Zurich (awp) - Plombé par la effets de la pandémie de Covid-19 et une charge de restructuration, Landis+Gyr a plongé dans le rouge au premier semestre 2020. Le fabricant zougois de compteurs électriques, qui doit compter avec des soucis fiscaux aux Etats-Unis, a essuyé une perte nette de 2,27 millions de dollars, contre un bénéfice net de 71,78 de millions un an auparavant.

Après intérêts minoritaires, la perte nette attribuable aux actionnaires s'établit à 2,04 millions de dollars (1,8 million de francs suisses), contre un résultat positif de 71,8 à fin juin 2019, ressort-il des chiffres dévoilés lundi. Demeurant pour sa part dans le noir, l'excédent d'exploitation Ebitda n'en a pas moins dégringolé, passant en l'espace d'un an de 128,2 à 31,8 millions.

Le tassement reflète notamment une charge de 15,4 millions de dollars, liée à la restructuration annoncée le 5 août dernier et devant entraîner la suppression de quelque 700 postes, soit 12% des quelque 5800 emplois du groupe sis à Zoug. Ces mesures devraient produire leur résultat à compter du 2e semestre 2020, soit des économies annuelles de près de 30 millions. Celles-ci devraient se chiffrer à 5 millions cette année.

Le coût total de la réorganisation se monte à 19 millions de dollars. L'Ebitda ajusté s'est fixé à 50,1 millions de dollars, contre 124,9 millions après six mois en 2019.

Retards aux Etats-Unis

Dans le contexte de la crise sanitaire, laquelle a aussi entraîné des retards au niveau d'autorisations réglementaires, en particulier aux Etats-Unis, les revenus se sont contractés de 27,7%, passant de 862,8 à 623,5 millions. Corrigée des effets de change, la baisse s'est inscrite à 27,1%.

Ces retards continueront de peser sur les affaires outre-Atlantique, celles-ci ayant chuté de près de 30% au premier semestre 2020/21, tout comme celles de la région Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA) . L'évolution s'est révélée plus favorable dans la zone Asie/Pacifique, le recul se limitant à 2% à taux de change constants.

Ajustées des effets de change, les entrées de commandes ont plongé de 44% à 456,9 millions de dollars. A fin juin, le carnet d'ordres se montait à 2,08 milliards, soit 17% de moins que douze mois auparavant.

A ces difficultés viennent s'ajouter des problèmes fiscaux aux Etats-Unis. Landis+Gyr croise le fer contre l'administration fiscale de Washington (WADOR), laquelle lui réclame pas moins de 22 millions de dollars (19,8 millions de francs suisses), pénalités et intérêts compris. Passé quasiment inaperçu dans le rapport annuel de l'exercice 2019/20, le conflit trouve son origine dans la décision du WADOR d'appliquer un autre impôt que celui sur les bénéfices.

Contestant l'évaluation, Landis+Gyr juge celle-ci "en contradiction avec les lois et les décisions de justice applicables dans des cas similaires". Des discussions sont donc en cours avec l'autorité fiscale afin de résoudre ce problème. Toutefois, le groupe de Suisse centrale estime qu'une solution passera probablement par une action en justice au cours du 2e semestre de l'exercice 2020/21, procédure qui nécessitera le paiement du montant dû.

Le conseil d'administration proposera avec un certain retard à ses actionnaires de leur verser 2 francs suisses par action au titre de 2019, une somme calculée de "manière très prudente", a justifié en conférence téléphonique Werner Lieberherr, le directeur général du groupe depuis avril dernier.

Les liquidités disponibles, hors coûts d'acquisition, ont augmenté de manière significative au premier semestre, passant de 33 millions à 45 millions de dollars en un an. La proposition de verser un dividende de 2 francs suisses se veut équilibrée, a ajouté M. Lieberherr, rappelant que la direction générale et le conseil d'administration ont renoncé à 10% de leur rémunération durant six mois.

Landis+Gyr note que de nombreuses incertitudes subsistent, tant en ce qui concerne la pandémie de Covid-19 que pour l'environnement général des affaires sur ses marchés clés. Pour l'exercice en cours dans son ensemble, l'entreprise anticipe un chiffre d'affaires net compris entre 1,3 et 1,4 milliard de dollars.

Les investisseurs n'ont guère goûté ces informations. Vers 11h25 à la Bourse suisse, l'action Landis+Gyr chutait de 3,48% à 51,35 francs suisses, alors que dans le même temps l'indice élargi SPI progressait de 0,26%.

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