Paris (awp/afp) - L'engouement des clients asiatiques pour le luxe s'est encore accru cet été, offrant aux géants français du secteur l'occasion de briller à nouveau au troisième trimestre.

Avec la publication de ventes qui repartent à la hausse entre juillet et septembre et dépassent les attentes, grâce à l'Asie, Hermès en a apporté jeudi une nouvelle démonstration éclatante.

LVMH avait déjà surpris positivement les analystes la semaine passée en limitant nettement l'érosion de son chiffre d'affaires au troisième trimestre, profitant également de la dynamique du continent.

Kering doit dévoiler ses propres chiffres ce jeudi après la clôture des marchés.

"Le secteur du luxe marche très bien. La sphère asiatique est très puissante, en particulier en Chine où ceux qui n'ont pas pu venir acheter en Europe ont quand même fait leurs emplettes sur place", souligne auprès de l'AFP Arnaud Cadart, gérant de portefeuilles chez Flornoy.

Hermès apporte "une nouvelle preuve sans équivoque", après LVMH, "que la demande pour les produits de luxe s'est concrètement redressée cet été, et ce même si les voyages intercontinentaux sont pratiquement inexistants", observe également Luca Solca, analyste Luxe chez Bernstein.

"Se faire plaisir"

Chez Hermès, l'Asie hors Japon a connu une hausse de 25,2% en données publiées, avec une "performance remarquable de la Chine continentale, de la Corée, de l'Australie et de la Thaïlande" et un redressement du Japon (+8,1%).

Le continent a aussi soutenu le numéro un mondial du luxe, LVMH, avec une progression de 13% de la croissance organique au 3e trimestre. Et sur neuf mois l'Asie représente 34% des revenus du groupe.

Si l'Extrême-Orient joue clairement le rôle de locomotive, les deux poids lourds ont aussi trouvé d'autres relais.

"Les produits les plus accessibles chez les marques les plus reconnues ont fait un carton" en Europe et aux États-Unis également, note M. Cadart. Car "dans une phase de crise, c'est là que les gens viennent se faire plaisir et dépenser les économies qui n'ont pas servi à voyager, à aller au théâtre ou au restaurant".

En outre, "Hermès a récolté les fruits de ses investissements dans la vente en ligne", note M. Cadart.

"L'e-commerce est devenu notre premier magasin dans le groupe avec une croissance" qui est "proche de trois chiffres", a ainsi assuré le directeur financier d'Hermès, Eric du Halgouët.

Un horizon toujours incertain

En Bourse, les investisseurs ont clairement salué ces résultats, avec une prime pour le premier à créer la surprise, à savoir LVMH qui a fait un bond de 7,34% vendredi dans la foulée de ses résultats, entraînant tout le secteur dans sillage.

Ce jeudi, sur la place parisienne, Hermès faisait partie des rares valeurs dans le vert. Son action signe même la meilleure performances du CAC 40 depuis le 1er janvier avec une hausse de plus de 23%.

Si l'embellie est clairement au rendez-vous, les séquelles de la pandémie n'ont pas été totalement effacées et sont davantage visibles sur neuf mois: avec 4,288 milliards d'euros, les ventes d'Hermès refluent ainsi de 14,4%, tandis que celles de LVMH baissent de 21% à 30,348 milliards d'euros.

Les deux groupes se sont d'ailleurs gardés de tout triomphalisme.

"La solidité économique et financière d'Hermès permet au groupe de traverser cette crise avec sérénité", a assuré Eric du Halgouët, tout en préférant rester "prudent".

"Dans un contexte très perturbé, marqué par des incertitudes" le groupe continuera de faire preuve de vigilance", avait assuré de son côté LVMH.

Les dernières nouvelles sur le front sanitaire "pèsent sur la confiance. La Chine a clairement redémarré, mais elle ne peut pas fonctionner toute seule", estime M. Cadart.

Pour autant, selon lui, "le quatrième trimestre est celui des fêtes de fin d'année, synonymes d'achats massifs chez les Occidentaux. Or, privés de déplacements, les gens pourraient continuer à se réorienter vers le luxe, assurant une bonne résistance à ces trois derniers mois".

afp/rp