Paris (awp/afp) - Le manufacturier français de pneumatiques Michelin a publié lundi une perte nette de 137 millions d'euros au premier semestre, sous l'effet de la crise sanitaire, mais son bénéfice opérationnel est resté positif de 310 millions d'euros, bien qu'en chute de 78%.

Les ventes globales du groupe ont chuté de 20,6% à 9,36 milliards d'euros, avec une meilleure résistance des pneus destinés aux activités minières et agricoles par rapport à l'activité automobile et poids lourds, a annoncé le groupe dans un communiqué.

Michelin a été contraint de revoir ses objectifs et prévoit désormais un bénéfice opérationnel supérieur à 1,2 milliard d'euros pour l'année 2020 et des flux de trésorerie libre structurels supérieurs à 500 millions d'euros.

"Nous avons encaissé un choc très fort, mais Michelin a montré sa capacité à encaisser ce choc", a commenté le directeur financier du groupe Yves Chapot, évoquant la "crise sans précédent" provoquée par la pandémie de Covid-19, lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes.

Il s'est félicité que le bénéfice opérationnel "reste positif malgré cette crise de volume extrêmement forte". Il a néanmoins dégringolé pour atteindre seulement 3,3% du chiffre d'affaires, contre 12,2% au premier semestre 2019.

La chute des volumes en a été la cause principale, entraînant "une forte sous-absorption des frais fixes et une perte de productivité industrielle".

Les flux de trésorerie libres ont été négatifs de 351 millions d'euros de janvier à juin.

Le manufacturier, qui juge sa situation financière "solide", assure cependant qu'il "sera en mesure de faire face aux aléas de cette crise, sans même avoir recours à ses lignes de crédit confirmées de 1,5 milliard d'euros".

Pour préserver sa trésorerie, Michelin a notamment réduit ses investissements de 30%, "tout en maintenant sa capacité à soutenir des projets innovants et d'efficience", précise-t-il.

"Les mesures d'économies mises en place ont permis une réduction des frais généraux de 192 millions d'euros" sur le premier semestre, a-t-il encore détaillé.

Sur la partie automobile, qui représente près de la moitié de ses ventes, Michelin a fait face à un marché des pneumatiques en chute de 24% en volume. Son chiffre d'affaires a baissé de 22,3% pour cette activité, à 4,39 milliards d'euros, causant une perte opérationnelle de 35 millions d'euros.

Les effets de la chute des volumes ont été "en partie atténués" par la capacité du groupe à augmenter ses tarifs et à vendre des produits plus haut de gamme, a souligné le groupe.

L'activité pneus pour poids lourds a subi un sort similaire, enregistrant un recul de chiffre d'affaires de 23,3%, à 2,41 milliards d'euros, et une perte opérationnelle de 30 millions d'euros. Elle a été pénalisée par la chute du transport de marchandises.

Michelin a en revanche profité de la meilleure résistance de ses activités de spécialités (qui incluent les pneumatiques pour engins miniers, véhicules agricoles, machines de travaux publics, avions, et la production de matériaux de haute technologie).

Dans ce secteur, le chiffre d'affaires a diminué de "seulement" 14,3% à 2,55 milliards d'euros et le bénéfice opérationnel de 35% à 375 millions d'euros, sauvant la performance globale du groupe.

"Les ventes de pneumatiques pour mines de surface, de pneus agricoles de remplacement et de bandes transporteuses (pour le secteur minier) sont celles qui ont le mieux résisté dans la crise", a souligné Michelin.

A plus long terme, le pneumaticien présentera "début 2021" un nouveau plan stratégique, annonce son président Florent Menegaux dans un entretien aux Echos à paraître mardi. Michelin entend se diversifier "dans d'autres domaines" que le pneumatique, "comme la pile à hydrogène, les imprimantes 3D métal ou encore les matériaux de haute technologie".

"A horizon 2030, le pneumatique devrait représenter 70% d'un groupe qui aura significativement grandi par ailleurs", résume le dirigeant.

afp/rp