Non content d’avoir doublé de taille entre 2019 et 2021, à 50.3M€ de CA, ce réseau d’experts en technologie (cybersécurité, expérience client, travail à distance…) vise un nouveau doublement d’ici 2025 pour atteindre les 100 M€ de CA. La cible ? Des entreprises françaises allant de la PME à la grande entreprise qu’il adresse via ses agences de Paris, Lille, Lyon, Strasbourg, Nantes, Bordeaux, Toulouse et Toulon. L’ambition ? Sans limite puisque Marc Negroni ne cache pas son rêve de licorne et revendique une juste valorisation de Nextedia plus de deux fois supérieure au cours actuel… Entretien.

Marc Negroni, avant de mieux comprendre votre ambition à horizon 2025, quel bilan pouvez-vous dresser de l’acquisition d’Anetys qui vous a permis de doubler de taille ? 

" Nous sommes très satisfaits de l’opération Anetys qui s’est montrée rapidement créatrice de valeur. En effet, nous avons investi fin 2020 environ 13 M€ dans cette opération majoritairement payée en titres. Près d’un an après, cet expert de la Cybersécurité, du Cloud et du Digital Workspace réalisait quelques 25 M€ de CA en 2021 dont 28% de croissance organique, et sa marge opérationnelle remontait à 7.1% contre 2% en 2020 et 4% en 2019. "

Quelle est votre stratégie d’acquisition et d’intégration des cibles à l’écosystème Nextedia ? 

 " Elle repose sur quelques axes forts sur lesquels travaillent une équipe dédiée de 4 personnes. Tout d’abord, capitaliser sur les marques et les savoir-faire technologiques en générant des synergies commerciales, en apportant une taille critique afin de dégager au moins 10% de croissance organique tout en industrialisant les fonctions-support. Cela permet de générer des économies d’échelle et d’améliorer la marge opérationnelle groupe. Cela passe par une normalisation des indicateurs-clé de suivi d’activité et de productivité et un suivi en temps réel afin d’anticiper et d’apporter rapidement les actions correctrices qui s’imposent.

Par ailleurs, nous cherchons à augmenter la récurrence des revenus. Chez Anetys par exemple, nous réalisons déjà la moitié de nos revenus sous forme d’abonnements à des technologies que nous distribuons et intégrons chez nos clients, auxquels il convient d’ajouter un quart du CA réalisé sur des services managés (surveillance de la performance du cloud, pilotage de la sécurité…).

Enfin, nous gardons les managers en place en variabilisant une partie importante de leur rémunération en fonction de critères de performance de leur périmètre et du Groupe via des plans d’actions gratuites pour les top managers. "

Nextedia publie son chiffre d’affaires semestriel le 20 juillet. Quelles sont les tendances en termes d’activité ?

" Les métiers de la Cybersécurité et du Digital Workplace sont particulièrement bien orientés avec une recrudescence des cyberattaques. Dans un contexte de numérisation croissante et de recours massif à des services à distance depuis le début de la crise sanitaire, le nombre de cyberattaques a été multiplié par 4 en 2020 d’après l’Autorité nationale de la sécurité des systèmes d’information-Anssi. Notre activité Expérience Client, à travers notre nouvelle marque Almavia CX, continue de bénéficier du dynamisme du commerce électronique, même si la croissance n’est pas aussi forte qu’en 2021 (19%). Globalement, compte tenu des tensions fortes sur le recrutement et d’une conjoncture économique incertaine, nous visons cette année une croissance organique autour de 5%. Cette croissance intègre cependant aussi une proportion plus importante de revenus récurrents pluriannuels issus de l’usage de la technologie."

Nextedia annonce viser 100 M€ de CA en 2025. Comment comptez-vous y parvenir ?

" Cela passera premièrement par le maintien d’une forte croissance organique, de l’ordre de 10% par an en moyenne. L’effectif du Groupe, d’environ 300 experts, devrait progresser un peu moins vite grâce aux synergies commerciales. Nous attirons les talents en répondant l’évolution de leurs attentes en termes de mobilité, d’implantations régionales et de flexibilité. Nous avons aucun problème à favoriser le télétravail, lequel concerne 70% de notre ETP. Nous consacrons cette année 2022 à l’accélération dans les prochaines années du développement de nos implantations régionales en ciblant les ETI et les belles PME françaises. Ces sociétés ont des défis très importants à relever en termes de sécurisation de leur systèmes informatique et de travail à distance. Sur ce marché très dynamique, la concurrence est très morcelée à côté d’acteurs internationaux comme Orange Cyberdéfense ou Wavestone, sachant que des acteurs comme Thalès et Atos adressent plutôt les Grands Comptes.

La croissance externe viendra compléter le dispositif. Il s’agira soit de renforcer notre position sur ses expertises existantes, telles que le cloud ou la cybersécurité (nous venons de le faire en annonçant le 30 juin l’acquisition de Manika - 2 M€ de CA), soit d’étendre ses expertises sur des domaines en forte croissance. Toujours avec cet objectif de développer la part des revenus récurrents avec un objectif de 60% de CA récurrent sur les 100 M€ visés en 2025. Une fois cette taille atteinte, nous pourrons envisager de la croissance externe à l’international. "

Comment comptez-vous financer ces croissances externes ?

" Nextedia dispose d’une capacité d’endettement importante puisque notre endettement net est négatif. Nous envisageons de payer une partie de nos cibles en titres rachetés préalablement sur le marché, sachant que j’estime que notre cours de Bourse mériterait une valorisation plutôt proche de 2€ contre à peine 1€ aujourd’hui. Il n’est pas question aujourd’hui de diluer l’actionnaire pour réaliser des acquisitions. Surtout dans les conditions de valorisation actuelle. "

Compte de résultat simplifié du Groupe Nextedia (source : CP du 30/03/22)