Les informateurs de Bloomberg ont soufflé à l'agence financière que le gouvernement de Madrid cherche à empêcher l'intrusion d'IFM dans le tour de table. Aucune décision n'a été prise à ce stade, prend soin de préciser la source. IFM a déposé auprès des autorités une demande formelle de feu vert à son investissement de 5 Mds€. L'examen pourrait prendre du temps.

Naturgy a de puissant actionnaires internationaux, notamment le fonds luxembourgeois CVC, qui possède 20,7% du capital et l'américain Global Infrastructure Management avec 20,6%. Mais le premier actionnaire est la Caixa, le holding de CaixaBank, avec 24,8% des parts. Ensemble, ils possèdent donc un peu plus de 66% du capital, auxquels s'ajoutent les 4,2% du gouvernement algérien, si bien que plus de 70% du capital est aux mains d'actionnaires importants ou stratégiques. GIP et CVC ont affirmé qu'ils n'avaient pas l'intention de vendre, sans s'opposer pour autant à l'opération, dont l'annonce à permis à leurs participations de prendre de la valeur. La Caixa se rangera pour sa part au jugement de Madrid, selon toute vraisemblance.

Jusqu'à présent, l'Espagne est plutôt moins virulente sur les investissements étrangers que d'autres économies européennes, France en tête. Mais le pays s'est doté d'une réglementation de protection de ses entreprises jugées stratégiques. La rumeur des réticences madrilènes a fait reculer le titre Naturgy jusqu'à 19,90 EUR aujourd'hui, après une clôture à 21,16 EUR la veille. L'annonce de l'offensive d'IFM avait valu à l'action une envolée de 15,5% le 26 janvier dernier, avec un titre qui était passé de 19,215 EUR à 22,71 EUR au plus haut de la journée.

Naturgy, connu jusqu'en 2018 sous son ancien patronyme, Gas Natural Fenosa, opère principalement en Espagne (44%) mais aussi dans plusieurs pays latinoaméricains, comme le Chili, le Brésil et le Mexique. Sa filiale française fait partie des fournisseurs de gaz alternatifs bien ancrés dans l'hexagone.