L'annonce a fait l'effet d'une bombe dans le milieu du football: cette nuit, douze clubs de football anglais, espagnols et italiens, parmi les plus puissants et influents du monde du sport, ont officialisé la création d'une Super League européenne, un championnat semi-fermé réservé à l'élite du football du Vieux Continent, dans le but de concurrencer la Champion's League organisée par l'Union Européenne de Football Association (UEFA). Leur objectif commun: générer des revenus bien plus importants que ceux perçus actuellement par les compétitions historiques.

Ce projet, qui était en préparation depuis plusieurs années, dope le titre du seul club concerné par cette Super League à être coté en bourse, à savoir la Juventus de Turin, qui gagne plus de 8,7% à la bourse de Milan, à 84 centimes par action.

La Juventus est accompagnée dans ce projet par ses compatriotes et rivaux de l'Inter de Milan et du Milan AC, ainsi que par les clubs anglais et espagnols de Manchester United, Manchester City, Arsenal, Chelsea, Liverpool, Tottenham, Atlético de Madrid, FC Barcelone, et du Real Madrid.

"Il est prévu que trois autres clubs se joignent à eux avant la saison inaugurale, qui devrait commencer dès que possible", peut-on lire dans le communiqué des clubs sus mentionnés. Pour l'instant, ces trois clubs ne sont pas encore connus, mais la performance boursière du jour (+8,58% à 5,76 euros) laisse à penser que le Borussia Dortmund pourrait y être intégré.

De leur côté, selon certaines sources de presse, le Bayern de Munich et le PSG, les deux finalistes de la dernière édition de la Champion's League, ont refusé de participer au projet. L'UEFA les a d'ailleurs remercié publiquement pour leur loyauté.

Les quinze clubs fondateurs de cette Super League aurait droit à un ticket permanent pour la compétition, alors que cinq équipes supplémentaires y seraient qualifiées en fonctions de leurs résultats sportifs de la saison précédente. Les matches débuteraient au mois d'août et auraient lieu en milieu de semaine, les clubs concernés continuant de participer à leurs championnats respectifs comme cela est déjà le cas avec la Champion's League.

La première phase se déroulerait avec deux poules de dix équipes, jouant des matches allers-retours, et les trois premiers de chaque poule rejoindraient automatiquement les quarts de finale. Les quatrièmes et cinquièmes joueraient alors un tour supplémentaire pour les départager.

"Le nouveau tournoi annuel apportera une croissance économique nettement plus importante et un soutien au football européen grâce à un engagement à long terme de paiements de solidarité non plafonnés qui augmenteront en fonction des revenus du championnat", se sont félicité les douze clubs.

Ils s'attendent en effet à percevoir 3,5 milliards d'euros "uniquement pour soutenir leurs plans d'investissement en infrastructures et pour compenser l'impact de la pandémie de covid", poursuit le communiqué, en échange de leur engagement à respecter un "cadre de dépenses". A titre de comparaison, l'ensemble des compétitions organisées par l'UEFA (Ligue des champions, Ligue Europa et Supercoupe d'Europe) ont généré 3,2 milliards d'euros de recettes télévisuelles pour la saison 2018-2019, avant la catastrophe économique qu'a représenté la pandémie pour le sport.

L'analyste de marché Berenberg estime que la mention d'un "cadre de dépenses" et d'une "base financière durable" dans le communiqué représente la tentatives des clubs "d'améliorer la rentabilité à partir des revenus supplémentaires générés". Il ajoute que "l'omission de la menace de relégation et la rumeur de revenus limités liés aux performances sportives réduiraient quelque peu la pression pour dépenser afin de recruter les meilleurs joueurs".

Berenberg affirme également que les implications pour les clubs sont mitigées: "pour les grands clubs comme la Juventus et le Borussia Dortmund, il y a une nette pression à la hausse sur le potentiel de génération de revenus du football européen. Pour les plus petits clubs comme l'Ajax et l'Olympique Lyonnais, le risque est de ne pas pouvoir participer à une telle ligue, ce qui réduirait leur potentiel de génération de revenus étant donné que toute compétition européenne à laquelle ils participeraient serait moins attrayante pour les médias en raison de l'absence des équipes de Super League".

Cette Super League, qui suscite l'ire de nombre d'acteurs du football européen, n'a pas manqué de faire réagir l'UEFA, qui parle de "projet cynique" et a menacé les clubs dissidents d'exclusion et de poursuite judiciaires. La fédération européenne de football doit par ailleurs présenté ce lundi le nouveau format de la CHampion's League pour les saisons à venir.