Le N°1 européen de la volaille, également bien placé sur le traiteur avec la marque Marie, vient de publier des résultats annuels solides et sans surprise. Dans un secteur où les sociétés tournées vers la restauration et l’export sont touchées, LDC vole au secours de Ronsard, n°4 français de la volaille (160M€ de CA) et renforce une nouvelle fois sa part de marché. Entretien avec Denis Lambert, un dirigeant membre des familles fondatrices du Groupe.

Denis Lambert, l’exercice qui s’est ouvert au 1er mars sera impacté par la crise. Vous semble-t-il envisageable de reproduire vos bons résultats de 2019/20 ?

"Il est beaucoup trop tôt pour le dire. Depuis le début de la crise, nous nous sommes efforcés d’assurer l’essentiel, c’est-à-dire protéger nos collaborateurs et nous adapter à une demande bien supérieure sur certains produits et moindre sur d’autres. Les français vont, comme nous, découvrir les conséquences de cette crise au fur et à mesure, avec des conséquences économiques difficiles à prévoir. Nous restons prudents, ni trop optimistes ni trop pessimistes, sans compter que les cours des céréales sont très fluctuants. Nous donnons rendez-vous à la communauté financière en novembre. Ce que l’on peut constater pour l’instant, c’est que sur les deux premiers mois, marqués par le confinement, notre chiffre d’affaires accuse un repli de 7% et nos charges ont été gonflées par des surcoûts logistiques, sanitaires et salariaux puisque nous avons décidé de verser une prime de 10€ par jour aux salariés présents pendant la période de confinement. Ce geste impactera notre résultat opérationnel à hauteur de 6 à 7 M€."

Le cours des céréales, facteur déterminant du prix de revient des volailles

Le cours des céréales, facteur déterminant du prix de revient des volailles

Qu’est-ce que cette crise va durablement changer pour LDC ?

"Nous sommes convaincus qu’il nous faudra être plus autonomes dans tous les domaines, au-delà de la santé. S’alimenter en produits français, produits par nos agriculteurs, est de plus en plus important pour le consommateur. Cela nous renforce dans notre souhait de produire et vendre nationalement et même régionalement. Par ailleurs, le télétravail et le drive, qui étaient des mouvements déjà enclenchés, vont accélérer. Je parle du drive en GMS mais surtout, en ce qui nous concerne, le drive dans la restauration. J’observe que la restauration rapide connait une reprise très rapide."

Compte de résultat simplifié du Groupe (source : LDC)

Compte de résultat simplifié du Groupe (source : LDC)

Le traiteur atteint une marge opérationnelle record de 4%. Comment se situe la rentabilité sur capitaux investis de cette branche par rapport à celle de la volaille ?

"Le Traiteur n’a pas encore atteint le niveau de retour sur capitaux employés de la Volaille. Pourquoi ? Car nous avons, depuis 5-6 ans, rattrapé notre retard d’investissement dans le Traiteur. Par ailleurs, notre marge opérationnelle de 4% atteinte en 2019, contre 3% l’année précédente, n’est qu’une première étape. Fondamentalement, il n’y a pas de raison que les marges d’EBE et le retour sur investissement soient différents dans ces deux branches."

La part de marché de plus de 40% que vous atteindrez dans la Volaille avec la reprise de Ronsard ne va-t-elle pas permettre de conforter votre marge ? Y aura-t-il encore des acquisitions possibles en France ?

"Notre part de marché dans la volaille nous permet surtout de maintenir des prix bas sur des produits simples, ce que recherche une partie des consommateurs. Comment ? En nous permettant de spécialiser les sites, de réduire les coûts logistiques, et en garantissant aux éleveurs des volumes conséquents. Si l’acquisition des actifs de Ronsard aboutit, nous auront effectivement fait le tour, même s’il restera encore quelques régions où nous sommes peu présents. Notre part de marché en France n’a rien d’exceptionnel. Des acteurs équivalents existent dans d’autres pays d’Europe occidentale, je pense au Benelux et à l’Allemagne. Dans ce cas, nous avons une carte à jouer en y exportant des produits différents, comme de la pintade ou du canard. Nous avons une production particulièrement variée en France, à l’image de notre agriculture très diversifiée avec des élevages de petite taille. Ailleurs en Europe, notamment en Europe centrale, nous nous positionnons en consolidateur du marché de la volaille. C’est la stratégie que nous déployons en Pologne et en Hongrie."

Quelle est votre capacité d’investissement en croissance externe ? S’il y avait une cible importante, ce serait plutôt dans quel domaine ?

"Une cible de qualité qui nous renforcerait dans la Volaille ou le Traiteur, domaines où nous sommes à l’aise, justifierait de mobiliser quelques centaines de millions d’euros. Elle pourrait aussi bien concerner la Volaille à l’international que le Traiteur en France, par exemple dans les gammes où nous sommes peu présents comme les salades et les pâtes fraiches. Le traiteur n’est que le prolongement naturel de nos produits élaborés de volaille, avec le service en plus."

La nouvelle campagne publicitaire de la marque Le Gaulois, groupe LDC

La nouvelle campagne publicitaire de la marque Le Gaulois, groupe LDC