Zurich (awp) - La direction générale de Holcim maintient son cap en matière d'allocation de capitaux, au lendemain de l'annonce de la cession des activités de la multinationale en Inde pour l'équivalent de 6,4 milliards de francs suisses. Le produit de la transaction doit alimenter en première ligne l'unité Solutions & Products, dont la contribution doit représenter 30% des recettes du groupe d'ici 2025.

Le directeur général Jan Jenisch a évoqué lundi en téléconférence une dizaine de cibles d'acquisition potentielles, entre grosse opération et achats complémentaires. Si l'extension des capacités dispose d'une priorité absolue dans la stratégie arrêtée, des contrariétés dans le calendrier d'acquisitions pourraient déboucher sur un intéressement des actionnaires aux généreuses liquidités dont dispose Holcim.

Sur le plan comptable, la responsable de finances Géraldine Picaud a articulé un gain de 1,5 à 2,0 milliards de francs suisses. Le montant final dépendra du cours de la roupie indienne au moment de la finalisation de la transaction.

La vente du cimentier Ambuja et des parts plus ou moins directement détenues dans son homologue ACC, ainsi que l'accent exercé dans le domaine de la couverture ou de l'isolation des bâtiments n'augure en rien un abandon de la production de ciment. Une fois finalisée, la transaction permettra toutefois à la multinationale désormais zougoise de décarboner drastiquement ce segment d'activité. Les affaires indiennes représentent à elles seules 26% des émissions de dioxyde de carbone du groupe.

Après l'Inde, qui faisait déjà ces dernières semaines l'objet de rumeurs persistantes, Holcim doit désormais régler la question de sa présence en Russie. M. Jenisch a assuré avoir reçu de nombreux témoignage d'intérêt pour les cimenteries et carrières mises en vente fin mars et qui emploient un millier de personnes au pays des tsars. Le processus n'a toutefois pas encore abouti, a reconnu le timonier.

les analystes accueillent bien la transaction

La transaction représente un bénéfice par action Holcim de plus de dix francs suisses, calcule dans un commentaire Bernd Pomrehn. L'analyste de Vontobel salue au passage un produit de cession nettement supérieur à la valorisation des actifs externalisés.

Holcim pourra de surcroît réinjecter ces gains dans des activités moins émettrices de CO2 et plus rentables. L'expert de la banque de gestion zurichoise campe sur la recommandation à l'achat, assortie d'un objectif de cours de 65 francs suisses.

Chez Stifel, Tobias Woerner se montre plus dubitatif à l'endroit du prix obtenu. Ce néanmoins important afflux de liquidités pose désormais la question de son allocation, entre nouvelles acquisitions, extension de capacités, rachats d'actions voire agrémentation du dividende.

L'externalisation des activités indiennes prive le groupe d'un pilier de croissance pour la prochaine décennie, mais décarbone aussi mathématiquement son bilan, poursuit l'expert de la banque francfortoise. La recommandation à l'achat reste de mise, comme l'objectif de cours de 65 francs suisses.

La Banque cantonale de Zurich aussi maintient sa recommandation à l'achat. Le désinvestissement va permettre à la direction d'étoffer Solutions & Products, de manière à approcher l'unité des 30% de revenus du groupe visés à l'horizon, estime Martin Hüsler.

L'action Holcim a fini lundi en recul de 0,9% à 46,89 francs suisses, dans un SMI en progression de 0,2%.

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