par Francesco Guarascio

BRUXELLES, 16 décembre (Reuters) - Alors qu'elle doit permettre l'accès à un vaccin contre le COVID-19 aux pays les moins développés, l'initiative COVAX risque d'échouer et de priver des milliards de personnes de vaccination jusqu'en 2024, montrent des documents internes consultés par Reuters.

Piloté par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'alliance pour les vaccins Gavi, le projet COVAX vise à fournir au moins 2 milliards de doses d'ici fin 2021 pour vacciner 20% des personnes les plus vulnérables dans 91 pays pauvres et à revenu intermédiaire, principalement en Afrique, en Asie et en Amérique latine.

Dans un document confidentiel de Gavi, les partisans du projet affirment que l'initiative pourrait ne pas atteindre son objectif en raison d'un manque de fonds, des risques liés à l'approvisionnement et des conditions contractuelles compliquées.

"Le risque d'échec du programme COVAX est très élevé", lit-on dans un rapport interne de Gavi.

Un tel échec pourrait priver les populations des pays pauvres d'un accès aux vaccins contre le COVID-19 jusqu'en 2024, explique l'un des documents.

Dans une note du 25 novembre, jointe aux documents soumis au conseil d'administration de Gavi, les conseillers de Citigroup ont déclaré que le plus grand risque pour le programme provenait des clauses présentes dans les contrats d'approvisionnement.

Les pays pourraient en effet refuser d'acheter les volumes pré-commandés du vaccin s'ils préfèrent en obtenir d'autres ou s'ils parviennent à les acquérir par le biais de projets différents, d'une façon plus rapide ou à de meilleurs prix.

Interrogé sur les documents consultés, un porte-parole de Gavi a déclaré que l'organisme restait confiant dans sa capacité à atteindre ses objectifs.

Pour vacciner au moins 20% des personnes dans les pays pauvres l'année prochaine, COVAX dit avoir besoin de 4,9 milliards de dollars (4,02 milliards d'euros) en plus des 2,1 milliards que le projet a déjà collecté.

Selon une étude de Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, une personne sur quatre n'aura pas accès au vaccin contre le coronavirus avant au moins 2022. (Version française Anait Miridzhanian, édité par Jean-Michel Bélot)