Bien que très diversifié, le spécialiste mondial des solutions d’assemblage a subi un effondrement de ses 3 marchés depuis la crise sanitaire. Pour autant, ce groupe industriel né au 18e siècle a fait preuve d'une forte résilience de ses principaux indicateurs de gestion grâce à une forte mobilisation et une adaptation rapide de ses coûts fixes.

 

Emmanuel Viellard, quelles sont les grandes tendances sur vos trois différents marchés ?

" La crise a particulièrement impacté la division Aéronautique et la division Automobile, avec un retour à la normale progressif attendu en 2022.

Dans l’Aéronautique, la filière a connu un « effet coup de fouet » lié à l’importance des stocks dans la filière. Notre carnet de commandes s’est petit à petit consommé pour remonter courant 2021, plus ou moins tôt selon les types de produits, avec à fin septembre global un book to bill de 1.1. Notre chiffre d’affaires a baissé plus que les cadences et la remontée va être plus forte également. Nous nous attendons à connaitre une croissance soutenue dans les trois prochaines années, sans revenir aux niveaux d’avant crise compte tenu de la faible reprise des vols long courrier. Globalement, nous avons pris des parts de marché en signant des contrats significatifs avec des clients majeurs pour les prochaines années et notre stratégie d’élargissement de nos produits de niches à forte valeur ajoutée fonctionne bien.

Dans l’Automobile, nous sommes tributaires de nos clients équipementiers et constructeurs dans le monde entier. Nous avons quelques signes encourageants d’une normalisation de l’approvisionnement en puces, mais la visibilité reste très faible et la situation devrait rester compliquée tout au long de l’année 2022. Le gain de parts de marchés est plus difficile à estimer mais nous avons prouvé une nouvelle fois à nos clients qu’ils pouvaient compter sur nous au plus fort de la crise et nos investissements produits, notamment à destination des véhicules hybrides et électriques, ont payé. La part des nouveaux produits dans le CA des 3 prochaines années sera de l’ordre de 15%, un niveau très supérieur à notre moyenne historique.

Enfin, dans le Médical, le marché de la chirurgie mini-invasive comme celui de la reconstruction orthopédique se caractérisent par une forte reprise des opérations qui n’est pas entravée par des difficultés dans la chaîne de production. Notre book to bill est largement supérieur à 1 dans cette division et pour l’instant les reports d’opérations sont marginaux et concentrés sur la France alors qu’aux Etats-Unis, pays important pour nous, la situation reste sous contrôle. La priorité de la division sera donnée à la poursuite du développement des nouveaux produits et à la montée en puissance des volumes de production. "

Tendances d’activité à fin septembre 2021 (source : Lisi, présentation du T3 2021)

A quel horizon le groupe pourrait-il retrouver son niveau d’activité d’avant crise ?

 " Notre plan de croissance interne 2021-2025, conforté par des acquisitions ciblées face à une concurrence affaiblie, prévoit un retour au niveau d’activité de 2019 en 2025. Mais les résultats devraient atteindre des niveaux records avant cette échéance grâce aux gains de valeur ajoutée sur les nouveaux produits et aux gains de productivité attendus de niveaux d’investissements sans précédent, notamment dans les process et le digital. Ces gains de productivité obtenus sur chacun de nos sites locaux seront partagés entre nos clients, les salariés et les actionnaires. Notre marge opérationnelle pourrait ainsi dépasser les 10% d’ici 2025."

Covid-19 : une crise sans précédent pour le groupe Lisi (source : présentation des résultats 2020 )

Dans un contexte inflationniste et où l’approvisionnement est délicat, quel est votre capacité de répercutions des hausses de coûts subies ?

 " C’est tout le jeu de la relation client. Autant dans l’Automobile, nous en avons l’habitude, avec même une partie des contrats qui sont indexés. Nous avons aujourd’hui répercuté les hausses auprès de 95% de nos clients de cette division. Les gains de productivité réalisés viennent amortir une grande partie du choc résiduel. Dans l’Aéronautique, nous n’avons pas augmenté les prix en 2021 car nos structures de coûts ne l’ont pas nécessité et que les matières composites sont moins inflationnistes, mais le sujet est sur la table pour janvier 2022. Enfin, dans le Médical, avec une valeur ajoutée qui se situe à un niveau supérieur à la moyenne du groupe, autour de 65/67%, le sujet est moins prégnant et les hausses plus facilement acceptées. "

Vision stratégique du Groupe (source : présentation investisseurs Lisi, fév. 2021)