Milan (awp/afp) - La première banque d'affaires italienne, Mediobanca, s'est proposée mercredi d'oeuvrer en faveur d'une "période d'apaisement" au sein de l'assureur Generali, après la longue bataille qui a fait rage autour de la succession de son PDG Philippe Donnet.

A l'issue de l'assemblée générale des actionnaires qui a reconduit M. Donnet pour un troisième mandat, Mediobanca souhaite promouvoir "une nouvelle période d'apaisement permettant de mettre de côté les confrontations", a déclaré son PDG Alberto Nagel en marge de la présentation des résultats financiers.

Premier actionnaire de Generali avec 13% du capital, Mediobanca, ainsi qu'une série de fonds d'investissement notamment étrangers, avaient soutenu la reconduction de M. Donnet, qui a été réélu grâce aux voix de 55,9% du capital représenté lors de l'assemblée générale fin avril.

Mediobanca était opposée dans ce bras de fer à ses propres actionnaires, Leonardo Del Vecchio et Francesco Gaetano Caltagirone, qui détiennent respectivement 9,82% et 9,95% de Generali et avaient présenté, sans succès, un candidat de leur choix.

Saluant l'issue de ce vote, qui a répondu selon lui aux critères de "qualité" et d'"indépendance", M. Nagel a estimé qu'un apaisement des tensions devrait permettre "à tous les acteurs de travailler mieux pour l'intérêt de Generali".

"Plan pour la paix"?

Premier actionnaire de Mediobanca, M. Del Vecchio, fondateur du fabricant de lunettes Luxottica, en possède 19,4%, et M. Caltagirone, magnat de la construction, vient de porter sa participation de 3% à 5,5%, augmentant ainsi la pression sur la banque d'affaires.

Interrogé sur un article du journal économique Il Sole 24 Ore, qui évoque le scénario d'une sortie de Mediobanca du capital de Generali, M. Nagel s'est déclaré "très satisfait" de cette participation dans l'assureur qui contribue pour environ 10% aux recettes de la banque.

"Pour changer le statu quo, nous devons disposer d'options concrètes et tout aussi valables pour prendre une décision différente", a-t-il assuré, avant d'ajouter qu'"aucune négociation n'est en cours".

Selon Il Sole 24 Ore, les conseillers sont à l'oeuvre pour élaborer un "plan pour la paix au sein de Generali" qui prévoit la sortie de son capital de Mediobanca, compensée par des acquisitions dans le domaine de la gestion du patrimoine.

Comme "cibles" potentielles, le journal cite Banca Mediolanum, Banca Generali et Azimut, un gestionnaire de patrimoine.

Mediobanca, qui joue un rôle central dans la vie des affaires de la péninsule, a publié mercredi un bénéfice net de 190,1 millions d'euros pour le troisième trimestre de son exercice décalé 2021/22, grâce à la hausse des commissions et la reprise des crédits à la consommation.

Bénéfice supérieur aux attentes

Ce résultat, pratiquement inchangé par rapport au même trimestre un an auparavant, est supérieur au consensus des analystes du fournisseur d'informations financières Factset Estimates, qui tablaient sur 173 millions d'euros.

Sur neuf mois, le bénéfice net a grimpé de 18,5% à 715,9 millions d'euros.

Mediobanca met en avant "l'excellente qualité" de ses actifs, faisant valoir qu'elle n'a "pas d'exposition significative aux risques" liés à la guerre en Ukraine.

A l'inverse, ses homologues UniCredit et Intesa Sanpaolo, exposées à la Russie, ont dû passer d'importantes provisions pour pertes sur prêts qui ont plombé leurs bénéfices au premier trimestre.

Les revenus de Mediobanca ont progressé de 9,3% à 2,14 milliards d'euros sur neuf mois, tirés par les commissions qui ont atteint 645,1 millions d'euros, en hausse de 12,9%.

Le revenu net d'intérêts a connu une hausse limitée, de 3,2% à 1,1 milliard d'euros.

Les créances douteuses brutes ont légèrement baissé, passant à 1,43 milliard d'euros, et représentent désormais 2,7% du portefeuille de prêts.

Le ratio de fonds propres durs (CET1) de Mediobanca, indice très suivi par les analystes car il mesure la capacité à faire face à une crise, a légèrement baissé, à 15,3%, contre 15,4% fin décembre.

afp/rp