Paris (awp/afp) - Vivendi et le fonds Amber Capital ont disputé jeudi en appel le second tour de leur bataille judiciaire contre Arnaud Lagardère, qui tente d'enrayer la tentative de putsch de ses actionnaires. La justice rendra sa décision le 17 décembre.

Premiers actionnaires de Lagardère, le géant des médias Vivendi, contrôlé par Vincent Bolloré, et Amber Capital veulent renverser le conseil de surveillance du groupe, et y être représentés en nommant quatre nouveaux membres.

Or, Arnaud Lagardère refuse d'organiser l'assemblée générale extraordinaire qu'ils demandent. En première instance, le tribunal de commerce de Paris n'a pas non plus souhaité désigner un mandataire chargé de la convoquer, arguant que les deux actionnaires n'ont pas "démontré avec l'évidence requise qu'ils poursuivent un autre but que celui de leurs intérêts propres".

Les appelants ont tenté jeudi d'expliquer qu'il était "légitime" pour des actionnaires représentant ensemble 49% du capital d'interroger la capacité du conseil de surveillance d'exercer en toute indépendance ses pouvoirs de contrôle sur la gestion du groupe.

L'avocat d'Amber Saam Golshani a affirmé que le juge des référés avait "préempté la décision des actionnaires" en considérant que le fonctionnement formel des organes sociaux de Lagardère SCA ne souffrait d'aucune anomalie.

Ils dénoncent notamment le renouvellement anticipé, par un conseil de surveillance organisé le 17 août, du mandat de gérant d'Arnaud Lagardère qui devait arriver à échéance en mars 2021.

"En référé, l'intervention du juge dans le fonctionnement des sociétés cotées doit rester exceptionnelle", a rétorqué la défense de Lagardère, qui a renvoyé Vivendi et Amber au lancement d'une offre publique ou à l'attente de l'assemblée générale ordinaire prévue en mai.

La Cour d'appel rendra sa décision le 17 décembre.

Toutefois selon des sources proches du dossier, les grands patrons impliqués dans ce conflit négocient des solutions alternatives, revenant à se partager les actifs du groupe d'édition (Hachette) et de distribution dans les lieux de transport (boutiques Relay), également présent dans les médias (le JDD, Europe 1, Paris Match).

Vincent Bolloré, qui a vu ses projets concernant Europe 1 contrecarrés par l'arrivée surprise du milliardaire Bernard Arnault aux côtés du fils de Jean-Luc Lagardère, aurait notamment manifesté son intérêt pour marier le pôle international d'Hachette Livre à Editis, la filiale d'édition de Vivendi.

"Il n'existe actuellement aucune négociation sur une cession au sein du groupe, ni sur un quelconque changement dans sa structure en commandite par actions, et nous avons bien sûr des discussions avec tous les actionnaires", a déclaré début novembre Arnaud Lagardère lors de la présentation des revenus de son groupe au troisième trimestre, encore très affectés par la crise sanitaire.

afp/rp