Rome (awp/afp) - Toujours à zéro point en Ligue des champions et mal partie en championnat, la Juventus veut endiguer la spirale négative contre le Maccabi Haïfa mercredi (21h00), un impératif sportif mais aussi financier pour une "Vieille dame" dans le rouge.

Après les deux revers 2-1 contre le Paris-SG et Benfica, un premier succès, à domicile contre l'équipe la plus faible du groupe, est indispensable aux Bianconeri s'ils veulent rester en course pour l'un des deux billets qualificatifs pour les huitièmes de C1.

Une élimination dès la phase de poules de la plus prestigieuse et lucrative des compétitions de clubs -la Juve avait touché 70 M EUR la saison dernière- serait inédit depuis 2013 pour l'équipe aux neuf finales de C1 (deux titres).

Au-delà d'une question de standing pour l'un des trois clubs, avec Barcelone et le Real Madrid, militant encore pour la création d'une Super Ligue réservée aux plus riches, aller le plus loin possible est aussi un enjeu financier.

La "Vieille dame" vient d'annoncer des pertes historiques -près de 255 millions d'euros- pour la saison dernière (2021/22): le déficit le plus important jamais enregistré par le club détenu depuis près d'un siècle par la famille Agnelli mais aussi le plus important de l'histoire du football italien, au-delà des 245 M EUR de l'Inter Milan lors de la saison précédente.

Encore un effet Covid

Les comptes approuvés par le conseil d'administration le 23 septembre ont "encore été pénalisés de façon significative" par les conséquences "directes et indirectes" de la pandémie de Covid-19, selon la Juve, qui avait accusé un déficit déjà important (210 M EUR) en 2020/21.

C'est la cinquième année de suite que les Bianconeri sont dans le rouge: les pertes s'accroissent année après année depuis la saison 2017/18 (-19,2 M EUR), en raison notamment du poids financier des trois saisons de Cristiano Ronaldo (2018-2021) puis de la pandémie qui a entraîné une baisse des revenus de billetterie et de sponsoring.

La Juventus a enregistré la saison dernière -sa première sans le moindre titre depuis 2011- une baisse de son chiffre d'affaires de près de 8% (à 443 M EUR), en raison notamment de revenus TV moins importants, et malgré une réouverture partielle des stades. Les coûts sont restés stables, portés par une masse salariale en hausse en dépit du départ de Cristiano Ronaldo à l'été 2021.

Le club le plus titré du Championnat d'Italie (36 sacres, 19 pour l'Inter et l'AC Milan) promet toutefois une "amélioration" de son bilan cette saison, notamment en raison d'une politique plus sage sur le marché des transferts.

Fair-play financier

Le mercato estival 2022 a donné le ton avec une balance ventes/achats positive et une baisse de l'ordre de 10 millions d'euros de la masse salariale des joueurs (en brut), selon l'analyse du site spécialisé Calcio e Finanza. Une économie réalisée grâce aux départs de joueurs comme Matthijs De Ligt, Paulo Dybala ou Federico Bernardeschi, malgré l'arrivée de Paul Pogba (8 M EUR de salaire annuel, selon la presse).

La tendance devrait se confirmer avec les départs probables en fin de saison d'Adrien Rabiot (7 M EUR de salaire annuel estimés), Alex Sandro (6 M) ou Juan Cuadrado (5 M), tous en fin de contrat.

D'autant que la Juve a convenu avec l'UEFA d'un plan de redressement sur trois saisons pour respecter les règles comptables du fair-play financier, après avoir écopé en septembre d'une amende limitée, en guise d'avertissement, de 3,5 millions d'euros.

L'ampleur de l'effort à fournir dépendra aussi des résultats sur le terrain, en Ligue des champions comme en championnat. Qualifiée in extremis pour la C1 ces deux dernières saisons, en terminant quatrième de Serie A, la Juve est encore partie au petit trot cette année: elle est seulement septième après huit journées, malgré un sursaut dimanche contre le mal classé Bologne (3-0).

afp/al