(Actualisation: le patron d'Activision Bobby Kotick devrait quitter le groupe après le rachat)

NEW YORK (Agefi-Dow Jones)--Microsoft a annoncé mardi la plus grande acquisition de son histoire et de celle du secteur des jeux vidéos avec le rachat de l'éditeur de "Call of Duty", Activision Blizzard, pour 68,7 milliards de dollars, une opération destinée à former un nouveau mastodonte dans ce segment désormais dominant du divertissement.

L'opération va permettre à Microsoft de créer le troisième éditeur de jeux au monde en termes de chiffre d'affaires, derrière Tencent et Sony, et de mettre la main sur des jeux tels que "Warcraft", "Diablo", "Overwatch", "Call of Duty" et "Candy Crush", en plus des activités mondiales d'eSport à travers la ligue professionnelle de jeux vidéo Major League Gaming, ont indiqué les deux sociétés dans un communiqué commun.

Microsoft propose un prix de 95 dollars par action, payable entièrement en numéraire, pour chaque action Activision Blizzard. L'offre valorise Activision Blizzard à 68,7 milliards de dollars en incluant sa trésorerie nette, a souligné Microsoft.

L'acquisition devrait être réalisée au cours de l'exercice 2022-2023, clos fin juin, et sera relutive sur le bénéfice ajusté par action à la clôture de l'opération, a précisé le groupe.

L'action Activision Blizzard bondissait de 26,9%, à 82,5 dollars, en fin de séance à la Bourse de New York. Le titre Microsoft cédait 2,2%, à 303 dollars.

Cloud et métavers

Le titre Activision avait atteint un pic de plus de 104 dollars l'an dernier, mais a depuis perdu près d'un tiers de sa valeur après les scandales de harcèlement et de discrimination au travail qui ont touché le groupe et provoqué la défiance de certains investisseurs et partenaires commerciaux. L'éditeur de jeux fait notamment l'objet depuis juillet de poursuites d'une agence de l'Etat de Californie pour des faits présumés de harcèlement sexuel et de discrimination salariale entre hommes et femmes.

Selon des personnes proches du dossier, le patron d'Activision, Bobby Kotick, sous le feu des critiques pour sa gestion de la crise, devrait quitter l'entreprise après la conclusion de la transaction.

Microsoft avait indiqué lors de l'annonce mardi que Bobby Kotick, qui dirige l'éditeur de jeux depuis près de 30 ans, resterait directeur général d'Activision après la fusion et serait placé sous la direction du patron de la branche jeux video de Microsoft, Phil Spencer. "Mais les deux groupes se sont mis d'accord sur son départ une fois que la transaction sera conclue", ont indiqué ces sources.

A la suite d'une enquête publiée par le Wall Street Journal en novembre sur la gestion de ces questions par le groupe, près de 20% des 10.000 employés que compte Activision avaient signé une pétition appelant à la démission de Bobby Kotick. Activision a annoncé une série de mesures ces derniers mois afin de rendre son environnement de travail "plus accueillant et plus inclusif". Une politique de "tolérance zéro envers le harcèlement" a également été adoptée.

Microsoft a approché Activision en vue d'un rapprochement en novembre, après l'article du Wall Street Journal, ont indiqué des personnes proches du dossier. Des porte-paroles de Microsoft et Activision n'ont pas pu être joints dans l'immédiat pour obtenir une confirmation.

Des acquisitions de plus en plus grandes

Le secteur du jeu vidéo a été marqué par de nombreux rapprochements ces derniers mois, après avoir connu une accélération de sa croissance à la faveur de la pandémie. La semaine dernière, Take-Two, l'éditeur de "Grand Theft Auto", a annoncé le rachat de son rival dans le mobile Zynga pour 11 milliards de dollars.

Microsoft et ses concurrents cherchent également à renforcer leurs positions alors que les jeux vidéo connaissent des bouleversements majeurs avec les plateformes cloud et l'arrivée des univers mêlant virtualité et réalité, comme le métavers de Facebook, qui permettent de jouer à travers un avatar.

Pour asseoir sa stratégie, le PDG de Microsoft, Satya Nadella, a favorisé une politique d'acquisitions, dépensant plus de 10 milliards de dollars pour acquérir une dizaine de studios, comme ceux à la tête des franchises "Doom" et "Minecraft". L'acquisition d'Activision représenterait plus de deux fois le montant de 26 milliards de dollars payé pour le réseau social LinkedIn, la plus importante transaction du groupe jusqu'à présent.

La stratégie de Microsoft en matière de jeux passe essentiellement par un modèle d'abonnement avec sa plateforme Game Pass, qui permet aux joueurs d'avoir accès à un catalogue de titres moyennant un forfait mensuel. Par le passé, Satya Nadella a comparé Game Pass à un "Netflix des jeux".

A l'occasion de l'annonce du rachat d'Activision, Microsoft a indiqué mardi que Game Pass comptait actuellement 25 millions d'abonnés, contre 18 millions l'an dernier. Le rachat d'Activision augmenterait de moitié environ le chiffre d'affaires de Microsoft dans le domaine des jeux vidéo.

Les analystes estiment que le chiffre d'affaires d'Activision dans les jeux vidéo s'est élevé à 8,7 milliards de dollars en 2021, selon FactSet, tandis que celui de Microsoft a atteint 15,4 milliards de dollars lors de son dernier exercice clos en juin, ce qui représente environ 9% des revenus totaux du géant des logiciels.

-Cara Lombardo, Kirsten Grind et Aaron Tilley, The Wall Street Journal (Version française Jérôme Batteau, Thomas Varela)

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January 18, 2022 15:54 ET (20:54 GMT)