Seulement trois mois après la présentation de son plan stratégique Leadership 2025, le groupe Lacroix, qui a engagé sa mutation d’équipementier vers la fourniture de solutions complètes (électronique et logiciel) pour les applications à valeur ajoutée pour le « Smart World », annonce lancer une augmentation de capital d’une cinquantaine de millions d’euros. 16 ans après sa dernière levée de fonds, cette décision prise par la jeune génération pleinement aux manettes depuis 2018 n’est pas anodine : le montant représente près d’un tiers de la capitalisation boursière et  l’engagement financier de la famille, au moins 15 M€, conséquent. A noter que l’opération est sécurisée pour les ¾ , que les DPS sont négociables et que la période de souscription s’étend jusqu’au 21 juillet. 

Vincent Bedouin, pourquoi lancer maintenant une augmentation de capital et comment avez-vous dimensionné l’opération ?

" Le marché est en train d’accélérer, nous le voyons dans nos échanges avec nos clients, à travers les appels d’offres, et d’un point de vue technologique. Rappelons que notre plan stratégique vise à doubler de taille d’ici 2025, ce qui implique d’enclencher assez fort et assez vite notre stratégie de croissance externe. Alors que le reste du plan aurait pu être autofinancé, les acquisitions reposent sur une ouverture de notre capital. Le fait que le plan ait été bien accueilli, par nos clients comme par des investisseurs qui montrent de l’intérêt pour nos marchés d’avenir, nous offre l’opportunité de lever des fonds maintenant pour pouvoir ensuite mieux nous concentrer sur l’exécution du plan. Quant au montant, une cinquantaine de millions d’euros, nous en aurons besoin pour les acquisitions envisagées tout en conservant les deux tiers des droits de vote compte tenu de la participation de la famille Bedouin à hauteur de 15 M€. "

Source : LACROIX Group

Que pouvez-vous nous dire sur les croissances externes envisagées, les moyens consacrés et les types de cibles visées…

"Notre capacité d’acquisition dépendra du montant levé, qui peut aller jusqu’à 54,9M€ en cas d'exercice intégral de la clause d'extension, sachant que nous visons en fin de plan 2025 un taux d’endettement sur fonds propres maximal de 80%, sans dépasser les 100% entre-temps. Le tout en distribuant 30% du résultat net sous forme de dividende. Concernant les cibles, le marché est dynamique puisque nous n’avons jamais vu passer autant de dossiers. Un certain nombre d’acteurs prennent conscience de l’accélération du marché et du besoin d’accélérer seul ou de se rapprocher d’un plus grand groupe. Nous serons vigilants sur les prix mais également les synergies potentielles qui peuvent justifier des prix parfois élevés. Nos trois activités ont vocation à accélérer leur croissance organique par des croissances externes. Pour rappel, nous avons réalisé 7 acquisitions dans le plan précédent qui s’est achevé en 2020, ce qui nous a permis de repositionner le groupe sur sa mission de leader de l’industriel IOT et l’équipement électronique pour des applications critiques. Ces acquisitions doivent nous permettre d’accélérer l’atteinte de nos principaux objectifs 2025, à savoir réaliser plus de 70% de l’activité totale hors de France d’ici 5 ans, multiplier par deux les dépenses de R&D à plus de 5% du CA total, et de porter la part des nouveaux produits (moins de 5 ans) à 50%. Géographiquement, les Etats-Unis et l’Allemagne sont un terrain de chasse pour nos trois activités. "

Source : LACROIX Group

Aux Etats-Unis, la cible la plus logique est votre partenaire américain Firstronic. Où en êtes-vous ? Quelle est sa valeur ?

"Concernant notre participation actuelle de 12,5% dans l’EMS américain Firstronic, nous avons une option pour devenir majoritaire mais tout ne dépend pas de nous et il faudra savoir changer de cible si la situation venait à se figer. Firstronic réalise une marge d’Ebitda d’un peu plus de 6%, un bon niveau dans son secteur, et devrait dépasser les 100M€ de CA cette année… "

Le coût et le calendrier de votre usine électronique du futur « Symbiose » près de Cholet a-t-il un peu débordé par rapport aux prévisions ? 

"Nous sommes toujours sur un investissement initial de 25M€ et de 32,5M€ en comprenant les investissements récurrents habituels sur la longueur du plan, qui auraient de toutes façons dû être réalisés sur l’ancienne usine. La livraison est toujours prévue pour la fin 2021. Sa montée en puissance sera progressive est nous permettra de passer de 50 M€ de CA en 2022 à 100ME en 2027."

Pouvez-vous confirmer vos objectifs 2021 malgré la crise des composants ?

"Nos objectifs 2021 intègrent le ralentissement lié à ces difficultés d’approvisionnement. La demande est très forte, notamment dans l’automobile qui embarque de plus en plus d’électronique. Rappelons que l’aéronautique pèse moins de 5% de notre CA. Même si la visibilité reste faible, nous sommes confiants dans le relâchement de ces tensions au cours du 1er semestre 2022. Cette crise des composants aura permis aux décideurs, politiques notamment, de prendre conscience de la dépendance de nos supply-chain aux pays asiatiques et de la nécessité de continentaliser davantage les capacités de production. Les problématiques d’impact carbone des chaînes d’approvisionnement actuelles entrent également dans la réflexion au niveau des grands comptes. Inverser la tendance prendra cependant du temps. "

Source : LACROIX Group
L'interviewer Raphaël Girault est actuellement actionnaire de la société LACROIX Group.