Source : Oeneo

Nicolas Hériard Dubreuil, Oeneo fête ses 20 ans cette année. Depuis 20 ans, le groupe a deux activités principales : l’élevage et le bouchage du vin. En quoi ces deux divisions sont-elles indépendantes et complémentaires ?

" Effectivement, le groupe Oeneo fêtera ses 20 ans en juin prochain. A l’époque, marier la barique et le bouchon pouvait s’apparenter à l’alliance du carpe et du lapin. Car autant la futaille était l’ami du vigneron, autant le bouchon relevait davantage de sa bête noire compte tenu du risque de l’aléas du goût de bouchon. L’arrivée sur le marché de notre procédé unique DIAMa changé la donne : le bouchon est devenu un outil œnologique que nous continuons de faire évoluer afin de garantir une maîtrise des différents niveaux de perméabilité à l’oxygène requis par les différents vins. Ensuite, petit à petit, sont venus s’ajouter naturellement d’autres solutions d’accompagnement de nos clients sur les étapes clé de l’élevage et de la conservation du vin. L’acquisition de Vivelys, réalisée en 2014, a accéléré cette évolution et tire aujourd’hui notre croissance et notre profitabilité vers le haut. »

Source : Oeneo

Etes-vous satisfaits du poids et du niveau de rentabilité sur capitaux employés de chaque activité ? Quelle est votre vision du groupe à moyen-long terme ?

" Certes, le Bouchage est devenu prépondérant, mais je crois que notre répartition des risques s’exprime surtout dans la fragmentation de notre clientèle, la diversité des zones géographiques, des produits et des marques à l’intérieur de chacune de nos deux grandes divisions. Concernant la rentabilité des capitaux investis, indicateur clé pour nous, nous sommes sur des niveaux satisfaisants même si nous avons encore des marges d’amélioration. L’Elevage est soumis aux aléas climatiques et sort de trois années de récoltes difficiles à laquelle s’est ajoutée l’inflation des matières premières. Au-delà de l’amélioration des fondamentaux en cours sur cette division, nous travaillons sur des progrès structurels avec la nouvelle équipe en place : investissement dans l’innovation produits, dans les marques, élargissement des services de la part de Vivélys, amélioration des rendements matières, etc. Concernant le Bouchage, les pressions inflationnistes que nous connaissons depuis 2018 se prolongeant, nous allons poursuivre la diversification de nos filières d’approvisionnements en liège et en sources d’énergie, notamment en Espagne où l’énergie est particulièrement couteuse et polluante. La poursuite de la montée en gamme de nos bouchons nous permet également de faire jouer notre pricing power en augmentant progressivement nos prix. Notre stratégie dans les années sera de conforter notre positionnement sur les vins haut de gamme, soit environ 15% des volumes mondiaux. Pourquoi ? Car cela constitue le segment en plus forte croissance, de l’ordre de 2 à 3% par an en volume, sur lequel nous pouvons apporter le plus de valeur ajoutée..."

Justement, quelle pression ressentez-vous dans le Bouchage de la part de la concurrence alors que le brevet DIAM n’est plus protégé depuis quelques années ?

" La demande en bouchons technologiques reste dynamique et nous continuons de gagner des parts de marchés. La pression concurrentielle existe depuis le début sur DIAM : dès le début, le brevet a été contourné mais cela ne nous a pas empêché de prendre d’importantes parts de marché. Nous montons continuellement en gamme : l’absence de goût de bouchon est devenue la garantie de base, proposée dès notre entrée de gamme DIAM. Sont venues s’ajouter des gammes proposant bien d’autres garanties et l’utilisation de procédés toujours plus naturels. Nous sommes progressivement en train d’abandonner les bouchons classiques à la faveur de bouchons à plus forte valeur ajoutée."

Rachat d’actions, dividende exceptionnel…la stratégie financière du Groupe est affutée. Qu’est-ce-qui motive ces décisions ? Souhaitez-vous rester coté ?

" Nous sommes effectivement très attentifs à la bonne allocation du capital, tout en préservant une capacité d’endettement et d’investissement importante. L’investissement organique reste privilégié, de l’amont à l’aval de la filière œnologique, toujours en ciblant le segment des vins haut de gamme. Nous regardons également de nombreuses cibles, aussi bien des jeunes pousses (N.D.L.R. : Oeneo a récemment pris une participation à hauteur de 4.8% dans la société américaine Bloomfield Robotics, spécialiste de l’analyse d’images par intelligence artificielle. Cette prise de participation vise à accélérer dans le développement d'un nouvel outil de diagnostic au vignoble en réponse au changement climatique.) que de sociétés matures. Nous privilégierons les acquisitions complétant notre arsenal de solutions ou la conquête de nouvelles géographies plutôt que la consolidation de parts de marchés locales. Concernant la cotation du groupe en Bourse, la famille n’a pas d’intention de relancer d’autres OPAS, bien que nous n’ayons pas besoin actuellement de la Bourse pour financer nos développements. "

Un point de conjoncture pour finir. L’activité a accéléré au troisième trimestre, à +15% contre +9% au S1. Comment voyez l’atterrissage annuel sachant que le 4e trimestre, qui s’achève à fin mars, est le plus important de l’année pour Oeneo ?

"Nous sommes très satisfaits de l’activité des 9 premiers mois de l’année, nous avons même pris de l’avance sur notre plan de marche. Comme nous l’avons indiqué, le 4è trimestre devrait logiquement voir notre activité ralentir compte tenu d’une base de comparaison particulièrement exigeante (N.D.L.R : +24% de croissance au T4 2021-2022) et des commandes d’anticipations passées par nos clients en fin d’année civile dans un contexte inflationniste. De plus, les problématiques de répercussion de l’inflation sur nos prix de vente devraient continuer de peser sur nos marges, dans le Bouchage en particulier. L’exercice 2022-2023 sera encore un bon millésime. Pour l’exercice prochain, sans pouvoir encore quantifier les phénomènes, les dynamiques de prix et de volume devraient jouer plus favorablement et je suis confiant dans notre capacité d’amélioration des principaux indicateurs de performance à moyen terme. "

Source : Oeneo