OUAGADOUGOU (Reuters) - Des coups de feu ont retenti samedi près de l'ambassade de France que des manifestants ont tenté d'incendier à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso au lendemain du limogeage du chef de la junte Paul-Henri Damiba, le deuxième putsch en moins d'un an dans le pays.

On ignore pour l'instant où se trouve Paul-Henri Damiba et le capitaine Ibrahim Traoré, placé vendredi à la tête de la junte par le groupe d'officiers qui déjà dirigé le coup d'Etat du 24 janvier, a déclaré qu'il se trouvait sur une base militaire française, ce qui a été démenti par le ministère des Affaires étrangères français selon lequel la France n'est aucunement impliquée dans les "évènements en cours".

"Le camp où se trouvent les forces françaises n'a jamais accueilli Paul-Henri Sandaogo Damiba, pas davantage que notre ambassade", dit un communiqué du Quai d'Orsay.

Dans un texte publié sur la page Facebook officielle de la présidence, Paul-Henri Damiba "appelle le Capitaine Traoré et compagnie à revenir à la raison pour éviter une guerre fratricide dont le Burkina Faso n'a pas besoin dans ce contexte".

Il y réfute par ailleurs s'être réfugié dans une base française, dénonçant "une intoxication pour manipuler l'opinion".

L'AMBASSADE DE FRANCE VISEE

Plus tôt, un journaliste de Reuters a constaté un début d'incendie à l'ambassade de France à Ouagadougou et entendu des coups de feu à proximité du bâtiment.

A Bobo-Dioulasso, d'autres manifestants favorables à Ibrahim Traoré se sont réunis et ont jeté des pierres sur le centre culturel français.

Dans un communiqué, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a condamné les violences commises contre les bâtiments diplomatiques français et appelé ses ressortissants à la plus grande vigilance.

"La sécurité de nos ressortissants est une priorité. Nous leur avons adressé des consignes les appelant à exercer la plus grande vigilance et à rester chez eux jusqu'à nouvel ordre", dit ce communiqué.

"Une cellule de crise est ouverte au sein de notre ambassade et à Paris au Centre de crise et de situation pour suivre la situation. Nos équipes sont mobilisées en lien étroit avec nos ressortissants."

Ibrahim Traoré avait annoncé vendredi à la télévision la dissolution du gouvernement et de la Constitution, ainsi que la fermeture des frontières du pays jusqu'à nouvel ordre.

D'intenses fusillades avaient retenti vendredi matin dans la capitale en provenance du principal camp militaire de la ville et de certains quartiers résidentiels.

Samedi, alors que le calme semblait revenu à Ouagadougou, les tirs et l'apparition du convoi des forces spéciales ont poussé des commerçants à baisser le rideau et des passants à courir se mettre à l'abri.

(Reportage Thiam Ndiaga, version française Marc Angrand et Nicolas Delame)