PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes cèdent du terrain en début de séance jeudi, les préoccupations liées à l'inflation et à la remontée des rendements obligataires pesant une nouvelle fois sur la tendance, avec pour conséquence une désaffection marquée pour les valeurs technologiques.

À Paris, le CAC 40 perd 0,16% à 5.820,54 points vers 08h50 GMT. A Londres, le FTSE 100 abandonne 0,6% et à Francfort, le Dax recule de 0,44%.

L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 0,37%, le FTSEurofirst 300 de 0,39% et le Stoxx 600 de 0,53%.

A Wall Street, le Nasdaq Composite a perdu 2,7% mercredi, ramenant sa hausse depuis début janvier à moins de 1%, avec la poursuite des dégagements sur les poids lourds de la "tech".

Parallèlement, le rendement des emprunts d'Etat américains à dix ans s'est de nouveau rapproché de 1,5% tandis qu'en Europe, les anticipations d'inflation "à cinq ans dans cinq ans", un baromètre très suivi par les investisseurs, évolue au plus haut depuis mai 2019, tout près de 1,39%.

Ces préoccupations l'emportent pour l'instant largement sur l'actualité de la pandémie, éclipsant les progrès de la vaccination comme les annonces de relâchement des mesures de restriction aux Etats-Unis ou en Allemagne.

La journée sera animée par les chiffres hebdomadaires des demandes d'allocations chômage aux Etats-Unis à 13h30 GMT mais surtout par une nouvelle intervention publique de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, qui doit s'exprimer à partir de 17h05 GMT dans un débat organisé par le Wall Street Journal.

Ses propos sont très attendus après les mouvements des derniers jours sur les marchés obligataires et à moins de deux semaines des prochaines décisions de politique monétaire de la Fed.

VALEURS

Les reculs sectoriels les plus marqués du début de séance affectent les matières premières, dont l'indice Stoxx se replie de 3,39%, et les hautes technologies (-2,03%).

Parmi les grands noms de la "tech" européenne, STMicroelectronics perd 2,76%, Infineon 3,7%, ASML 3,24%.

Les minières comme Rio Tinto (-5,97%) ou BHP Group (-4,95%) souffrent quant à elles de la chute des prix des métaux de base (le cuivre perd près de 3%, le nickel près de 6%).

A l'opposé, les compartiments des services aux collectivités ("utilities") et de l'alimentation gagnent respectivement 0,95% et 0,51%.

Dans l'actualité des résultats, Vivendi perd 3,04% au lendemain de la présentation de ses résultats annuels, qui a conduit Barclays à abaisser sa recommandation sur la valeur. M6 (+3,94%) profite en revanche de l'intérêt exprimé parle groupe de médias pour les parts de Bertelsmann.

EN ASIE

À la Bourse de Tokyo, l'indice Nikkei a terminé en repli de 2,13% et au plus bas depuis le 5 février, plombé par le recul de poids lourds du secteur des hautes technologies comme SoftBank (-5,19%) ou Tokyo Electron (-2,43%) mais aussi par celui de valeurs plus traditionnelles comme Fast Retailing, la maison mère d'Uniqlo, qui a cédé 5,45%.

En Chine, le SSE Composite de Shanghai a fini la journée sur un recul de 2,05% et le CSI 300 a cédé 3,15%, sa plus forte baisse depuis le 24 juillet dernier.

A WALL STREET

Les contrats à terme sur les principaux indices américains préfigurent pour l'instant une poursuite du repli pour le Standard & Poor's 500 et le Nasdaq après les pertes subies la veille.

Les investisseurs ont en effet de nouveau délaissé les valeurs technologiques pour se tourner vers des secteurs considérés comme plus susceptibles de bénéficier d'une reprise économique.

L'indice Dow Jones a cédé 121,43 points, soit 0,39%, à 31.270,09 points, le S&P-500 a perdu 50,57 points (-1,31%) à 3.819,72 points et surtout, le Nasdaq a chuté de 361,04 points (-2,70%) à 12.997,75 points, sa plus mauvaise clôture depuis le 6 janvier.

Microsoft, Apple, Amazon, Intel et Salesforce ont tous abandonné plus de 2%.

TAUX

Les rendements de référence de la zone euro reculent un peu, profitant de l'accalmie relative sur l'obligataire américain.

Celui du Bund allemand à dix ans, à -0,318%, baisse de plus de deux points de base, et son équivalent américain retombe à 1,4533% après avoir atteint 1,498% en séance mercredi.

CHANGES

Le dollar varie progresse légèrement face à un panier de devises de référence (+0,19%) et l'euro est pratiquement inchangé à 1,2036.

La remontée des rendements des Treasuries a permis au billet vert de toucher en début de journée un plus haut de sept mois face au yen et de se rapprocher de son récent plus haut de trois mois face au franc suisse.

PÉTROLE

Le marché pétrolier continue de profiter de la perspective d'une prolongation par l'Opep+ - qui se réunit dans la journée - des mesures d'encadrement de l'offre de brut alors que les grands pays producteurs espéraient initialement relever leur production.

Le Brent gagne 0,55% à 64,42 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,42% à 61,54 dollars.

Le baril bénéficie également de l'annonce d'une baisse des stocks de produits raffinés aux Etats-Unis, tombés à un plus bas historique en raison de la paralysie des raffineries par la vague de froid de la semaine dernière.

(édité par Patrick Vignal)

par Marc Angrand