en imagerie interventionnelle. En termes de capacité d’acquisition, tous les moyens sont envisageables dans le cas d’une acquisition transformante d’ampleur supérieure à Accurate que nous avions payé une cinquantaine de millions d’euros en 2018. "

Le titre se redresse nettement depuis la semaine dernière
Le titre se redresse nettement depuis la semaine dernière

Compte tenu des économies réalisées en 2020, la prévision pour 2021 d’une marge d’EBITDA au moins égale à celle de 2020 est-elle prudente ?

" Il est vrai que 50% des économies réalisées en 2020 sont récurrentes, soit 15 à 20 M€. Cependant, tout dépendra de l’évolution de la situation sanitaire. Autant les Etats-Unis devraient repartir fort, autant en Europe il est encore trop tôt pour se projeter. Les patients ont encore du mal à retourner à l’hôpital en ce début d’année et 80% des interventions annulées sont des interventions de suivi qui ne seront pas rattrapées. "

Guerbet est une entreprise familiale qui dit accorder une grande importance à la Responsabilité Sociale des Entreprises. De quelle initiative la direction est-elle particulièrement fière dans ce domaine ?

 " L’année 2020 a été une sorte de révélateur pour nous. Toutes et tous tournés vers deux objectifs majeurs : d’abord protéger les collaborateurs et, ensuite, continuer à produire, pour remplir notre mission en tant qu’entreprise dans le domaine de la santé. Identifier et formuler notre raison d’être s’est imposé, comme une évidence pour capturer cette essence à l’œuvre dans cette crise. "Tisser des liens durables pour permettre de vivre mieux" est notre raison d’être. Elle sera un filtre stratégique pour nos actions au quotidien. Par ailleurs, David Hale, notre DG, insiste énormément sur la mixité et la parité au sein de l’entreprise. Nous visons 40% de femmes au Comité Exécutif en 2022 et 40% de femmes dans le top management en 2023. "

Chiffres clés de l’exercice 2020 (source : Guerbet)